Nom
Majorien empereur
Flavius Iulius Valerius Maiorianus
Naissance
vers 428.
Famille
Il appartient à une famille de la noblesse romaine dont plusieurs membres ont fait de brillantes carrières militaires.
Père
Son père est un haut fonctionnaire chargé de l'administration des revenus de la Gaule.
Mère
Elle est la fille d'un général qui, sous Théodose I, commande les troupes de l'Illyrie.
Portrait
Majorien se montre fort soucieux du bien public. Il possède d'indéniables qualités militaires. C'est un
homme ardent, libéral, possédant une vaste culture.
Cursus
Il fait ses premières armes en 435-437, en Gaule, lors de la répression des "bagaudes". Sous Valentinien III, Pétrone
Maxime et Avite, il occupe la charge de chef de la garde impériale.
En compagnie de Ricimer, chef des armées, du moins de ce qu'il reste, il capture, près de Plaisance, le 17 ou 18 octobre
456, l'empereur Avite, le destitue et le place sur un autre trône, celui de l'évêché de Plaisance.
Dies imperii : 1er avril 457
Règne
Le renversement et le meurtre d'Avitus sont suivis par une période d'interrègne de dix-huit mois.
Léon I, l'empereur d'Orient (457-474), en vertu du principe de "l'unanimité", se considère aussi comme l'empereur d'Occident,
puisque celui-ci n'a plus de maître depuis la chute d'Avite, en octobre 456. Mais n'ayant pas les forces nécessaires
pour intervenir en Occident, il se voit dans l'obligation de composer avec ceux qui détiennent le pouvoir : Ricimer et
Majorien, d'autant plus que l'aristocratie d'Auvergne et de la Narbonnaise, révoltées par le sort fait à leur
empereur, se soulève, appelle les Burgondes et les Wisigoths à l'aide et offre la couronne impériale à
Marcellinus qui gouverne la Dalmatie de façon à peu près indépendante.
Le 27 février 457, Léon I décore donc Ricimer du titre de patrice de Majorien de celui de généralissime,
mais les deux complices veulent davantage. Ils veulent le trône impérial. Si Ricimer ne peut y prétendre à cause
de son origine barbare, il est le fils d'un prince de Souabe et d'une mère Wisigothe, Majorien, lui, a toutes les qualités
requises. Il est romain, il est de la noblesse et il appartient à la caste militaire. Il peut donc compter sur l'appui du
sénat et de l'armée. Il n'est donc pas étonnant que cette dernière le proclame empereur, le 1er avril 457,
près de Ravenne. L'empereur d'Orient conteste cette décision. Il ne reconnaît à Majorien que le titre de César.
Mais celui-ci n'a que faire de ces réticences. Le 28 décembre 457, il prend le titre d'Auguste.
En inaugurant son consulat, le 1er janvier 457, il écrit au sénat :
"Soyez assurés que je ferai régner la justice et que les récompenses seront réservés à la vertu.
Qu'on ne craigne pas les délateurs; je les ai condamnés lorsque j'étais simple particulier; il me reste à les punir.
La calomnie ne pourra nuire qu'à celui qui en sera l'auteur".
"J'aurai soin des affaires militaires avec mon père la patrice Ricimer."
"Fasse le ciel que, par notre commune vigilance, l'Empire romain ne reçoive aucune atteinte de la part des ennemis extérieurs, ou de
ceux qui attaquent sa constitution à l'intérieur."
"Je me flatte que vous rendez justice à la pureté de mes intentions. Après avoir partager vos périls et
vos inquiétudes, j'ose me pomettre votre attachement. Pour ce qui regarde les affaires publiques, vous trouverez en moi
l'autorité d'un empereur avec la déférence d'une collègue." (Theodosiani libri XVI et leges novellae, ed.
Th. Mommsen et Paulus M. Meyer, Berlin, 1905, vol. II, p. 156).
En réalité son autorité est toute théorique. Ricimer tient en main l'armée. C'est lui qui possède
le pouvoir réel. De plus, l'autorité impériale ne dépasse guère les limites de l'Italie. Les Wisigoths
règnent en maîtres sur une grande partie de la Gaule et de l'Espagne. Dans la partie qui leur échappe,
l'autorité de Rome est battue en brèche par l'aristocratie gallo-romaine et par les peuples barbares alliés certes, mais
qui se considèrent de façon de plus en plus indépendante. Il en va de même dans les Balkans. Et en Afrique,
les Vandales font la loi.
Durant l'année 457, Majorien recrute une armée et charge un de ses fidèles, Aegidius, de réduire, avec ses
auxiliaires Francs, la révolte de l'aristocratie gallo-romaine, de prendre Lyon et de chasser les Burgondes, ce qu'il fait le moment
est favorable. Occupé à se battre en Espagne, Théodoric II, le roi des Wisigoths, ne peut se permettre d'ouvrir un second front.
Il juge même préférable de renouer son alliance avec l'empire.
La voie étant libre, Majorien passe, durant l'hiver 458-459, les Alpes et s'impose en Gaule. Il s'installe à Arles.
Ce succès pousse Majorien à récupérer l'Afrique. Il rassemble une flotille de trois cents (?) navires dans la baie
d'Alicante pour tenter un débarquement en Maurétanie. Dès qu'il est mis au courant de ces préparatifs, Genséric,
le roi des Vandales, attaque le premier et se rend maître de tous ses navires. N'ayant plus aucun moyen à disposition, Majorien
n'a d'autre solution que de traiter avec le Vandale. Nous ne connaissons pas les termes de cet accord, mais à coup sûr, il
consacre la mainmise de Genséric sur les Maurétanies, la tripolitaine, et peut-être sur les Baléares, la
Sardaigne et la Corse.
En politique intérieure, Majorien laisse le souvenir d'un empereur épris de justice.
le 1er septembre 458, il fait une remise des arriérés dus au fisc. Il enlève la perception des impôts aux préfets
du prétoire pour la confier aux gouverneurs de province.
Il s'efforce de protéger le petit peuple, les filles dont les parents veulent se débarrasser en les mettant au couvent. Il interdit
aux femmes d'y entrer avant quarante ans et ordonne aux veuves de moins de quarante ans de se marier dans un délai de cinq ans, sous peine
d'être en partie déhéritées. Il défend aux mères de dépouiller leurs enfants
de leurs biens pour bien les léguer à l'Eglise.
En juillet 461, Majorien décide de regagner l'Italie. A Tortone, entre Gênes et Pavie, le 2août, il est fait prisonnier
par son compère Ricimer qui le fait décapiter cinq jours plus tard, le 7 août 461, après l'avoir brutalement traité.
La raison de ce meurtre ? Ricimer a-t-il pris ombrage de la popularité grandissante de Majorien ? A-t-il pris les devants par peur
d'être éliminé par son complice ? Nous l'ignorons. Ricimer place alors sur le trône impérial un sénateur inoffensif,
Libius Severus ou Sévère III.