Nom

Marcus Claudius Tacitus

Naissance

vers 200.

Famille

Il est issu d'une famille sénatoriale originaire d'Interamna (Terni).

Portrait

A l'époque de son élection, Tacite est déjà un viellard de soixante-quinze ans. On le dit fort riche, honnête et pieux. Faut-il cependant l'accuser de faire preuve de vantardise lorsqu'il prétend, à tort, avoir pour ancêtre le célèbre historien Tacite ?

Cursus

On sait qu'il est consul en 273.

La mort surprise d'Aurélien provoque un interrègne de six mois. En effet, l'armée qu'il a rassemblée pour aller combattre les Perses n'a sous la main aucun candidat prêt à reprendre le flambeau. Les généraux les plus en vue, Saturnius, Bonosus, Probus, sont en mission en province. L'armée se tourne donc vers le Sénat et lui demande de désigner un successeur à Aurélien. Cette Haute Assemblée qui, depuis des années, se contente de ratifier le choix des soldats, se trouve si surprise de cette demande qu'elle décline l'offre. Mais l'armée insiste. Le sénat se tourne alors vers son président et lui demande d'accepter de revêtir la pourpre impériale. Tacite refuse, effrayé par le poids de la charge. Il invoque son grand âge. Mais rien n'y fait. Il doit se soumettre. Cette tentative de redonner au Sénat le pouvoir qui est normalement le sien dans le choix d'un nouvel empereur est l'événement le plus... important du règne de Tacite. "Presque tout le monde se réjouissait fort que la fierté des soldats eût reconnu aux sénateurs le droit de choisir le prince. Mais cette joie fut de courte durée et n'aboutit à rien de tolérable."

Dies imperii : 25 septembre 275

Règne

La manière dont Tacite est parvenu au pouvoir, ou plutôt le mythe qui s'est construit autour de cette accession, est assez remarquable. En septembre 275, alors qu'Aurélien est assassiné, personne n'est prêt à revêtir la pourpre impériale. On aurait pu s'attendre à ce que l'un des chefs militaires, le commandant de la garde prétorienne par exemple, profite de l'occasion pour prendre le pouvoir. Ce que nous en disent les historiens anciens est bien loin de ce cas de figure : les troupes, qui accompagnaient Aurélien avant sa mort, écrivent au sénat pour qu'il désigne l'un des siens comme empereur. Selon ce récit, le sénat se serait d'abord méfié de cette offre, redoutant un piège. Puis, quand il devient certain que les soldats sont sincères, l'assemblée choisit son propre président, Marcus Claudius Tacitus, un homme âgé, pour gouverner l'empire.

Si l'on s'en tient toujours à cette version officielle, il y aurait donc eu un interrègne de six ou huit semaines, pendant lequel le sénat et l'armée auraient discuté de la meilleure façon de procéder. Etant donné le contexte de l'époque, il est beaucoup plus vraisemblable que Tacite ait été choisi directement par l'armée. Peut-être ce vieux général a-t-il été tiré de sa retraite en Italie par ses anciens collègues pour se voir confier les rênes du pouvoir ? On raconte aussi que Tacite est né à Interamna (la moderne Terni), en Ombrie, que, lors de son accession comme empereur, à l'âge de soixante-quinze ans, c'est un riche sénateur dont la fortune personnelle s'élève à 280 millions de sesterces. Preque tout cela n'est qu'invention. Tacite, né vraisemblablement dans les provinces danubiennes, fait partie de la lignée des empereurs soldats, originaires de cette région, qui se sont succédé à la tête de l'empire tout au long du IIIe siècle. Il n'est devenu consul que très tard, en 273, et n'appartient pas à une famille ancienne ni éminente. Il prétend être parent du célèbre historien Tacite, ce qui est faux malgré le fait qu'ils portent le même nom et malgré les nombreuses copies des travaux de l'écrivain que l'empereur fait réaliser dans la bibliothèque de Rome.

A la fin de l'année 275, Tacite est investi de la fonction d'empereur. Si le nouvel empereur s'empresse d'élever des statues à son prédécesseur Aurélien, il se hâte aussi d'abandonner son autoritarisme. Il entend gouverner en étroite collaboration avec ses anciens collègues, les sénateurs. Et pour ce faire, il leur redonne, semble-t-il, un certain nombre d'attributions dont les empereurs les avait dépouillés. Il leur redonne, par exemple, le droit d'être gouverneur des provinces impériales en qualité de proconsuls. Il investit le préfet de Rome, un sénateur, de droits plus étendus, que ceux du préfet du prétoire, une créature de l'empereur. Peut-être même obtient-il pour le Sénat le droit de frapper monnaie. L'empereur Tacite nous est présenté comme un homme qui mène une vie simple et se passionne pour le travail du verre. Il déteste l'ostentation et dispose encore d'une excellente vue malgré son grand âge. En tant que candidat du sénat, il a eu la faveur des historiens sénatoriaux, Aurelius Victor et l'auteur de l'Histoire Auguste.

Le temps de légiférer contre les excès de luxe et en faveur du respect de l'ordre et de la morale dans les thermes, le temps de vider ses caisses personnelles pour renflouer celles de l'Etat et exécuter quelques constructions, il lui faut déjà quitter Rome pour l'Orient, car, une fois de plus, les Goths ont franchi la frontière de l'empire et envahi l'Asie Mineure jusqu'en Cilicie.

Au début de l'année suivante, il rejoint l'armée en Thrace. Il s'agit sans doute de celle qu'Aurélien a réunie pour son expédition contre les Perses. Tacite conduit ses troupes en Asie Mineure, où il bat les Hérules durant l'été 276. Cela lui vaut le titre de Gothicus Maximus.

Sur les pièces de monnaie, on lui donne le titre de Restitutor Rei Publicae (Restaurateur de la République). Mais en réalité, il se peut que son règne ait été moins idyllique. C'est au retour que Tacite trouve la mort, à Tyane en Cappadoce, le 7 juin 276, victime, comme son prédécesseur d'un crime crapuleux. Un de ses parents, Maximin, qu'il a nommé gouverneur de Syrie, s'est rendu si odieux dans l'exercice de sa fonction qu'on l'assassine. Craignant pour leur vie, ses meurtriers s'empressent de tuer aussi l'empereur avant que ce dernier ne cherche à venger sa mort. Il se peut que Tacite n'ait pas réussi à contrôler et réfréner ses subordonnés. Comme on l'a constaté, le portrait qui dépeint Tacite comme un citoyen d'âge vénérable choisi par le sénat correspond plus au désir de ce dernier qu'à la réalité politique de l'époque, à savoir l'autocratie militaire. Il n'a régné que six mois.