Aurélien : né le 9 septembre 214/215 à Sirmium (Pannonie); mort en septembre 275 à Caenophrurium (Thrace)Titre : Imperator Cæsar Lucius Domitius Aurelianus Pius Felix Invictus Augustus (septembre 270-septembre 275)Nom 
			Lucius Domitius Aurelianus NaissanceVraisemblablement en 207, dans la région de Sirmium ou en Mésie. FamilleSa famille est de condition modeste. PèreSon père serait un paysan-colon au service d'un certain Aurélien, sénateur. MèreSa mère serait une prêtresse vouée au culte du soleil. PortraitGrand de taille, sportif, Aurélien est promu à tous les exercices physiques. Sa force et son ardeur au combat stupéfient à ce point ses soldats qu'ils le célèbrent dans une de leurs chansons à boire dont le refrain est "Mille, mille, occidit", "mille, mille, il en a tué mille". Si cet homme taillé à la hache n'a guère de culture, il possède, par contre, une intelligence naturelle et une main de fer exceptionnelles. Ses colères sont redoutées, mais son honneteté foncière inspire confiance. Bref, il possède toutes les qualités et tous les défauts qui façonnent un homme de décision, un chef. MariageIl épouse Ulpia Severina, la fille du sénateur Ulpius Crinitus. CursusAurélien accomplit une carrière militaire exemplaire. D'abord simple soldat, puis centurion, préfet de légion, inspecteur du camp, général, il couronne sa carrière militaire en obtenant le commandement de la cavalerie. Dies imperii : 3 novembre 268RègneLorsque, à Sirmium, deux mois après la mort de l'empereur Claude II, Aurélien est acclamé empereur par ses soldats, la situation de l'empire n'est de loin pas redressée. La Gaule vit, depuis une dizaine d'années, en état de sécession. Le royaume de Palmyre jouit d'une indépendance presque complète, et à l'Est, du Rhin au Danube, les barbares ne cessent de lancer raids sur raids. En septembre 270, au moment de la mort de Claude, Aurélien se trouve avec l'armée sur la frontière du Danube. Commandant de la cavalerie créée par Gallien et général efficace de ce dernier, Aurélien apparaît comme un successeur tout désigné. Il a déjà trempé dans un complot contre l'empereur; c'est à lui qu'on prête l'idée de l'alerte nocturne qui a tiré Gallien de sa tente devant Milan et l'a livré sans défense à ses meurtiers. Mais les prétentions d'Aurélien se trouvent alors écartées au profit de Claude, qui jouit d'un plus grand respect. Deux ans plus tard, la mort de Claude, suivie de celle de son frère Quintille, ouvre à Aurélien le chemin du pouvoir. Après un saut à Rome pour se faire reconnaître par le sénat et réprimer une révolte des monétaires qui ont commis le sacrilège de rogner l'image impériale sur les monnaies, Aurélien repart pour la Pannonie et s'emploie d'abord, en 270-271, à redresser la situation sur le Rhin et le Danube en brisant la puissance des divers tribus germaniques, dont celle des Juthunges qui viennent, dans les derniers mois de 270, razzier l'Italie. Ce pillage du Nord de la péninsule attire sur Aurélien les foudres du sénat. Aussi n'hésite-t-il pas à les lancer à son tour sur cette Haute Assemblée, lorsqu'il parvient à refouler ces barbares. La campagne de 271 n'est pas décisive, mais elle permet de repousser sur l'autre rive du fleuve les Vandales (auxquels se sont joints les Sarmates), lesquels demandent la paix. Durant ce temps, d'autres Germains, les Juthunges et les Marcomans, ont envahi l'Italie du Nord. Ils sortent vainqueurs du premier affrontement avec Aurélien et avancent jusqu'à Piacenza. Ils sont alors repoussés au cours de deux importantes batailles. L'invasion va avoir des effets visibles et durables : Aurélien décide, en effet, d'entourer Rome, ville ouverte depuis le début de l'époque impériale, de fortifications pour la protéger de futures incursions germaniques. Le célèbre mur d'Aurélien, commencé en 271, sera achevé par son successeur Probus. En dépit de ses victoires, le pouvoir d'Aurélien est menacé par plusieurs rivaux, en 271 et au début de 272. Il s'agit de Domitianus dans les Balkans, de Septimius en Dalmatie et d'un certain Urbanus. On ne connaît que leurs noms, ce qui laisse supposer que leurs révoltes ont été vite étouffées. La défaite de ZénobieLa déroute des Juthunges et des Marcomans donne à Aurélien la possibilité de s'occuper des provinces de l'Est et de l'Ouest qui ont fait sécession et de régler le problème palmyrénien. Et ce d'autant plus qu'en 271, Zénobie et son fils Vabalathe, qui a succédé à Odénathe, rompent les derniers liens de vassalité qui les retenaient encore à Rome et prennent les titres d'Augusta et d'Augustus. Au printemps 272, il part pour l'Orient à la tête de son armée. Il traverse le Danube, écrase définitivement les Goths, puis organise l'abandon et l'évacuation de la province de Dacie pour stabiliser la frontière du Nord. Il est désormais prêt pour l'affrontement avec Zénobie, la souveraine de Palmyre qui contrôle tous les territoires entre l'Egypte et l'Asie Mineure. La première bataille a lieu à Immae, à quelque 40 kilomètres à l'Est d'Antioche. En fin stratège, Aurélien parvient à neutraliser la cavalerie lourde des Palmyréniens et remporte une victoire complète. Antioche tombe le jour suivant. Zénobie et ses troupes se retirent au Sud d'Emèse. C'est là que se livre une seconde bataille, au cours de laquelle Aurélien triomphe à nouveau des Palmyréniens; les auxiliaires de Palestine, armés de massues, se montrent particulièrement efficaces contre les troupes de Zénobie, équipées de lourdes armures. Après cette seconde défaite, Zénobie se retire dans la capitale, la cité-oasis de Palmyre, et prépare l'ultime résistance. Elle compte sur le fait qu'Aurélien ne pourra ravitailler son armée et soutenir un long siège en plein désert. Mais ses calculs s'avèrent rapidement faux, et ce sont les défenseurs de Palmyre qui manquent de vivres. Zénobie décide alors de solliciter elle-même l'aide des Perses. Le roi et sa mère Zénobie réussissent cependant à quitter secrètement la ville et à s'enfuir sur le dos de chamelles. Aurélien envoie des cavaliers à sa poursuite qui parviennent à la capturer juste avant qu'elle ne traverse le fleuve. Palmyre se rend et est épargnée par les vainqueurs, tandis que les provinces orientales retournent paisiblement dans le giron de l'Empire romain. A l'annonce de leur capture, Aurélien est saisi d'une grande joie "mais" ajoute Zosime, "comme il était naturellement féru de gloire, il s'irrita à l'idée, que, s'étant emparé d'une femme, il n'en aurait guère de renom auprès des générations futures". Zénobie et son fils devront marcher, une chaîne d'or autour du cou devant le char d'Aurélien, lors de son triomphe à Rome, au début de l'année 274. On possède deux versions de la fin de Zénobie. L'une rapporte qu'elle est morte pendant le voyage qui la conduisait à Rome, où elle devait figurer dans le triomphe d'Aurélien l'année suivante. L'autre affirme qu'elle était présente au triomphe et qu'elle a ensuite vécu dans une villa de Tivoli, près de Rome où elle morte quelque temps après. Aurélien épousera l'une de ses filles. Malgré la perte de leur souveraine, les Palmyréniens ne renoncent pas à leurs ambitions. Peu après le départ d'Aurélien, ils se soulèvent et massacrent les six cents archers de la garnison romaine. Un certain Septiminius Antiochus (peut-être l'un des plus jeunes fils d'Odénathe, le précédent souverain de Palmyre) se fait proclamer empereur. Son règne est de courte durée. Quand Aurélien apprend la nouvelle de la rébellion, au printemps 273, il combat les Carpes sur le Danube. L'empereur revient aussitôt en Syrie et prend les Palmyréniens complètement par surprise. Après cette seconde révolte, Aurélien n'est plus disposé à la clémence. Palmyre est pillée et détruite par ses troupes. La perle du désert ne retrouvera jamais sa splendeur d'antan. La restauration de l'empireCe problème résolu, Aurélien se tourne vers la Gaule dissidente. Cette fois, son but est de supprimer l'Empire gaulois, à l'Ouest. Après la mort de Postumus en 268, Victorinus à Cologne et Lelianus à Mayence président quelques semaines aux destinées de cet empire gaulois avant d'être, à leur tour, éliminés et remplacés tout aussi brièvement par un officier de fortune, Marcus Aurelius Marius, lequel à son tour est supplanté par Tetricus, le gouverneur de l'Aquitaine. Ce dernier empereur ne peut empêcher l'Espagne et le Sud-Est de la Narbonnaise de regagner le giron de l'empire à l'avènement de Claude II. Constatant que les empereurs de Rome ne pouvaient défendre la Gaule, Postumus avait fait sécession en estimant qu'un pouvoir local serait mieux armé pour arrêter les hordes barbares. Constantant qu'Aurélien, rétablissait l'autorité de Rome sur son empire; Tetricus estime, cette fois-ci, que l'empire gaulois n'a plus sa raison d'être. Lorsqu'il apprend qu'Aurélien marche contre lui, il se soumet après un semblant de combat dans la plaine de Châlons, en 274. Aurélien le fait figurer lui aussi dans son triomphe à Rome, habillé en Gaulois, mais il le traite comme il traite Zénobie, c'est-à-dire avec la plus grande bienveillance. Tetricus sera fait sénateur et terminera sa vie dans l'administration romaine. Contrairement à l'usage, Rome ne fait marteler ni les noms des princes de Palmyre, ni ceux des empereurs gaulois. A leur façon, ils ont défendu la cause de Rome face aux Perses et aux Germains. A l'automne 274, l'Empire romain est enfin réunifié. C'est à juste titre qu'Aurélien peut désormais porter le titre de Restitutor Orbis, Restaurateur du monde. Il reste cependant plusieurs problèmes à résoudre, à commencer par la crise de la monnaie impériale. Depuis 268, la qualité de la monnaie d'argent s'est gravement détériorée, ce qui a entamé la confiance dans le système monétaire lui-même. Aurélien s'est efforcé de redresser la situation en rachetant l'ancienne monnaie dévaluée et en émettant de nouvelles pièces à la teneur d'argent plus élevée. C'est ce qui pourrait avoir provoqué la révolte des ouvriers de la monnaie (à cette époque ou plus tôt dans le règne), sous la conduite de Felicissimus, contrôleur de la monnaie. Peut-être accusés de détourner l'argent et de déprécier la monnaie à leur profit, les rebelles se réfugient sur la colline du Caelius. Sept mille soldats vont perdre la vie au cours des combats qui suivent. Dans le domaine religieux, il cherche à asseoir le pouvoir impérial sur le culte le plus universellement répandu chez les païens du IIIeme siècle et très en faveur dans l'armée, le culte du soleil, le Sol Invictus. Il tolère les chrétiens, mais on ne sait si, à la fin de sa vie, il ordonne de persécuter les adeptes d'une religion qui, d'emblée, exclue la sienne. Il améliore l'institution de l'annone, cette distribution de blé et d'huile aux pauvres de la capitale, en y ajoutant une distribution de viande de porc et de sel. Il améliore la protection de quelques villes dont celle de Rome en la dotant d'un nouveau mur d'enceinte qui porte son nom et dont la caractéristique est plutôt de parer à une attaque surprise que de soutenir un long siège. En 274 aussi, Aurélien consacre un nouveau temple au soleil, au Nord de Rome, près du Mausolée d'Auguste. Le monument abrite des objets assez étonnants, comme les robes incrustées de pierreries et autres accessoires pris dans le temple de Bel à Palmyre. Le culte de Sol Invictus (le soleil invincible) est alors très répandu dans l'armée romaine et dans les provinces orientales. Aussi Aurélien n'a-t-il sans doute pas érigé le temple par dévotion personnelle, mais pour qu'il serve de point de ralliement aux peuples très divers de l'empire. Il ne reste à Aurélien que deux provinces à récupérer : la Dacie et la Mésopotamie. En 275, il prend la décision d'abandonner la Dacie. Sa position excentrique, au-delà du Danube, rend sa défense trop problématique. Cette province est trop exposée aux assauts des barbares. Il décide donc de la faire évacuer et de se replier sur la rive droite du Danube. Reste la Mésopotamie. Aurélien se fait un point d'honneur de la récupérer pour laver l'affront que le roi Shapur I avait infligé à l'empereur Valérien. A la fin de l'été 275, il rassemble son armée sur le Danube et part en direction de l'Asie par Byzance. En septembre ou en octobre de cette même année (le 23 mars 275 ou en décembre 275), il se trouve au relais routier de Caenophurium, près de Périnthe, où il s'apprête à traverser le Bosphore, lorsqu'il est assassiné. Très exigeant à l'égard de ses collaborateurs, Aurélien a coutume de punir d'une exécution sommaire quiconque manque aux devoirs de sa charge. Un de ses secrétaires du nom d'Eros ou de Mnestrus n'hésite pas, pour sauver sa tête, à faire tomber celle de son maître en montant un plan diabolique. Il établit un faux. Il imite la signature de l'empereur au bas d'une liste d'officiers et de fonctionnaires qu'il ordonne de mettre à mort. Puis il fait en sorte que cette liste parvienne entre les mains des personnes concernées qui, à leur tour, pour sauver leur vie, l'enlèvent à leur empereur en l'assassinant. Mais la supercherie est bientôt découverte. Tacite, le successeur d'Aurélien, fait périr sous la torture aussi bien ce malheureux secrétaire que les meurtriers de l'empereur. Quelles que soient les raisons de son assassinat, Aurélien meurt adulé par ses troupes, qu'il a conduites de nombreuses fois à la victoire. L'armée enterre son chef en grande pompe à Caenophrunium. Le sénat le divinise aussitôt après. Peu d'empereurs ont mérité cet honneur autant qu'Aurélien. En cinq ans de règne, il a accompli une oeuvre considérable. Il a surtout restauré l'intégralité de l'empire romain, réunifié pour la première fois depuis quinze ans.  | 
	
