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Caracalla : né le 4 avril 188 à Lugdunum (Lyon), mort le 8 avril 217 à Carrhae

Titre : Imperator Caesar Marcus Aurelius Severus Antoninus Pius Augustus (5 février 211 - 8 avril 217 : 6 ans, 2 mois et 3 jours )

Nom

Caracalla
Caracalla
Musée du Louvre

Septimius Bassianus. Puis, lorsqu'il reçoit, en avril 196, le titre de César, à l'âge de huit ans, il prend les noms de Marcus Aurelius Antoninus, c'est-à-dire ceux de Marc-Aurèle. C'est après sa mort que ses sujets lui collent les sobriquets de Tarantus, nom d'un célèbre gladiateur, et celui de Caracalla qui vient du manteau celtique à capuchon, nommé "caracalla", et qu'il aimait beaucoup porter.

Naissance

le 4 avril 188, à Lyon

Père

L'empereur Septime Sévère

Mère

L'impératrice Julia Domna

Mariage

Il épouse en 202, Plautille, la fille de Plautien, le préfet du prétoire, le favori de Septime Sévère. Elle devient à son tour impératrice à l'égale de sa belle-mère, Julia Domna. Le 22 janvier 205, Caracalla, qui ne peut souffrir d'être sous la tutelle de Plautien, assassine ce dernier. Septime Sévère sauve sa belle-fille d'une mort certaine en obtenant de son fils qu'elle soit exilée aux îles Lipari. Mais à la mort de Septime Sévère, en 211, Caracalla la fait assassiner.

Cursus

Il est nommé le 6 avril 196, César et principes juventutis, à l'âge de huit ans, puis imperator destinatus, le 28 août 197, et enfin le 12 octobre (?) 198 à l'âge de dix ans, il reçoit le titre d'Auguste et est ainsi associé à la gestion de l'empire. En 211, en Bretagne, la santé chancelante de son père le pousse à une tentative de prise de pouvoir. Il essaie d'éliminer son frère. Mais l'armée ne le suit pas et Septime Sévère, qui se montre faible à son égard, passe l'éponge.

Portrait

Petit, malingre, laid, à la figure de gnome, il est la caricature de son père. C'est un mégalomane maladif, complexé, cruel, qui détient un pouvoir... absolu. Les auteurs anciens ont tout dit de ses crimes, de ses vices, de ses extravagances, de sa cruauté, de son goût pour la soldatesque..., attribuant tout le positif de son règne à ses conseillers et à sa mère et tout le négatif à lui-même. Il est cependant cultivé. Il prend pour modèle Alexandre le Grand et rêve de réaliser, à son exemple, la synthèse entre l'Orient et l'Occident, entre le royaume des Parthes et l'empire romain, les deux plus grandes puissances du moment, en proposant au roi parthe une alliance scellée par un mariage de sa fille et lui-même.

Dies imperii : 12 octobre (?) 198

Règne

Dans les livres d'histoire, Caracalla est classé dans les mauvais empereurs de Rome, portés sur la cruauté et la violence. Mais, le simple fait que Caracalla ait une réputation détestable ne suffit pas en faire un mauvais empereur. Il est certain qu'il était apprécié de l'armée. Geta, par contre, demeure un personnage enigmatique. Son meurtre, perpétré par son propre frère, l'a élevé au rang de martyr. Mais aurait-il été un empereur plus compétent et vertueux que Caracalla ?

Septime Sévère a légué à ses fils le secret d'un bon gouvernement : "Accordez-vous, distribuez de l'argent aux soldats et méprisez les autres hommes." Il était fort peu probable que les deux frères Marcus Aurelius Antoninus (Caracalla) et Publius Septimius Geta réussirent à s'entendre. Agés respectivement de vingt-trois et vingt-deux ans, ils ont déjà derrière eux un lourd passif de rivalité et de franche hostilité. Il n'est donc guère surprenant que, après la mort de Septime Sévère, Caracalla ait entrepris de confisquer le pouvoir. Septime Sévère lui-même avait initialisement l'intention de laisser le pouvoir au seul Caracalla. Dès 198, il lui décerne les titres d'Imperator Destinatus et d'Augustus; il n'accordera à Geta le rang d'Auguste qu'en 209, alors que les deux garçons n'ont qu'un an de différence. Les prétentions de Geta sont soutenues par sa mère, la puissante impératrice Julia Domna, et Caracalla se voit contraint de partager le trône.

A la mort de son père, le 4 février 211, Caracalla fait ainsi la paix avec les Calédoniens et ramène la frontière de l'empire au mur d'Hadrien. Il règne avec son frère Geta. Mais tous deux se haïssent d'une haine mortelle qui remonte à leur enfance. Leur entourage se demande lequel parviendra à éliminer l'autre.

Le meurtre de Geta

Ils s'efforcent de cohabiter dans le palais impérial de la colline du palatin. Ils le divisent en deux parties, chacune pourvue de son entrée principale, et condamnent toutes les portes de communication. Mais cela ne suffit pas à établir un modus vivendi. Chacun des deux frères combat l'autre tout en cherchant le soutien de sénateurs et d'autres personnages éminents. Géta recrute des partisans parmi les hommes de lettres de Rome et jouit d'une meilleure réputation que Caracalla, même si, en tant que souverains, il n'y a guère de différence entre eux. Pour toutes les nominations officielles, les deux hommes s'affrontent en avançant leur propre candidat. Chacun encourage différentes factions des jeux du cirque, qui le soutiennent en retour. La rivalité des deux hommes affecte même l'issue des procès, les deux Augustes intervenant dans l'administration de la justice pour faire gagner leurs partisans. Finalement, les deux frères tentent de s'empoisonner mutuellement.

Quelques mois après le début de ce règne commun, Caracalla et Geta en arrivent à la conclusion que la seule solution pour préserver la paix consiste à diviser l'empire. Geta recevra les provinces d'Asie, tandis que Caracalla conservera l'Europe et le Nord-Ouest de l'Afrique. Geta pense installer sa capitale à Antioche ou à Alexandrie. Si elles avaient été traduites dans les faits, ces dispositions auraient sans doute débouché, non sur la paix, mais sur la guerre civile totale. Julia Domna s'oppose au projet en demandant à ses deux fils comment, s'ils divisent l'empire, ils vont s'y prendre pour la partager elle, leur mère ?

L'effondrement de ce plan conduit Caracalla à adopter une solution de dernière extrémité. Il va trouver le moment propice, à la fin de décembre 211, pour assassiner Geta.

Il parut se rendre aux supplications de sa mère, et consentit à une entrevue avec son frère dans l'appartement de l'impératrice Julie. Tandis que les empereurs s'entretenaient de réconciliation et de paix, quelques centurions, qui avaient trouvé moyen de se cacher dans l'appartement, fondirent, l'épée à la main, sur l'infortuné Geta (27 février 212). Sa mère éperdue s'efforce, en l'entourant de ses bras de le soustraire au danger; mais tous ses efforts sont inutiles; blessée elle-même à la main, elle est couverte du sang de Geta, et elle aperçoit le frère impitoyable de ce malheureux prince, animant les meurtriers et leur montrant lui-même l'exemple (Caracalla consacra dans le temple de Sérapis l'épée avec laquelle il se vantait d�avoir tué son frère Geta). Selon un auteur ancien, Caracalla l'aurait assassiné de ses propres mains. Il n'ignore pas que Geta a des amis puissants et qu'il va devoir affronter un vaste mouvement d'opposition. Son premier mouvement consiste à se réfugier dans le camp des prétoriens. Dès que ce forfait eut été commis, Caracalla, l'horreur peinte dans toute sa contenance, courut avec précipitation se réfugier dans le camp des prétoriens, comme dans son unique asile; il se prosterna aux pieds des statues des dieux tutélaires. Les soldats entreprirent de le relever et de le consoler. Il leur apprit en quelques mots pleins de trouble et souvent interrompus, qu'il avait eu le bonheur d'échapper à un danger imminent; et, après leur avoir insinué qu'il avait prévenu les desseins cruels de son ennemi, il leur déclare qu'il était résolu de vivre et de mourir avec ses fidèles prétoriens. Geta avait été le favori des troupes; mais leur regret devenait inutile, et la vengeance dangereuse, d'ailleurs, elles respectaient toujours le fils de Sévère. Le mécontentement se dissipa en vains murmures; et Caracalla sut bientôt les convaincre de la justice de sa cause, en leur distribuant les immenses trésors de son père. Les dispositions des soldats importaient seules à la puissance et à la sûreté du prince. Leur déclaration en sa faveur entraînait l'obéissance et la fidélité du sénat : cette assemblée docile était toujours prête à ratifier la décision de la fortune. Mais comme Caracalla voulait apaiser les premiers mouvements de l'indignation publique, il respecta la mémoire de son frère, et lui fit rendre les mêmes honneurs que l'on décernait aux empereurs romains.

Caracalla, dont la sécurité n'est guère assurée, ordonne le massacre général des partisans de son frère. Sénateurs, préfets du prétoire, gouverneurs de province, serviteurs du palais, soldats, conducteurs de char et amis sont exécutés sans procès ou sous des prétextes fallacieux : chez eux, aux bains publics ou en pleine rue. Au cours des premiers mois de 212 pas moins de vingt mille personnes vont disparaître de cette manière. Caracalla fait taire avec la même dureté toute forme de protestation publique contre le nombre important d'exécutions. Parmi les victimes figurent Cornificia, la fille aînée de Marc Aurèle que l'on a vue pleurer Geta, et Publia Fulvia Plautilla, l'épouse exilée de Caracalla.

Le massacre des amis de Geta détériore les relations entre l'empereur et le sénat et lui aliène la sympathie d'une partie de la population romaine. L'ombre va planer sur l'ensemble du règne de Caracalla.

Désormais il règne seul... avec sa mère, Julia Domna qui tente de lui prodiguer des conseils qu'il n'écoute guère.

Très vite des bruits accusant sa mère et le fils de relations incestueuses et que rapportent plusieurs de ses biographes, tels Hérodien, Aurelius Victor ou l'Histoire Auguste. Ce dernier, pour atténuer quelque peu la monstruosité de l'accusation, fait de Julia Domna sa belle-mère.

En cette même année 212 probablement (d'après l'Histoire Auguste : Caracalla, V et III et Dion Cassius, l'édit aurait été promulgué au cours de l'été ou de l'automne 213), il promulgue un édit qui est resté célèbre sous le nom d'Edit de Caracalla et qui accorde à quasi tous les habitants de l'empire la citoyenneté romaine tout en demeurant soumis aux obligations de leur cité d'origine. On ignore les véritables raisons qui poussent Caracalla à prendre une telle décision.

Pour Dion Cassius, cet édit permet à l'empereur de trouver de nouvelles ressources financières en augmentant le nombre des assujettis à l'impôt successoral qui grève tous les citoyens.

Pour d'autres, cette uniformisation du statut des personnes simpliferait le travail des tribunaux et de l'administration.

Il se pourrait aussi que cet édit soit une manifestation de plus de l'étatisme égalitaire. En soumettant tout le monde aux mêmes obligations fiscales, tous deviennent "sujets" de l'empereur.

Mais cet édit signifie aussi, pour les provinciaux, une véritable promotion sociale. S'ils peuvent conserver leurs coutumes locales, ils peuvent aussi faire appel aux règles juridiques que le droit romain réservait jusqu'alors aux seuls citoyens romains. D'où la portée immense de cet édit.

Le grand périple

Caracalla n'est pas à l'aise dans la capitale. Dans les premiers mois de 213, il quitte Rome pour combattre les Alamans sur le Rhin. Après avoir réglé leur compte et assuré pour une vingtaine d'années la paix sur cette frontière, il part en 214, en tournée d'inspection sur le Danube. Très vite, le jeune empereur gagne le coeur des soldats en marchand à pied à leurs côtés, au lieu de voyager en litière, et en préférant la nourriture commune aux produits délicats importés de Rome. On rapporte qu'il prépare lui-même sa farine en écrasant l'orge. L'affection des soldats n'est certes pas désintéressée car, après être devenu le seul maître du pouvoir, Caracalla a augmenté les soldes de façon substantielle. Il s'agit d'une hausse de 50% qui a coûté au trésor la somme colossale de 70 millions de sesterces.

Au cours de l'été 213, l'armée obtient plusieurs victoires sur les Germains dans les champs Décumates et sur le front des pays rhénans. Impressionné, le sénat décerne à Caracalla le titre de Germanicus Maximus. L'année suivante, l'empereur et sa suite continuent vers l'Est, traversent la Dacie et la Thrace et atteignent l'Asie Mineure. C'est en Thrace, nous dit-on, qu'il "se prit brutalement pour Alexandre le grand et qu'il se mit à nouveau à célébrer son avenir de toutes sortes de façons". Dion Cassius rapporte que, comme Alexandre, il s'entoure de nombreux éléphants et qu'il persécute les aristoléliciens parce que Aristote aurait eu une part de responsabilité dans la mort d'Alexandre. Le culte du héros est poussé jusqu'à l'extravagance : on fait réaliser des représentations de têtes à deux visages, celui d'Alexandre et celui de Caracalla.

Puis il quitte définitivement l'Occident pour l'Orient. Lorsqu'il traverse l'Hellespont, une tempête manque de peu de le faire périr.

Le côté romantique de Caracalla resurgit à Ilium, sur le site de l'ancienne Troie. L'empereur visite les ruines de la cité et la prétendue tombe d'Achille, qui fait décorer de guirlandes et de fleurs. La mort de l'un de ses secrétaires au cours du séjour est l'occasion pour l'empereur d'organiser une cérémonie, avec sacrifices d'animaux et grand bûcher funéraire, à l'image de celui que décrit Homère pour Patrocle, l'ami d'Achille.

Durant l'hiver 214-215, il séjourne à Nicomédie, dans le Nord-Ouest de l'Asie Mineure. En avril ou mai 215, il arrive à Antioche, en Syrie où il traite avec le roi des Parthes. Il annexe l'Osrohène et gagne le titre de Parthicus maximus. Puis il rejoint Alexandrie, en 216, où les citoyens lui réservent un accueil grandiose. Avec un demi-million d'habitants, c'est la seconde ville de l'empire. Aux yeux de Caracalla, elle a surtout l'inestimable mérite d'abriter la sépulture d'Alexandre. Aussitôt arrivé, il visite la tombe de son héros, dépose sur le tombeau son manteau impérial de pourpre et les parures qu'il porte.

La visite d'Alexandrie, qu'il avait commencée de manière si plaisante, s'achève par un massacre, celui de citoyens sans défense par les hommes de Caracalla. La population d'Alexandrie, frondeuse, le brocarde, tourne en ridicule cet empereur qui veut rivaliser, avec une taille aussi petite, avec ces héros que sont Achille et Alexandre, ses idoles. Pour punir ces Alexandrins si peu respectueux de sa personne, il fait construire un mur coupant leur ville en deux, ainsi que des forts pour mieux la tenir en respect. Mais c'est bien la colère de Caracalla, quel qu'en soit le motif, qui a conduit à la mort de milliers d'Alexandrins.

Durant l'hiver 216-217, il séjourne à Edesse et prépare une nouvelle campagne contre le royaume Parthe.

Il laisse à sa mère le soin de le gérer. Et elle ne se fait pas prier, ambitieuse comme elle est. Entourée des juristes qui conseillaient son mari, elle poursuit donc sa politique absolutiste, hostile au Sénat, à Rome, à l'Italie, mais favorable aux petites gens, aux provinciaux, aux religions orientales.

L'augmentation du nombre des fonctionnaires donne à penser qu'elle perfectionne les rouages de l'administration.

Elle augmente certains impôts, ordonne des levées extraodinaires, car non seulement les soldats de son fils coûtent cher au trésor, mais ses constructions gigantesques, telles les Thermes de Caracalla, le vident tout aussi sûrement.

Caracalla (il se prétend le plus pieux des hommes) et sa mère favorisent certes la religion d'Etat, mais ils accueillent avec beaucoup de sympathie les religions orientales. Si tous deux ne prennent aucune mesure particulière contre les chrétiens, ils laissent appliquer le rescrit de 202 de Septime Sévère à leur encontre. Leur persécution se poursuit donc.

C'est sous son règne de Caracalla qu'est peut-être l'Itinerarium Antonini Augusti, sorte de catalogue de grandes routes romaines, avec les noms des principales localités et des distances qui les séparent. Ce document est destiné avant tout aux militaires.

La guerre parthique de Caracalla

La volonté de mener une guerre de conquête contre les Parthes constitue la principale raison de la présence de Caracalla en Orient. Après le massacre d'Alexandrie, il retourne à Antioche pour rassembler ses troupes et partir en campagne. Les préparatifs de celle-ci ont débuté deux ans auparavant, tandis que Caracalla se trouvait en Asie Mineure. On a recruté des unités militaires, amélioré les moyens de communication et installé de nouveaux ateliers pour frapper la monnaie nécessaire aux troupes. L'armée, rassemblée à la frontière de la Syrie au début de l'été 216, équivaut globalement à huit légions. C'est une force importante.

Le moment choisi pour attaquer est idéal. Depuis 213, en effet, deux prétendants au trône se disputent l'Empire parthe, plongé dans la guerre civile. L'un d'eux, Volgèse V, tient la basse Mésopotamie et la capitale Ctésiphon. L'autre, Artabab V, contrôle le plateau iranien, situé au-delà. Caracalla met à profit cette division en prenant le parti d'Artaban, auquel il offre d'épouser sa fille. Mais le projet échoue et l'empereur se retourne contre Artaban. Les troupes romaines ravagent les territoires situés à l'Est du Tigre pratiquement sans rencontrer d'obstacles.

C'est une victoire obtenue par la trahison, mais Caracalla ne peut que s'en féliciter. Il se retire dans la cité d'Edesse, dans le Nord de la Mésopotamie, pour passer l'hiver. La ville abrite le quartier général de la campagne. L'empereur, occupé par la chasse et les courses de char, prépare aussi de nouvelles opérations contre les Parthes pour l'année suivante.

Celles-ci n'auront pas lieu. Pendant que Caracalla guerroie en Orient, des intrigues se nouent à Rome concernant la vie même de l'empereur.

La mort de Caracalla

Julius Martialis, officier de la garde impériale, a été désigné pour porter le coup fatal. Martialis en veut personnellement à Caracalla qui, selon Hérodien, aurait fait exécuter son frère quelque temps auparavant pour une faute non prouvée. De son côté, Dion Cassius affirme que Martialis n'aurait pas supporté que l'empereur lui refuse d'être promu centurion. L'empereur était parti d'Edesse pour se rendre en pélerinage à Charres, dans un fameux temple de la Lune. Quelle que soit la bonne version, Macrin et Martialis font tous deux partie de la suite qui accompagne Caracalla, le 8 avril 217, d'Edesse à Carrhes. L'empereur, qui a l'estomac dérangé, ordonne une halte pour se soulager. C'est l'occasion rêvée pour Martialis. Un seul serviteur demeure auprès de l'empereur, tandis que les gardes du corps tournent le dos afin de respecter l'intimité de leur maître. Martialis s'avance comme si on l'avait appelé et tue Caracalla, qui baisse sa culotte, d'un seul coup d'épée (8 mars 217).

L'assassin cherche aussitôt à s'enfuir à cheval, mais l'un des gardes de Caracalla (un archer scythe), à cheval également, l'abat avec un javelot. Pendant ce temps, Macrin feint l'innocence et pleure la mort de l'empereur. Le corps de Caracalla, haï par beaucoup mais aimé des soldats, est incinéré dans les règles. Les cendres sont envoyés à Julia Domna, à Antioche. L'empereur n'avait que vingt-neuf ans. L'urne, rapportée à Rome, est déposée dans le Mausolée d'Hadrien. Les cendres de Julia Domna suivront à quelques semaines d'intervalle. Quelques mois plus tard, Elagabale divinisera la mère et le fils.

Ainsi s'achève le règne de Caracalla, un homme que la culpabilité et l'insécurité ont rendu cruel, mais qui ne manquait ni de compétence en tant que souverain ni du souci de bien gouverner.

Si l'on cherche un souvenir du règne de Caracalla, on ne retiendra ni l'extension de la citoyenneté, ni la réputation cruelle de l'homme, mais les immenses thermes qu'il a bâtis à Rome. Bien qu'en ruine aujourd'hui, ils constituent l'un des monuments les plus représentatifs de la puissance romaine.

Tant que cet être divin avait vécu parmi les hommes, Alexandre le Grand avait été le seul héros qu'il jugeât digne de son admiration. Caracalla prenait le nom et l'habillement du vainqueur de l'Asie, avait formé pour sa garde une phalange macédonienne, recherchait les disciples d'Aristote, et déployait, avec un enthousiasme puéril, le seul sentiment qui marquât quelque estime pour la gloire et pour la vertu.

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