Constance Chlore : naissance en 350 en Dardanie; mort le 25 juillet 306 à Eboracum (York; Bretagne)Titre : Imperator Caesar Caius Flavius Valerius Constantius Pius Felix Invictus Augustus (1er mai 305 au 25 juillet 306)Nom
Altes Museum Caius Flavius Julius Constantius. Après son adoption par Maximien, Constance porte les noms de Marcus Valerius Constantius. Seules les sources byzantines mentionnent le surnom de Chlore, allusion à la pâleur de son teint. Les sources latines qui n'ont voulu retenir de cet empereur que les aspects positifs, l'ignorent. NaissanceVers 250, en Macédoine. FamilleConstance Chlore appartient, semble-t-il, à une vielle famille de la noblesse macédonienne du côté de son père, et à la famille de Claude II le Gothique du côté de sa mère. Mais cette deuxième ascendance est à mettre encore plus au conditionnel que la première, car il se peut très bien qu'elle ait été imaginée de toutes pièces, dès 310, pour légitimer l'avènement de son fils Constantin. PortraitConstance Chlore possède deux qualités qui font cruellement défaut à la plupart des princes de son temps : le savoir et la douceur. Esprit curieux, il cherche à tout connaître. Homme de coeur, il est réfractaire à toute violence, à toute intolérance. Soucieux du bien commun, il ne cherche pas à s'enrichir, au point que, chaque fois qu'il donne un banquet, il est obligé d'emprunter de la vaisselle. MariageAlors qu'il débute dans la carrière militaire, il prend pour concubine une femme que les monnaies frappées à son effigie nomment Flavia Julia Helena et dont la tradition fait soit une servante d'auberge de Depranum (Yalova) en Bithynie, soit une fille de roi barbare. L'Eglise, elle, en fera une sainte. En 293, lorsque Maximien le choisit comme César pour le seconder dans l'administration de l'Occident, il l'oblige à se séparer d'Helena et à prendre pour nouvelle épouse sa belle-fille, Flavia Maximiana Theodora. Helena lui donne un fils, Constantin; Theodora, une fille, Constantia. CursusMilitaire de carrière, Constance Chlore se distingue lors des campagnes d'Aurélien et de ses successeurs. Le 1er mars 293, Maximien le choisit pour César et le fait entrer dans sa famille en l'adoptant. Il l'introduit aussi dans sa domus divina en lui donnant le nom de Herculius. La première mission que Maximien lui confie consiste à éliminer l'usurpateur Carausius. Puis, pendant que Maximien lutte en Afrique du Nord contre les tribus nomades du désert et réduit le soulèvement d'un certain Julianus, Constance Chlore protège la frontière du Rhin contre les attaques des barbares. En 297, il séjourne à Autum qu'il relève de ses ruines. En 298, on le trouve à Langres où, un jour, une attaque des Alamans le surprend, hors de la ville, au pied des murailles. Les portes de la cité ayant été fermées, on est obligé de le hisser à l'aide d'une corde au sommet des remparts pour le sauver d'une mort certaine. Il contre-attaque immédiatement et extermine, dit-on, soixante-mille Alamans. Au cours de l'hiver 299, ces mêmes Alamans repassent le Rhin gelé. Constance en vient difficilement à bout près de Vindonissa (Windisch près de Bâle). En 303, lors de la persécution des chrétiens, il promulgue, certes, les édits de Dioclétien dans ses Etats : la Gaule et la Bretagne, mais il ne les fait appliquer que mollement. Il se contente de laisser démolir les églises. Dies imperii : 1er mai 305RègneLes huit années comprises entre 305 et 313 sont marquées par une guerre civile d'un type particulier : certains protagonistes combattent pour confisquer le pouvoir à leur seul profit, tandis que d'autres cherchent simplement à se tailler une place de César ou d'Auguste dans le système de gouvernement établi par Dioclétien. De ce curieux mélange d'ambitions personnelles et d'actions collectives résulte un jeu complexe d'intrigues, d'alliances et de guerres. Les apologistes chrétiens ont laissé de cette période une description haute en couleurs, même s'ils déforment les mérites et les caractères des empereurs rivaux pour mieux servir leurs démonstrations. Le renouvellement de la tétrarchieAvec l'abdication de Dioclétien et de Maximien, Constance et Galère deviennent les nouveaux Augustes du monde romain. L'investiture officielle a lieu en même temps que l'abdication, à savoir le 1er mai 305, à Milan et à Nicomédie. A son tour, il doit se choisir un César. Son fils Constantin, qui est en âge d'occuper cette fonction et qui a l'appui de l'armée, semble tout indiqué. Mais son collègue Galère, qui remplace Dioclétien, est assez influent et habile pour lui imposer une de ses créatures, Sévère, un officier illyrien de basse condition et de moeurs peu recommandables. Constance Chlore se soumet et adopte Sévère. Chacun des deux nouveaux empereurs s'adjoint ainsi un collègue plus jeune, un César : il s'agit de Sévère, en Occident, et de Maximin, surnommé Daia, en Orient. La tétrarchie se voit donc maintenue. Dioclétien n'est probablement pas étranger à ces dispositions, mais c'est à l'évidence Galère qui a la haute main sur le choix des Césars, deux personnages proches de lui : Maximin est son beau-fils et Sévère un ami intime et fort ancien. A première vue, les nouveaux ressemblent aux anciens : ce sont des militaires de condition modeste, originaires des Balkans. Ni l'un ni l'autre n'aura la faveur des historiens, chrétiens ou non. Selon eux, Sévère est d'origine et de moeurs ignobles. Maximin Daia ne s'en tire guère mieux : pour les auteurs païens, bien que d'éducation paysanne, il cultive les philosophes et les hommes de lettres, est d'un caractère tanquille et apprécie le vin; pour les chrétiens, c'est un être maudit, un persécuteur aussi déterminé que Galère, l'homme qui est à l'origine des "Actes de Pilate" antichrétiens, l'exemple même du tyran à la concupiscence débridée et, par surcroît, un ardent promoteur de l'ancienne religion. Galère et Dioclétien ont, en fait, commis une grave erreur en sous-estimant la force des liens familiaux. Maximien et Gonstance ont deux fils ambitieux oubliés lors des récentes nominations. Maxence, fils de Maximien, est âgé d'une vingtaine d'années, Constantin, fils de Constance, de trente ans environ. Les événements vont montrer que ces deux hommes sont prêts à arracher par la force ce qu'on ne leur a pas donné de plein gré. Cette nouvelle Tétrarchie se partage le monde romain. Galère se réserve l'Asie Mineure jusqu'au Taurus. Maximin Daia, son César, se voit confier les autres provinces de l'Orient et l'Egypte. Le César d'Occident, Sévère, s'occupe de l'Italie et des régions balkaniques jusqu'au Danube ainsi que de l'Afrique latine et Constance Chlore continue de gérer la Gaule, la Bretagne, l'Espagne et le Nord du Maroc actuel, à partir de ses deux bases d'opérations, Trêves et York. Constance Chlore, malgré son passage rapide à la tête de l'Etat, prend une part importante à ce gigantesque redressement de l'empire opéré par la tétrarchie. En Gaule, en réprimant la rébellion de Carausius, sur le Rhin, en défendant avec succès la frontière contre les Germains et en intégrant un certain nombre d'entre eux, de gré ou de force, dans l'empire. Des chefs Francs, tel que Bonitus, ou Alamans, tel que Chrocus, entrent même au service de l'empire. Sa formation le pousse à se préoccuper aussi du niveau culturel des élites fortement décimées par ces continuelles invasions barbares. Dans ce but, il réactive l'université d'Autun. L'ascension de ConstantinAu moment où l'on désigne les nouveaux Césars, Constantin sert comme officier d'état-major sous Dioclétien. Déçu de ne pas avoir été nommé César, Constantin obtient de rejoindre son père Constance à l'Ouest. Il le retrouve à Boulogne, où Constance se prépare à passer en Bretagne pour combattre les Pictes. L'expédition de 305 contre les Pictes est un succès. A la fin de l'été, Constance reçoit pour la seconde fois le titre de Britannicus Maximus. Mais cette victoire ne parvient pas à cacher la fragilité croissante de sa position. Auguste en Occident, Constance doit faire face à Galère qui, s'il contrôle l'Orient, n'en a pas moins réussi à installer son candidat, Sévère, comme César en Occident. En outre, Constance n'est pas en bonne santé. Son surnom de "Chlore" (le pâle) laisse supposer qu'il était atteint de leucémie. S'il meurt, Sévère lui succédera comme Auguste en Occident, tandis qu'un autre candidat de Galère deviendra César. La détermination des partisans de Constance et de son fils va déjouer ce plan. Une année plus tard, le 25 juillet 306, Constance Chlore meurt à Eburacum (York) alors qu'il marche avec son fils Constantin contre les Pictes révolté. Sa mort ébranle tout le système de gouvernement mis en place par Dioclétien. Lorsque Constance s'éteint à York le 25 juillet 306, son armée, sans attendre les instructions de Galère, proclame aussitôt Constantin Auguste et successeur de son père en Occident. De son côté, Constantin affirme résolument que, sur son lit de mort, son père l'a nommé Auguste. Placé devant le fait accompli, Galère ne peut rien faire contre Constantin, sinon tenter de rabaisser son rang. Galère renvoie les messagers de Constantin, venus annoncer son avènement, avec un manteau de pourpre et sa reconnaissance officielle comme César et non comme Auguste. Pendant ce temps, Sévère est, lui, élevé à la dignité d'Auguste et d'empereur aîné en Occident. |
