Héliogabale ou Elagabale : né vers 203 à Emèse; mort le 11 mars 222 à RomeTitre : Imperator Marcus Aurelius Antoninus Pius Felix Augustus (juin 218 - 11 mars 222 : ~4 ans)Nom 
			Musei Capitolini - Rome Varius Avitus Basianus. A son avènement, il prend les noms de Marcus Aurelius Antoninus. Il adopte aussi le nom du dieu qu'il adore, Elagabale, qui signifie dieu de la Montagne. NaissanceEn 204 à Emèse (Homs) en Syrie. FamilleOriginaire d'Emèse, sa famille sacerdotale vouée au culte du Dieu Baal. Elle est apparentée à la famille des Sévères par l'impératrice Julia Domna, épouse de Septime Sévère. Sa soeur, Julia Maesa, a deux filles, Julia Soaemias et Julia Mammaea. PèreSextus Varius Marcellus, grand-prêtre du dieu Baal. Son père Sextus Varius Marcellus, également syrien, est parvenu au rang de sénateur sous Caracalla; sa mère Julia Soaemias fait courir le bruit que son vrai père n'est autre que Caracalla, dont la mémoire est toujours chère à l'armée. En réalité, Avitus est seulement le neuveu de Caracalla. MèreJulia Soaemias. Elagabale est donc le petit-cousin de Caracalla et de Geta. Dies imperii : 15 (ou 16) mai 218PortraitLorsqu'il prend le contrôle de l'empire, Elagabale est un adolescent adipeux, débauché, qui aime se farder, teinter ses sourcils, se travestir. Il est grand-prêtre du dieu d'Emèse, Elagabale (le culte qui est rendu à ce dieu de la Montagne est un culte solaire comportant des aspects orgiastiques). Superstitieux fanatique jusqu'à la folie, Elagabale veut imposer son dieu à Rome. Lorsqu'il y fait son entrée, le 29 septembre 219, il place sur un char la pierre sacrée, une pierre noire taillée en phallus symbolisant la présence de son dieu, et il marche à reculons devant elle pour ne pas perdre une seconde de la présence divine. MariagePour symboliser la fusion de la religion dont il est le grand-prêtre avec la religion romaine, il répudie sa jeune épouse Julia Paula et choisit, à la grande indignation des romains, Aquilia Sévère, une vestale tenue par serment à la chasteté la plus absolue. Mais très vite il se désinteresse de cette seconde épouse pour convoler en justes noces avec un gladiateur célèbre, Zoticus. RègneElagabale est avant tout l'instrument des ambitions des trois femmes à qui il doit le trône, sa grand-mère Julia Maesa, sa mère Julia Soemas et sa tante Julia Mammaea, qui a aussi un fils, Alexianus. Forts riches, ces dames, que Macrin a exilées dans leur ville d'Emèse, recoivent souvent la visite des soldats de la IIIème légion Gallica stationnée à Raphaneia, bourgade proche d'Emèse. Comme ces soldats leur parlent constamment de l'admiration qu'ils portaient à Septime Sévère et à Caracalla, elles leur font croire que leurs deux garçons sont les fils adultériens de Caracalla. Cet "aveu", accompagné de magnifiques cadeaux, comble de joie les chefs de la légion et atteint le but que recherchent les dames. L'idée de faire d'Avitus un empereur vient de Gannys, l'amant de sa mère. C'est lui qui, à la faveur de la nuit, conduit la mère et le fils au camp de la Troisième Légion "Gallica" pour le faire acclamer empereur au matin du 16 mai 218. Avitus prend le titre de Marcus Aurelius Antoninus. Mais il est connu sous le non d'Elagabale, emprunté à son dieu. Macrin veut étouffer cette rébellion. Les rebelles battent les troupes de Macrin, l'empereur régnant, avec une facilité surprenante. Le 8 juin 218, leur victoire près d'Antioche amène la reconnaissance immédiate d'Elagabale comme empereur de Rome et de tout l'empire. Le sénat reconnaît, non sans appréhension, le nouvel empereur qui met près d'une année pour arriver à Rome, accompagné de son idole. Il passe plusieurs mois en Orient, d'abord à Antioche, puis à Nicomédie, en Asie Mineure. A Nicomédie, il fait exécuter Gannys, l'homme qui l'a porté au pouvoir, car, nous dit-on, ce dernier l'aurait forcé à vivre "avec mesure et prudence". C'est plus probablement parce que l'amant de sa mère devenait trop puissant et traitait le jeune empereur comme une simple marionnette. Auparavant, Elagabale avait songé à décerner le titre de César à Gannys et à lui faire épouser sa mère. La disparition de Gannys profite surtout à mère Julia Soaemias et à sa grand-mère, la terrible Julia Maesa. Au printemps 219, le cortège impérial quitte Nicomédie pour Rome. Hormis la famille d'Elagabale, il comprend la fameuse pierre noire, symbole du culte du dieu Elagabale, prise dans le temple de celui-ci à Emèse, en Syrie. L'empereur emmène son dieu avec lui à Rome. A son arrivée dans la capitale, il installe la pierre noire sur le palatin où il fait construire pour elle un grand temple, l'Elagabalium. Elagabale est profondément dévoué au dieu dont il est le grand prêtre. Chaque jour, à l'aube, sur les autels de son temple, il sacrifie des taureaux et du petit bétail en abondance. Les sénateurs et les chevaliers assistaient au culte. Ces pratiques font sensation dans la capitale; mais ce n'est rien en comparaison du scandale que provoque l'outrage qu'il fait subir aux dieux traditionnels de Rome. L'empereur veut, en effet, faire d'Elagabale le dieu principal et unique, initiative qui atteint son paroxysme en l'an 220. Le dieu oriental surpasse Jupiter lui-même. Il doit aussi prendre femme. Le choix de l'épouse se porte d'abord sur Pallas, la statue sacrée (originaire, pense-t-on, de Troie), cachée dans le temple de Vesta sur le forum et gardée par les vierges vestales. Dans ce contexte, l'empereur et grand prêtre doit épouser l'une des vestales. L'idée soulève tant d'indignation qu'elle est abandonnée, et c'est Uranie, la déesse lune, connue aussi sous le nom de Caelestis, qui devient l'épouse du dieu Elagabale au lieu de Pallas. Le souverain érige un immense temple solaire de type oriental à la limite de Rome. Chaque année, au coeur de l'été, une grande procession y conduit la pierre noire d'Elagabale qui quitte monentanément le temple du Palatin. La pierre voyage dans un char tiré par six chevaux blancs, précédé par l'empereur qui marche à reculons pour ne pas tourner le dos à son dieu. Le but de l'empereur est d'établir une sorte de monothéisme qui prendrait pour divinité principale le Dieu Elagabale et ravalerait les autres dieux au rang d'esclaves ou de serviteurs. Dans le cadre de cette politique de syncrétisme religieux, il tente de rassembler les symboles sacrés de divers cultes dans le temple d'Elagabale. Chrétiens et juifs sont également contraints de vénérer la divinité. Selon le même principe qui considère que toutes les croyances sont subordonnées au culte du dieu solaire, l'empereur participe aux rituels de différentes religions. D'après l'Histoire Auguste : "Toute une cohorte de mages l'entourait et travaillait chaque jour sous ses ordres; il remerciait les dieux de s'être montrés favorables à leur égard lorsqu'il examinanait les entrailles des enfants et torturait les victimes selon le rite de son pays d'origine." Outre sa folie religieuse, l'empereur se distingue par des pratiques sexuelles extravagantes. Il a épousé trois femmes, cinq d'après certaines sources, en l'espace de trois ans. D'après Dion Cassius, "il s'enferma avec un plus grand nombre encore, sans que cette union eût aucun titre légal." Ne confie-t-il pas des postes importants qui à un cocher, qui à un coiffeur, qui à un danseur. Elagabale est aussi critiqué pour avoir nommé à des postes importants du gouvernement des hommes de modeste extraction. Publius Valerius Comazon, issu d'une famille de danseurs ou d'acteurs professionnels, devient ainsi commandant de la garde prétorienne en 218. Avec des choix comme celui-ci, les amateurs de scandales ont beau jeu de proclamer que l'empire est gouverné par des cuisiniers, des barbiers et des conducteurs de char. En fait, ce sont des hommes de confiance pour l'empereur et sa famille. Mais ils ne contribuent guère à établir la respectabilité du régime. Le comportement excentrique de l'empereur syrien Elagabale a pronfondèment choqué l'opinion romaine. Dion Cassius va jusqu'à prétendre "qu'il voulait avoir la réputation d'un débauché, afin de pouvoir en cela imiter les femmes les plus dépravées... Il avait pour cela de nombreux agents, grâce à qui il recherchait les hommes les plus capables de le satisfaire de leur dépravation". Les princesses syriennes s'entendent, elles, avec le sénat pour liquider les affaires courantes. On croit même savoir qu'elles participent à ses séances. Le comportement d'Elagabale est particulièrement insupportable aux soldats. Le règne connait d'ailleurs une série de révoltes. Dès le début de 218, la Troisième Légion "Gallica", qui tient garnison en Syrie, décide de se débarasser de son ancien protégé et tente de proclamer empereur son commandant, Vérus. La manoeuvre échoue, tout comme les tentatives suivantes faites par la Quatrième Légion, la marine et un vague prétendant nommé Seleucus. Au début de l'été 221, la proche famille d'Elagabale et ses partisans commencent à s'inquiéter du comportement impérial. Pour préserver l'avenir, ils persuadent Elagabale d'adopter son cousin Bassianus Alexianus, un adolescent de treize ans, comme César, fils et héritier. L'adoption a lieu le 26 juin. Alexianus, le futur empereur Sévère Alexandre, jouit de la faveur de la garde prétorienne. Il devient rapidement le rival d'Elagabale. Chacun d'eux a derrière lui une mère ambitieuse. Elagabale est soutenu par Julia Soaemias, Alexandre par sa mère Julia Mamaea et par sa grand-mère Julia Maesa. A la fin de 221, Elagabale veut assassiner son cousin, mais personne n'accepte d'exécuter ses ordres. Cela ne l'incite pas pour autant à abandonner son sanglant dessein. Le 11 mars 222, au cours d'une visite au camp prétorien, l'empereur s'emporte contre le soutien que les soldats apportent ouvertement à Alexandre et s'irrite de sa propre impopularité. Il ordonne l'arrestation immédiate des coupables qu'il veut châtier, mais les soldats, excédés, réagissent : Elagabale est assassiné dans les latrines où il s'est réfugié. Une autre source rapporte qu'on a cherché à lui faire quitter les lieux secrètement dans un coffre, mais que la ruse a été découverte et qu'il a été tué. Sa mère est assassinée en même temps. Leurs corps, décapités et dénudés, sont traînés à travers les rues de Rome. Le cadavre de l'empereur est finalement jeté dans le Tibre, traitement réservé traditionnellement aux criminels. Et Sévère Alexandre est proclamé empereur. Ainsi périt Elagabale, qui a régné moins de quatre ans. Il est presque étonnant qu'il ait pu rester aussi longtemps sur le trône. Comment y-est-il parvenu ? Sans doute est-ce en partie à cause de son jeune âge (il n'a que dix-huit ans à sa mort) et aussi parce que le pouvoir était en réalité exercé par les femmes de sa famille, les princesses syriennes Julia Maesa et Julia Soaemias. Certes, les excès de l'empereur irritent le peuple et les soldats mais sont finalement tolérés tant que les princesses dirigent l'Etat avec vigilance et compétence. Les postes clefs sont occupés par les partisans du nouveau régime, qui comptent des hommes d'origine modeste, dont la réussitte dépend entièrement de la famille impériale. La crise éclate lorsque les princesses elles-mêmes sont renversées. Toutefois, il n'en résulte pas un changement de régime, mais un simple changement de souverain. L'empereur Sévère Alexandre n'est, en effet, pas moins syrien que son cousin Elagabale. Une excentricité parmi d'autres. "Dans la salle de banquet, Elagabale avait fait aménager un plafond réversible. A un signal donné, des masses de violettes, des fleurs de toutes sortes tombaient sur les convives, les recouvrant d'un tel déluge odorant que certains, enfouis, sous l'avalanche, périrent étouffés, n'ayant ps réussi à respirer à l'air libre." Sources : Dion Cassius, Histoire Auguste. | 
	
