Gratien : né le 18 avril 359-23 mai 359 à Sirmium (Pannonie), mort le 25 août 383 (~24 ans) à Lugdunum

(4 août 367 - 25 août 383 : 16 ans et 21 jours)

Nom

Gratien
Gratien

Flavius Gratianus.

Naissance

18 avril (ou 23 mai 359), à Cibalae, lors de la disgrâce de son père par l'empereur Julien.

Père

Valentinien, empereur.

Mère

Marina, première épouse de Valentinien.

Mariage

En 374, Gratien épouse Constantia, fille posthume de l'empereur Constance II. Elle meurt en 383 sans lui avoir donné d'enfants. Il se remarie avec une très jeune femme, Laetra, quelques semaines avant sa mort. Thédose assure l'existence de la jeune veuve en lui accordant une pension tirée du trésor public.

Portrait

D'après les canons de l'époque, Gratien est un bel homme. De plus, il aime la chasse et les livres. Par contre, il aime moins l'effort et il est totalement dépourvu du sens du commandement. Ce qui est plutôt facheux pour un empereur. Influençable, il laisse ses conseillers gouverner et... s'enrichir, tel Ausone, son professeur, qui profite de sa situation pour caser toute sa famille aux frais de l'Etat.

Cursus

Le 24 août 367, à Amiens, à l'occasion d'une grave maladie, son père qui tient à laisser le trône à sa famille, le nomme Auguste. Gratien est âgé de huit ans.

Dies imperii : 27 août 367

Règne

Avec Julien, dernier survivant mâle de la famille de Constantin, s'éteint la dynastie fondée par ce dernier. La disparition de Jovien ne laissant pas non plus d'héritier naturel, les officiers et les dignitaires civils se réunissent pour élever à la dignité d'empereur un officier originaire de Pannonie, de modeste condition, Valentinien Ier. Un mois plus tard, en mars 364, Valentinien nomme son frère cadet, Valens, co-Auguste. Valentinien se charge de l'Illyrie et des provinces occidentales et confie le reste des Balkans et l'Orient à son frère Valens. Tous deux sont farouchement chrétiens; de plus, ils choisissent leurs officiers et ministres parmi leurs compatriotes pannoniens et ignorent l'aristocratie traditionnelle.

Valentinien consacre la majeure partie de son règne à combattre les Alamans sur le Rhin supérieur. En 375, il se rend en Illyrie pour prévenir une invasion des Quades et des Sarmates. Au cours d'une audience accordée à une délégation d'envahisseurs, il entre dans une colère telle qu'elle provoque une crise d'apoplexie et l'emporte. Son fils aîné, Gratien, âgé de seize ans, devient alors empereur. Il révèle un esprit plus tourné vers les dévotions que vers la réalité. Quelques jours plus tard, son jeune demi-frère, Valentinien II, est nommé coempereur. Mais, comme il n'a que quatre ans, il est cantonné dans son rôle sympbolique.

Le 17 novembre 375, lorsque son père meurt, Gratien lui succède sans difficulté aucune. Malgré son jeune âge, il n'a que 16 ans, il est reconnu par les armées du Rhin. Il se voit cependant contraint de partager la pourpre impériale en Illyrie avec son demi-frère Valentinien II, qui n'a que quatre ans, et que les généraux de l'armée du Danube ont nommé Auguste.

Lorsque, en 377, Gratien apprend que son oncle, Valens, l'empereur d'Orient, est aux prises avec une nouvelle invasion des barbares et que ceux-ci mettent à feu et à sang la Thrace, il décide de lui porter secours.

Les Alamans profitent de son départ pour traverser pour la énième fois le Rhin. A cette nouvelle, Gratien revient sur ses pas, pourchasse les Alamans au-delà du Rhin, dans la Forêt-Noire et les oblige à traiter. C'est la dernière fois qu'un empereur romain lance une expédition au-delà du Rhin.

Puis il repart au secours de son oncle. C'est en descendant le Danube qu'il apprend la terrible défaite d'Andrinople, le 9 août 378, et la mort de son oncle. Il ordonne alors la retraite sur Sirmium.

L'empire d'Orient n'ayant plus d'empereur, c'est à lui que revient la charge d'en nommer un. Il proclame donc Auguste Thédose le Jeune, le 19 janvier 379.

Tous deux coordonnent leurs efforts pour redresser la situation sur le front danubien, mais en vain. Ils ne peuvent empêcher les barbares de s'installer en Pannonie.

Sur le front rhénan, en raison du faible effectif de ses troupes, Gratien confie, semble-t-il, aux Francs eux-mêmes la défense de la frontière du Bas-Rhin.

Si ses conseillers profitent de leur situation pour s'enrichir et placer les membres de leur famille à des postes enviables et enviés, ils l'aident cependant fort bien à gouverner l'empire, du moins tant qu'ils peuvent l'influencer, c'est-à-dire jusqu'en 379. Sur les conseils d'Ausone, les bannis sont rappelés, les registres des arriérés d'impôts brûlés. On reconstruit, on restaure. Les intellectuels peuvent s'exprimer. Dans le domaine hautement sensible de la religion, Gratien, en 378, au lendemain du désatre d'Andrinople, publie un nouvel édit de tolérance envers les païens. Il accorde à chacun ce droit extraordinaire, celui de se tromper. La situation de l'empire est trop critique. L'heure est à l'union et non à la division.

Mais dès le 3 août 379, Gratien fait marche arrière. Il abroge cet édit et interdit d'enseigner les doctrines jugées hérétiques par l'Eglise. Quelle mouche l'a-t-il piqué ? On ne sait qui, de Théodose, chrétien quelque peu fanatique, de saint Ambroise, l'évêque de Milan, ou du pape Damase lui a soufflé cette idée. A l'automne 382, il va encore plus loin. La religion romaine est mise hors la loi au sénat de Rome. Cette mesure provoque une résistance ouverte à Rome, témoignant que la vielle religion nationale a repris une certaine vigueur depuis Julien.

Gratien renonce à porter le titre de Pontifex maximus, comme l'avaient fait tous ses prédésseurs depuis Auguste, signifiant ainsi la séparation du paganisme et de l'Etat. L'empire tend, de plus en plus, à devenir un empire chrétien.

C'est aussi à cette époque que la primauté du pape de Rome commence à être acceptée dans des milieux de plus en plus étendus et que les décisions de cet évêque, en plus de celles prises par les conciles, tendent à devenir une des sources principales du droit canon occidental.

Dès 382, Gratien quitte Trèves pour Milan dont il fait sa nouvelle capitale. En juin 383, alors qu'il part combattre les Alamans en Rhétie, un officier espagnol, commandant de l'armée de Bretagne, Maxime, se fait proclamer empereur, après sa victoire sur les Pictes et les Scots.

Cet usurpateur sait que les hauts dignitaires de l'armée méprisent Gratien, qu'ils le jugent faible, incapable, livré à ses conseillers, qu'ils ne supportent pas sa prédilection pour les barbares, pour ses archers Alains notamment. Il n'ignore pas que les classes aisées de l'empire se rebellent contre la décision qu'il a prise, à la fin de l'hiver 383, de supprimer toutes les exemptions d'impôts dont elles jouissent et tous les privilèges qu'elles détiennent.

Fort de cette opposition, il débarque en mer du Nord, aux bouches du Rhin. L'armée de Germanie le reconnaît immédiatement comme son empereur. Gratien se porte alors contre Maxime. La rencontre a lieu près de Paris. Mais son armée le trahit. Elle passe avec armes et bagages du côté de Maxime. Gratien n'a pas que le temps de fuir avec trois cents cavaliers Alains qui lui sont restés fidèles. Il est rejoint à Lyon, le 15 août 383, par le général de la cavalerie, Andragathe. Fait prisonnier, il est exécuté le 25 août 383.

Par incompétence, Gratien s'aliène le soutien des militaires et, en 383, l'armée de Bretagne proclame empereur don propre commandant, Maxime. Gratien est fait prisonnier et tué à Lyon, en août 383. Maxime devient alors maître des provinces situées au Nord des Alpes. En 387, il envahit l'Italie. L'année suivante, il est vaincu et tué. Le principal bénéficiaire de cette situation, Valentinien II, a désormais dix-neuf ans.

haut de page