Flavius Honorius : né le 9 septembre 384 à Constantinople, mort le 15 août 423 (38 ans) à Ravenne

(23 janvier 393/17 janvier 395 - 15 août 423 (~30/28 ans))

Nom

Honorius
Honorius

Flavius Honorius

Naissance

le 9 septembre 384 à Constantinople

Père

L'empereur Théodose

Mère

L'impératrice Aelia Flacilla

Portrait

Personnalité sans passions, sans talents, sans vigueur, sa principale affaire, aux dires de Zosime, est de s'occuper de sa basse-cour. Entièrement livré aux mains de ses ministres et de ses généraux, Honorius va régner trente ans sans gouverner, spectateur à peu près indifférent de la ruine de son empire.

Mariage

Avant de décéder, le 17 janvier 395, à Milan, Théodose confie ses deux enfants Arcadius et Honorius à son meilleur capitaine; Stilichon, avec la mission de gouverner l'empire en leur nom. Stilichon est d'origine vandale. Mais sa famille est depuis longtemps romanisée. Afin de l'attacher plus sûrement à la famille impériale, Théodose lui donne pour épouse, à la fin de l'année 384, sa propre nièce Sérène. Celle-ci met au monde une fille, Marie. Théodose renforce encore ces liens en mariant, en 398, son fils Honorius à la petite Marie. Les efforts de Sérène pour différer aussi longtemps que possible la consommation de ce mariage entre deux enfants et l'absence de virilité de son beau-fils et cousin font que Marie meurt vierge, après dix ans de mariage, en février-mars 407, à Rome.

En 408, Stilichon donne alors à Honorius pour épouse sa deuxième fille Thermantie. L'empereur la répudie à la fin de cette même année et la renvoie à sa mère. Elle meurt en 415. N'ayant eu aucun enfant ni de Marie, ni de Thermandie, d'aucuns se demandent si Honorius ne fut pas impuissant dans ce domaine comme dans tous les autres domaines de sa vie.

Cursus

Le 10 janvier 393, à Constantinople, alors qu'Honorius n'a pas encore neuf ans, Théodose le proclame Auguste. En 394, Honorius rejoint à Milan son père, qui est revenu en Occident combattre Eugène, un rival. Lors de son séjour à Rome après sa victoire, Théodose présente son fils au sénat.

Dies imperii : 10 janvier 393

Règne

Lorsque Théodose s'éteint en 395, à Milan, il lègue l'empire d'Orient à son fils aîné Arcadius, qui a dix-sept ans, et l'empire d'Occident à son second fils Honorius, âgé de dix ans seulement. Le règne d'Honorius est dominé par les invasions germaniques.

La première grande épreuve que le duo Honorius-Stilichon doit affronter est l'invasion de l'Italie par Alaric et ses hordes. Ce chef goth que l'empereur d'Orient a réussi à fixer dans les plaines désertes des Balkans, se met à rêver d'installer son peuple dans la riche Italie.

En 400, comme Stilichon se bat en Rhétie et en Norique pour repousser une énièmme invasion de Vandales, d'Alains et d'Ostrogoths, Alaric peut, sans difficulté, abandonner les Balkans qu'il a dévastés, franchir les Alpes Juliennes, descendre sur la Vénitie et marcher sur Milan où réside la Cour et qu'il assiège.

La risposte de Stilichon ne tarde pas. Après avoir engagé à son service les Vandales et les Alains qu'il a vaincus en Rhétie, et fait mettre en sécurité Honorius à Ravenne bien protégée derrière ses remparts et ses marais, Stilichon se porte à la rencontre d'Alaric.

En février ou mars 402, Stilichon oblige l'envahisseur à lever le siège de Milan. Alaric prend alors la route de l'Ouest, en direction de la Gaule. Stilichon le poursuit et engage une bataille dans la vallée du Tanaro, à Pollenza, le dimanche de Pâques 6 avril 402. Stilichon remporte non seulement cette bataille, mais il fait encore prisonnier la femme et les enfants d'Alaric. Celui-ci bat alors en retraite en direction de l'Etrurie et demande à traiter. Stilichon, bon diplomate, lui renvoie sa femme et ses enfants à condition qu'il quitte l'Italie par où il est venu. Alaric obtempère, mais il n'a pas quitté la Haute Italie qu'il engage de nouveau les hostilités et s'empare de Verone. Stilichon, une nouvelle fois, se porte à sa rencontre et fait le siège de la ville. Alaric éprouve mille difficultés à sortir de ce piège et à prendre une nouvelle fois la fuite. Décimées, éprouvées par le manque de vivre et par la maladie, ses troupes prennent la direction du Brenner. Plutôt que de les anéantir comme il en a la possibilité, Stilichon, semble-t-il, les neutralise dans la région de la Save. Espère-t-il les utiliser contre le gouvernement oriental de l'empire pour récupérer l'Illyrie que celui-ci lui a cédée ? Peut-être.

Débarrassé de cet ennemi, Stilichon peut enfin se rendre à Ravenne chercher Honorius et lui faire célébrer son triomphe à Rome, le 1er janvier 404.

Nouvelle épreuve. C'est au tour des Ostrogoths de Radagaise de déferler sur l'Italie. Les auteurs anciens parlent de cent mille barbares. Ce qui est fort exagéré. Evitant Milan, ils foncent sur Rome via Bologne, Florence. Pour faire face à une telle horde, Stilichon enrôle même les esclaves qu'il affranchit. Après avoir rasemblé son armée à Pavie, il se lance à la poursuite des troupes de Radagaise qu'il rejoint près de Florence. Radagaise s'enferme dans la ville. Stilichon l'assiège et l'affame. Radagaise doit finalement se rendre le 23 août 406. Il est exécuté. Les romains vendent leurs prisonniers sur les marchés aux esclaves. Leur nombre est si grand que les prix s'effondrent. Un esclave ne vaut plus qu'une pauvre petite pièce d'or.

Cette nouvelle victoire propulse Stilichon à l'apogée de sa puissance. S'il ne peut revendiquer le trône pour lui-même, étant barbare, il peut du moins l'espérer pour sa famille. C'est dans ce but qu'en 408, il donne à Honorius sa deuxième fille Thermantie pour épouse et à Galla Placidia, la soeur d'Honorius, son fils Eucher pour époux.

Mais une nouvelle invasion va emporter le tout-puissant Stilichon. Dans la nuit du 31 décembre 406 au 1er janvier 407, près de Mayence, quatre hordes de barbares, venant de Pannonie, Vandales Asdingues, Vandales Silingues, Suèves et Alains franchissent le Rhin gelé. Cette fois-ci, il ne s'agit plus d'incursions de peuples frontaliers, mais d'une véritable migration de peuples résolus à trouver une nouvelle patrie. Les Francs chargés de défendre la frontière ne peuvent résister à ce choc. Ils sont submergés par ce flot qui se met à dévaster la Gaule entière. Les villes du Rhin d'abord, puis Trèves, la capitale, puis Reims, Amiens, Arras, Thérouanne, Tournai, puis l'Aquitaine... tombent aux mains des envahisseurs. Puis, après avoir répandu le sang, la terreur, la dévastation avec une violence inouïe, ces barbares passent les Pyrénées et font subir le même sort à l'Espagne romaine.

Dès l'été 406, l'armée de Bretagne, qui comprend, il est vrai, de très faibles effectifs, fait sécession. Des bandes de Vandales, de Suèves et d'Alains menacent l'île. Isolée de Ravenne, l'armée met donc à la tête un chef avec les pleins pouvoirs pour faire face. Elle nomme successivement empereur trois de ses généraux. Incapables de prendre les mesures qu'exige la situation, les deux premiers, Marc et Gratien, telles des étoiles filantes, ne font que passer. Il réussit même à mettre pied en Gaule au printemps 407 et à se faire reconnaître par les quelques garnisons romaines dans le Nord et l'Est qui ont échappé au flot dévastateur des barbares. Il nomme son fils aîné coempereur et décerne à son deuxième fils le titre de "nobilissime".

Le malheur pour Stilichon est qu'il ne peut intervenir ni pour stopper cette invasion barbare, ni pour remettre à l'ordre l'armée de Bretagne. Son armée compte trop peu d'effectifs pour affronter de tels adversaires et Alaric menace de nouveau l'Italie. A la fin de l'année 407 ou au début 408, ce barbare quitte l'Epire, remonte les Balkans, franchit la passe d'Antrans et pénètre en Vénitie. Il réclame aux romains, une énorme somme d'argent s'ils ne veulent pas assister à la ruine de la péninsule. Stelichon et le sénat se mettent d'accord pour lui offrir quatre mille livres d'or. Cette somme représente le revenu annuel que certaines familles tirent de leurs biens fonciers. La somme proposée est donc ridiculement basse.

C'est le moment que choisissent ses ennemis à la cour pour lui porter l'estocade. Et ils sont nombreux. Stilichon, le Vandale, l'arien, voit se dresser contre lui :
- les chrétiens qui l'accusent d'avoir ménagé Alaric et d'avoir attiré les barbares en Gaule;
- les "paiens" qui l'accusent d'avoir fait brûler les livres Sybillins, crime abominable, crime sacrilège;
- l'aristocratie sénatoriale de Rome qui exècre ce demi-barbare;
- Galla Placidia, la soeur de l'empereur, qui refuse d'épouser son fils Eucher.

Et comme si la mesure n'était pas pleine, le 13 août 408, à Ticinum, Stilichon voit l'armée qu'il a rassemblée pour lutter contre l'usurpateur Constantin III s'en prendre aux forces fédérées barbares, ces Germains et ces Alains qui sont ses plus sûrs soutiens. On ignore les raisons exactes de cette mutinerie peut-être fomentée par Olympe ?

Le faible Honorius, travaillé par Olympe, un officier du palais, un courtisan ambitieux et jaloux du pouvoir de Stilichon et qui a juré sa perte, sacrifie alors son général à la colère de ses soldats qui le décapitent, à Ravenne, le 22 août 408. Sa famille et ses partisans sont poursuivis avec la dernière rigueur. Son fils Eucher est exécuté quelques jours ou quelques semaines plus tard. Sa fille, l'impératrice Thermancie, est répudiée. Son épouse Sérène est accusée de collusion avec Alaric et exécutée par étranglement en novembre 408.

L'Italie ayant perdu son plus sûr soutien, Alaric tente, dans les premirs jours de ce même mois de novembre, de prendre Rome en l'assiégeant et en l'affamant. Il ne lève le blocus qu'après avoir obligé Honorius à signer, en décembre 408, un traité humiliant. Il consent à laisser la vie aux romains que si ceux-ci lui remettent cinq mille livres pesant d'or, trente mille livres pesant d'argent, quatre mille robes de soie, trois mille pièces de drap fin et écarlate, trois mille livres de poivre.

Honorius, suivant les conseils d'Olympe, reconnaît alors comme collègue et Auguste l'usurpateur Constantin III qui se maintient tant bien que mal en Bretagne, en Gaule et en Espagne en espérant, en contrepartie, des secours qui lui permettront de lutter contre Alaric.

Suivant toujours les conseils d'Olympe, Honorius remet sans cesse au lendemain l'exécution du traité. Alaric se fâche et menace de nouveau Rome. Olympe envoie alors à Ravenne six mille hommes, le dernier carré de l'armée romaine, secourir la ville. Alaric l'anéantit, provoquant du même coup la chute d'Olympe, en mars 409.

A la fin de l'année 409, Alaric, qui n'a toujours pas été payé, se présente une nouvelle fois sous les murs de Rome, s'empare des greniers à grains d'Ostie et se met à affamer, une nouvelle fois, la ville. Le sénat demande grâce. Alaric exige alors qu'il proclame la déchéance d'Honorius et son remplacement par Attale, le préfet de la ville.

Le sénat obtempère, mais à Ravenne, Honorius refuse de céder sa place. Même si sa situation paraît désespérée, un concours de circonstances lui permet de rester sinon à la barre de l'empire, du moins à sa tête. Attale ne se conduit pas en créature aussi obéissante qu'Alaric le souhaite.

Celui-ci, après avoir réussi enfin à prendre la ville de Rome, le 24 août 410, à la piller et à la mettre à feu et à sang, meurt durant l'hiver de cette année-là.

A la fin de l'année 411, Honorius place à la tête de ce qui reste de l'armée romaine en capitaine de grande envergure, Constance. Grâce à son activité, Honorius réussit, de 411 à 423, à se débarrasser de tous les usurpateurs :

- en 411, d'un certain Maxime en Espagne, et de Constantin III (fait prisonnier, on lui promet la vie sauve. Pour le neutraliser définitivement, on l'ordonne prêtre, mais finalement on l'exécute parce qu'il a mis à mort les cousins de l'empereur) et de son fils Constant en Gaule;
- en 413, de Jovin, en Gaule;
- et finalement en 416, d'Attale, en Italie.

Une grande partie de la Gaule, débarrassée des Vandales, des Suèves, d'une partie des Alains et des Wisigoths, retourne sous l'autorité de Ravenne.

En 418, l'empereur peut de nouveau réunir à Arles l'assemblée annuelle du vicariat de Gaule chargée d'examiner les plaintes des provinciaux et décharger la cour impériale de l'examen de toutes les affaires lointoines.

Wallia, un général wisigoth passé au service d'Honorius, lui restitue une partie de l'Espagne.

Après les rébellions de Gildon et d'Héraclien, officiers envoyés en Afrique pour assurer le ravitaillement de Rome, cette province revient dans le giron de l'empire.

Ces succès valent à Constance d'être élevé, le 8 février 421, à la dignité d'Auguste.

Il est étonnant qu'un empereur lâche et infidèle envers ses plus proches collaborateurs, d'une intelligence médiocre, d'un caratère mou, d'une santé fragile, ait pu tenir aussi longtemps à la tête d'un empire qui vole en éclat. L'explication est à rechercher en dehors du personnage.

Jusqu'en 408, c'est à Stilichon, et à lui seul qu'il doit se maintenir sur le trône.

De 408 à 411, c'est à la faiblesse de ses ennemis et à celle des usurpateurs qui règnent sur la Gaule et qui se montrent incapables d'entreprendre une descente en Italie, qu'il doit ne pas être emporté.

De 411 à 423, c'est à son général Constance qu'il doit le rétablissement de son empire.

Sans ces hommes de valeur et un concours heureux de circonstances, jamais il n'aurait su faire face à la situation tragique dans laquelle les invasions barbares plongent, à ce moment-là, l'empire.

Après vinqt-cinq années mouvementées de règne (393-418), les cinq dernières années qu'Honorius passe à la tête de l'empire, se déroulent dans un calme relatif. Le 15 août 423, il meurt d'hydropisie.

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