Licinius : naissance vers 263 en Mésie; mort en 325 à Thessalonique (Macédoine)

Titre : Imperator Caesar Caius Valerius Licinianus Licinius Pius Felix Invictus Augustus (11 novembre 308-18 septembre 324 : 15 ans, 10 mois et 7 jours)

Nom

Licinius
Licinius
Musei Capitolini, Rome

Flavius Licinianus Licinius. Il ajoute le nom de Valerius lorsqu'il est nommé Auguste.

Naissance

vers 263.

Portrait

Les biographes chrétiens présentent ce persécuteur de l'Eglise et ce rival de Constantin comme une des figures les moins sympathiques de son époque. Ils se complaisent à le décrire comme un être cruel, tyrannique, arbitraire, n'hésitant pas à faire le vide autour de lui après sa victoire sur Maximin Daia pour régner en maître absolu sur l'Orient. Ils éprouvent une sorte de joie morbide à décrire en long et en large l'assassinat de tous ceux et celles qui de près ou de loin appartiennent à la cour impériale : de la femme, des enfants et des conseillers de Maximin Daia, de l'impératrice-veuve Valeria, l'épouse de Galère, de ses enfants, et de Prisca, la veuve de l'empereur Dioclétien.

Ils rapportent qu'il hait quiconque possède un brin de culture supérieure à la sienne. Or comme celle-ci n'est guère vaste, ni brillante.

Ils relèvent cependant que l'homme est excellent stratège et homme d'Etat fort capable.

Mariage

Licinius épouse Constantia, la demi-soeur de Constantin, qui lui donne, en 315, un fils, Flavius Valerius Licinianus Licinius (Licinianus ou Licinius junior), César de 317 à 324. Selon un miliaire découvert près d'Alba Julia, Constantia lui aurait donné un second fils de la destinée duquel on ignore tout.

Cursus

Licinius est un ami de l'empereur Galère. Officier, il s'est signalé lors de la guerre contre les Perses.

En novembre 308, à Carnutum, Galère le propose comme Auguste d'Occident à Dioclétien et à Maximien, en remplacement de Sévère II, assassiné en 307. Il reçoit la pourpre impériale quelques semaines plus tard, entre le 11 et le 31 décembre 308. Inconnu dans les allées du pouvoir, Licinius est contesté aussi bien par Maxence, le fils de l'ex-empereur Maximien et par Constantin, le fils de Constance Chlore, que par le César d'Orient, Maximin Daia. Tous trois n'acceptent pas que le nouvel élu ait été nommé Auguste sans avoir été d'abord César.

Dies imperii : entre le 11 et le 31 décembre 308

Règne

Constantin et Maxence refusant son élévation à la dignité d'Auguste, Licinius doit donc se contenter de ne régner que sur la péninsule balkanique et la Rhétie, le reste de l'Occident étant au pouvoir de ses deux rivaux.

A la mort de Galère, en 311, Licinius, qui se rend bien compte qu'il ne pourra jamais s'asseoir sur le trône d'Occident que se disputent Constantin I et Maxence, tente de ravir à Maximin Daia le trône d'Orient.

Pour y parvenir, il cherche d'abord la neutralité de Constantin. Celui-ci demeure le seul Auguste d'Occident après sa victoire sur Maxence en 312. Il accepte de le rencontrer à Milan entre janvier et mars 313 et tous deux scellent, par un mariage, un accord qui leur donne du temps pour consolider leur pouvoir. Licinius épouse Constantia, la demi-soeur de Constantin. Ils arrêtent aussi des mesures visant à rétablir la paix religieuse dans l'empire. La liberté de conscience est accordée à tous. Chacun peut pratiquer la religion de son choix. Tous les biens ecclésiastiques confisqués aux chrétiens doivent leur être rendus.

Sûr de la neutralité de Constantin, Licinius peut alors marcher contre Maximin Daia. Il le défait, le 30 avril 313, à Tzirallum en Thrace. Maximin Daia est obligé de prendre la fuite. Pour ne pas être fait prisonnier, il se suicide en avalant du poison en août 313, à moins qu'il ne meure tout bêtement de maladie.

A ce moment-là, il ne reste à la tête de l'empire plus que deux Augustes : Licinius et Constantin. Et à leur avis, il y en a encore un de trop.

Un premier conflit les oppose en octobre 316 déjà, après l'exécution de Bassianus, beau-frère de Constantin et ami de Licinius. Constantin inflige une première défaite à Licinius, le 8 octobre 316, au bord du Danube, à Vulovar, près de Cibalae en Pannonie, puis une seconde, en novembre, au Campus Ardiensis, en Thrace. Mais ces deux défaites ne lui suffisent pas pour mettre à genoux son rival. Il négocie donc. Il obtient de Licinius la mise à mort d'un de ses généraux, Valens. Licinius, l'avait nommé Auguste d'Occident. Constantin obtient encore de son adversaire toutes les provinces des Balkans, sauf la Thrace et la côte de la mer Noire. En contrepartie, Licinius obtient que son fils Licinianus soit élevé au rang de César en même temps que Crispus et Constantin II, les fils de son rival. C'est chose faite le 1er mars 317.

Malgré ce replâtrage, l'empire n'a plus guère de cohésion. Ses deux parties, l'orientale et l'occidentale, vivent de plus en plus leur vie propre. Seuls témoins de cette unité en voie de désagrégation : les monnaies des deux empereurs ont cours dans tout l'empire.

On connaît mal l'administration de l'Orient par Licinius. Il pratique, semble-t-il, une politique économique modérée, attentive aux classes les plus défavorisées. Il la finance en menant une politique brutale de confiscation des grosses fortunes.

Monothéiste, mais païen convaincu, il refuse, en matière religieuse, que l'église chrétienne forme un Etat dans l'Etat. Pour lui, les dispositions arrêtées, en 313, à Milan, avec Constantin, représentent le maximum qu'il veut accorder aux chrétiens, alors que pour Constantin, elles représentent un minimum.

Dès 320, deux faits vont brouiller définitivement les deux empereurs.

Le premier concerne Constantin. Fausta, son épouse, a mis au monde deux nouveaux fils auxquels il veut donner la place qui convient à leur rang. Licinius et son fils sont de trop.

Le second fait concerne Licinius. Celui-ci se met à persécuter les chrétiens. Il les écarte du palais, de l'administration impériale. Il exige que leurs assemblées religieuses se tiennent en plein air et non plus dans les églises. Il interdit aux évêques de sortir de leurs diocèses et de tenir des synodes. Il sait que la force de l'Eglise réside dans son organisation. Il cherche donc à la démanteler. Toute infraction est sévèrement punie. Les exécutions recommencent. Cette persécution lui vaut l'hostilité de tous les chrétiens qui appellent Constantin à leurs secours.

Celui-ci s'empresse de les entendre. En 323, il prend prétexte d'une incursion des Goths en Thrace pour entrer sur les terres de Licinius qui, lui, s'empresse de réunir une armée de cent soixante-cinq mille hommes. Constantin a derrière lui cent trente-mille hommes. Tous deux peuvent compter encore sur une flotte nombreuse.

Le 3 juillet 324, ces deux formidables armées se mesurent sur les bords de l'Hèbre, devant Andrinople. Constantin réussit à passer l'Hèbre, par surprise, et à infliger une sévère défaite à Licinius. Celui-ci s'enferme dans Byzance. Crispus, le fils de Constantin, l'attaque alors avec sa flotte. Après deux jours de bataille navale, les trois cent cinquante galères de Licinius sont envoyés par le fond ou dispersés. Cette nouvelle défaite oblige Licinius à fuir Byzance. Poursuivi par Constantin, Licinius est rejoint, le 18 septembre 324, à Chrysopolis, le port de la Calcédoine sur la côte d'Asie. Ne parvenant pas à refouler son ennemi, Licinius se réfugie à Nicomédie, où il capitule dans les derniers jours de septembre.

Constantia, la demi-soeur de Constantin, supplie ce dernier d'épargner la vie de son époux. Constantin se laisse fléchir et le relègue à Thessalonique. Mais six mois plus tard, en mars 325, il ordonne son exécution. Les sources divergent sur les raisons qui poussent Constantin à donner cet ordre.

Les sources païennes l'accusent de parjure. Constantin avait promis à Licinius la vie sauve.

Les sources chrétiennes comprennent, sinon approuvent la décision de Constantin. Licinius aurait recommencé à comploter contre lui.

Quant à ses fils, l'aîné, un bâtard qu'il aurait eu d'une esclave, est réduit de nouveau à sa condition servile et relégué dans les ateliers impériaux de Carthage avant d'être mis à mort vers 336-337. Constantin fait périr également, en 326 déjà; le César Licinius II, le fils légitime. Tous deux sont de trop, semble-t-il, vu ses ambitions dynastiques.

haut de page