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Macrin : né en 165 à Césarée (Cherchell) en Maurétanie Césarienne (Algérie), mort le 8 juin 218 (53 ans), en Cappadoce

Titre : Imperator Marcus Opellius Severus Macrinus Augustus Pius Felix (11 avril 217 - 8 juin 218 : ~15 mois)

Nom

Macrin
Macrin

Marcus Opellius Macrinus. Une fois au pouvoir, il ajoute le nom de Severus pour rallier les partisans des Sévères à sa cause.

Naissance

En 164, à Césarée (Cherchel) en Maurétanie.

Portrait

Macrin est un civil rompu aux affaires. On le dit adroit, entreprenant, mais on doute de son courage et de ses talents pour conduire une guerre.

Cursus

Si Macrin n'est pas le premier provincial devenu empereur, il est bien, en revanche, le premier à obtenir la fonction suprême sans être sénateur. Né en 164 à Césarée, ville portuaire de la côte maurétienne, ses parents, qui sont de rang équestre, appartiennent à la classe moyenne. La carrière de Macrin, qui est avocat de formation au temps de Lucius Verus, débute véritablement lorsqu'il devient intendant du puissant Plautien, commandant de la garde prétorienne sous Septime Sévère et directeur de la poste impériale sur la voie Flaminienne. En 212, Macrin occupe lui-même la même fonction sous les ordres de Caracalla, celui-ci le nomme préfet du prétoire en 212 lorsque se présente l'occasion de s'emparer du pouvoir.

Dies imperii : 11 avril 217

Règne

Caracalla est assassiné le 8 avril 217 alors qu'il marche contre les Parthes. Au moment du meurtre de Caracalla, durant trois jours, l'Empire romain ne possède pas de candidat à la succession. Caracalla n'a pas eu d'enfants et n'a pas désigné d'héritier officiel. Et pourtant il faut en nommer un sans tarder, le roi des Parthes Artaban marche, lui aussi, avec des forces considérables contre les romains. L'on n'eut pas recours à l'autorité d'un sénat faible et éloigné; les troupes seules donnèrent un maître à l'univers. Le choix de l'armée fut d'abord suspendu; et comme il ne se présentait aucun candidat dont le mérite distingué et la naissance illustre pussent fixer les regards et réunir tous les suffrages, l'empire resta sans chef pendant trois jours. L'influence marquée des gardes prétoriennes, enfla les espérances de leurs commandants: ces ministres redoutables commencèrent à faire valoir leurs droits légitimes sur le trône vacant. Cependant Adventus, le plus ancien des deux préfets, ne fut pas ébloui par l'éclat d'une couronne : son âge, ses infirmités, une réputation peu éclatante, l'engagèrent à céder cet honneur dangereux à un collègue adroit et entreprenant. Les conspirateurs ont donc le champ libre pour proposer leur homme. A en croire Dion Cassius et Hérodien, la succession aurait été prévue à l'avance et l'on aurait tué Caracalla pour laisser la place à Macrin. Si cela est exact, les conspirateurs se sont montrés très prudents, puisque Macrin a attendu trois jours avant de solliciter l'acclamation des troupes, le 11 avril 217. Les soldats ne le soupçonnant pas d'avoir commandité le meurtre de Caracalla, acceptent, non sans hésitations. Mais ils cèdent devant ses largesses. Les autres armées ratifient le choix. Le Sénat qui détestait Caracalla n'ose pas, après l'acceptation de l'armée, refuser ce personnage de basse extraction. Peu de temps après son avènement, Macrin donna le titre impérial à son fils Diadumenianus (11 mars 217), âgé seulement de dix ans, et le fit appeler Antonin, nom si cher au peuple. On espérait que la figure agréable du jeune prince, et les gratifications extraordinaires dont la cérémonie de son couronnement avait été le prétexte, pourraient gagner la faveur de l'armée, et assurer le trône chancelant du nouvel empereur.

Le règne de Macrin commence avec quelques inévitables exécutions et le remplacement de plusieurs gouverneurs de province par des hommes de son choix, issus de sa propre classe. Au pouvoir, il passe son temps à se maintenir sur le trône en voulant plaire à chacun, mais finit par lasser tout le monde, bien que menant une politique honnête.

Il cherche l'appui de l'armée, mais dans le même temps, il veut rétablir la discipline dans ses rangs et réduit de moitié la solde des nouvelles recrues pour plaire à ceux que le déficit de l'Etat empêche de dormir.

Il cherche à plaire au peuple en lui distribuant du blé et de l'argent, mais il fait beaucoup de jaloux dans la classe dirigeante en favorisant des gens de basse extraction.

Il cherche à plaire aux partisans des Sévères en proclamant divus Caracalla, mais dans le même temps il cherche à se concilier les faveurs des adversaires de cette dynastie en ramenant l'impôt de cet empereur sur les successions de 10 à 5%.

Pour le nouvel empereur, le problème Parthe va constituer le test décisif. Les Parthes n'étaient pas prêts pour l'invasion de Caracalla l'année précédente, mais, à l'automne 217, ils ont réuni une puissante armée et s'avancent en force vers les positions romaines. Les deux armées s'affrontent à Nisibe, dans le Nord de la Mésopotamie, mais aucune d'elles ne parvient à l'emporter. Pour conclure la paix, Macrin accepte de verser aux Parthes la somme colossale de 200 millions de sesterces. Cet accord humiliant ne lui gagne pas l'estime des soldats, d'autant qu'il commence à leur retirer certains privilèges concédés par Caracalla.

Il cherche surtout à briser les ambitions dynastiques des filles de la soeur de l'impératrice Julia Domna. Il se brouille rapidement avec elle, qui vit à Antioche et ne peut s'empêcher de conspirer avec les soldats. Il renvoie donc ces princesses syriennes à Emèse, dans leur ville d'origine. Quant à l'impératrice Julia Domna, âgée et atteinte du cancer du sein (?), elle se laisse mourir de faim et de chagrin, lorsqu'elle réalise qu'elle n'a plus la force de soulever l'armée contre l'usurpateur.

Mais ses filles ne se laissent pas abattre. C'est ce moment difficile que choisit le "faux Antonin" pour entrer en scène. Il s'agit de Varius Avitus, plus connu sous le nom d'Elagabale, qui est le petit-fils de Julia Maesa, la soeur de Julia Domna. C'est un adolescent de quatorze ans. Dans la nuit du 15 mai 218, une petite troupe de complices l'introduit furtivement dans le camp de la Troisième Légion "Gallica", à Raphaneia près d'Emèse. Le matin suivant, les soldats le proclament empereur et entrent en rébellion, encouragés par la rumeur selon laquelle Elagabale serait le fils illégitime de Caracalla. Car Caracalla, comme Commode avant lui, était très aimé des soldats. Macrin essaie de consolider sa position en distribuant de l'argent aux troupes pour gagner leurs faveurs. Mais sa générosité ne parvient pas à enrayer le flot des désertions, et il est contraint de se replier sur Antioche.

Enfin, l'empereur prit le parti de sortir d'Antioche pour aller au devant de son rival, dont l'armée pleine de zèle devenait tous les jours plus considérable. Les troupes de Macrin, au contraire, semblaient n'entrer en campagne qu'avec mollesse et répugnance. Le 8 juin 218, la III ème légion Parthica d'Apamée, fidèle à Macrin, affronte, à Immae, près d'Antioche, cette légion passée dans le camp des Sévères. Mais, dans la chaleur du combat, les prétoriens, entraînés presque par une impulsion naturelle, soutinrent leur réputation de valeur et de discipline. Déjà les rangs des révoltés étaient rompus, lorsque la mère et l'aïeule du prince de Syrie, qui, selon l'usage des Orientaux, accompagnaient l'armée dans des chars couverts, en descendirent avec précipitation, et cherchèrent, en excitant la compassion du soldat, à ranimer son courage. Antonin lui-même, qui dans tout le reste de sa vie ne se conduisit jamais comme un homme, se montra un héros dans ce moment de crise. Il monte à cheval, rallie les fuyards, et se jette, l'épée à la main, dans le plus épais de l'ennemi; tandis que l'eunuque Gannys, dont jusqu'alors les soins du sérail et le luxe de l'Asie avaient fait l'unique occupation, déploie les talents d'un général habile et expérimenté. La victoire était encore incertaine, et Macrin aurait peut-être été vainqueur, s'il n'eût pas trahi sa propre cause, en prenant honteusement la fuite. Sa lâcheté ne servit qu'à prolonger sa vie de quelques jours et à imprimer à sa mémoire une tâche qui fit oublier ses malheurs. Celui-ci s'enfuit vers le Nord dans l'espoir de trouver des appuis à Rome. Il rase sa barbe et ses cheveux pour passer inaperçu, mais il est trahi et arrêté en Calcédoine, alors qu'il s'apprête à traverser le Bosphore. Presque en même temps, son fils, qui tentait d'atteindre le royaume Parthe, est fait prisonnier à Zeugma, sur la frontière syrienne. Il tente de se suicider en se jetant du haut de son char alors qu'on le ramène à Antioche. Il rate son coup. Mais ses gardiens, eux, ne le ratent pas. Il est exécuté. Il a alors cinquante-trois ans.

Dès que les inébranlables prétoriens eurent appris qu'ils répandaient leur sang pour un prince qui avait eu la bassesse de les abandonner, ils se rendirent à son compétiteur; et les soldats romains versant des larmes de joie et de tendresse, se réunirent sous les étendards du prétendu fils de Caracalla. Antonin était le premier empereur qui fût né en Asie : l'Orient reconnut avec joie un maître sorti du sang asiatique.

Son incapacité à remporter une vraie victoire sur les Parthes et sur les partisans d'Elagabale a définitivement compromis son pouvoir. Mais ce que Macrin a payé de sa vie, c'est le fait de n'avoir pas compris à quel point il était dangereux de toucher aux privilèges de l'armée.

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