Othon : né en 32, mort le 16 avril 69 à BedriacumTitre : Imperator Marcus Otho Caesar Augustus (15 janvier 69 - 16 avril 69 : 3 mois)Nom
Marcus Salvius Otho NaissanceOthon est né le 28 avril 32 à Ferentium en Etrurie, au Nord de Viterbe, pendant le consulat de Camillus Arruntius et Domitius Ahenobarbus. FamilleLa famille d'Othon, originaire de Férentium, comptait parmi les plus anciennes et distinguées d'Etrurie. Son grand-père, M. Salvius Othon, fils d'un chevalier romain et d'une femme de condition modeste ou peut-être servile, fut élevé au Sénat grâce à l'influence de Livie et ne parvint qu'à la préture. Son père, Lucius Othon, héritier d'un prestige maternel et de nombreuses alliances importantes, exerça avec rigueur diverses magistratures à Rome, le proconsulat en Afrique, et plusieurs commandements extraordinaires. En Illyrie, il alla jusqu'à faire exécuter des soldats qui, après avoir participé à la révolte de Camille contre Claude, s'étaient repentis et avaient tué leurs chefs. Othon supervisa leur exécution devant son pavillon. Bien que cet acte de fermeté ait renforcé sa réputation, il affecta brièvement son influence, qu'il regagna après avoir informé Claude d'une tentative d'assassinat par un chevalier romain, dénoncé par ses propres esclaves. Lucius Othon eut avec son épouse Albia Terentia, issue d'une noble famille, deux fils, Lucius Titianus et Marcus, qui partagea le surnom de son frère aîné, et une fille promise en mariage à Drusus, fils de Germanicus, avant qu'elle n'atteigne l'âge nubile. PèreIl est le fils cadet de Lucius Salvius Otho. Très proche de Tibère, il lui ressemble à tel point que beaucoup le considèrent comme son fils. MèreAlbia Terentia donne naissance à trois enfants : Licius Titanus, Marcus, et une fille qui est promise en mariage à Drusus, le fils de Germanicus, par son père. EnfanceDès son adolescence, il était si dépensier et si débauché que son père avait souvent recours au fouet pour le discipliner. Après la mort de son père, désireux de se faire bien voir d'une affranchie influente à la cour, il simula des sentiments amoureux envers elle, bien qu'elle fût âgée et presque infirme. Cette affranchie le présenta à Néron, qui le comptait rapidement parmi ses proches amis, en raison de leurs comportements similaires et, selon certains historiens, de leur débauche partagée. MariageNéron "lui confia provisoirement Poppaea Sabina, alors simplement sa maîtresse, qu'il avait enlevé à son mari. Othon la reçut chez lui en feignant de l'épouser; mais non content de l'avoir séduite, il s'en éprit à tel point qu'il ne put supporter la partager même avec l'empereur. On prétend du moins que non seulement il refusa de recevoir les gens envoyés par Néron pour la redemander, mais qu'un jour il alla jusqu'à fermer sa porte à l'empereur lui-même, qui joignit en vain les menaces aux prières afin de ravoir son dépôt" (Suétone). C'est la seule épouse qu'on lui connaisse. Portrait"Il était de petite taille, mal planté sur ses pieds, avec les jambes cagneuses; il avait des coquetteries presques féminines, car il se faisait épiler, et, comme ses cheveux étaient rares, il portait une perruque si bien faite et si exactement ajustée que nul ne s'en apercevait; bien plus, il se rasait tous les jours et s'appliquait ensuite sur le visage de la mie de pain mouillée, habitude qu'il avait prise dès sa première pousse de barbe, afin de ne jamais en avoir" (Suétone).
Dies imperii : 15 janvier 69CursusPoppée, qui deviendra plus tard la femme de Néron, épouse initialement Othon, un ami de l'empereur, probablement pour se rapprocher de Néron, son véritable objectif. Après être devenue la maîtresse de Néron, Poppée divorce d'Othon en 58 av. J.C. et concentre tous ses efforts pour devenir impératrice de Rome. Suite à cela, le divorce fut prononcé et Othon fut relégué au poste de gouverneur en Lusitanie. Pendant dix ans, il géra sa province en tant que questeur, faisant preuve d'une modération et d'un d�sintéressement notables. Lorsque l'opportunité de se venger se présenta, Othon fut le premier à se joindre à Galba dans ses efforts, et dès lors, il nourrit l'ambition de régner. Il espérait être adopté par Galba et s'attendait chaque jour à ce que cette espérance se concrétise. Cependant, déçu que Galba ait préféré Pison, il se tourna vers la violence. Cette frustration, ajoutée à l'ampleur de ses dettes, le poussa à prendre des mesures extrêmes. Peu de jours auparavant, il avait extorqué un million de sesterces à un esclave de Galba en échange de l'obtention d'un poste d'intendant. Sa première intention était de prendre le contrôle du camp juste après l'adoption de Pison par Galba, et d'attaquer Galba dans son palais pendant qu'il dînait. Toutefois, il y renonça par considération pour la cohorte en garde à ce moment-là, ne souhaitant pas la rendre excessivement impopulaire. C'était la même qui avait permis l'assassinat de Caligula et qui avait abandonné Néron. Des superstitions le retinrent pendant quelque temps, jusqu'à ce qu'enfin, ayant fixé le jour, il convoqua ses complices au Forum, près du temple de Saturne, autour du milliaire d'or. Le matin, il alla saluer Galba qui l'embrassa, selon sa coutume. Il assista aussi au sacrifice qu'offrait l'empereur, et entendit les prédictions de l'aruspice. Par la suite, un affranchi vint lui annoncer la présence des architectes, ce qui était le signal convenu. Othon s'éloigna sous prétexte d'aller visiter une maison à vendre, puis il s'échappa discrètement par une porte secrète du palais pour rejoindre le lieu du rendez-vous. D'autres rapportent qu'il simula une fièvre et demanda à son entourage de justifier son absence par cet état de santé, au cas où quelqu'un s'enquerrait de lui. Déguisé et caché dans une litière conçue pour les femmes, il se dirigea vers le camp. Toutefois, ses porteurs s'épuisant, il fut contraint de continuer à pied. Sa chaussure se détachant, il dût s'arrêter. Des soldats le hissèrent alors sur leurs épaules et le proclamèrent empereur. Il avança ainsi jusqu'à la place d'armes, acclamé et entouré d'épées brandies. Tous ceux qu'il croisait se ralliaient à lui, comme s'ils avaient été complices du complot. Là il envoya des cavaliers pour égorger Galba et Pison. Les premières annéesLe peuple, voyant en Galba une réminiscence de Néron, l'accueillait sous le nom de ce dernier. Il autorisa la restauration des statues de Néron, remit en fonction ses anciens intendants et alloua 50 millions de sesterces à l'achèvement de la Maison d'Or. Ayant assassiné Galba, il se sentait obligé d'honorer la mémoire de celui dont il semblait avoir vengé la mort. Malgré la méfiance profonde du sénat envers lui, due à ses liens avec Néron et la manière violente dont il avait pris le pouvoir, il parvint aisément à rallier le sénat. Il rappela les sénateurs exilés, restitua leurs biens non vendus et confia des magistratures à des personnalités respectables. Le sénat lui octroya les pouvoirs et privilèges traditionnels. Othon continua la politique de naturalisation de ses prédécesseurs, accordant le droit de cité à toute la tribu des Lingons en Gaule. Durant ses dix ans de gouvernance en Lusitanie, il avait agi avec modération, et ses premières actions à Rome furent également positives. Il permit aux prétoriens de choisir leurs préfets et nomma Sabinus, frère de Vespasien, préfet de Rome, leur donnant ainsi un contrôle sur l'administration civile. Il tempéra cependant leur tendance au massacre et au pillage, ne leur laissant que trois ministres de son prédécesseur. Ils voulaient exécuter Marius Celsus, consul désigné et fervent partisan de Galba. Pour le sauver, Othon feignit la colère, l'emprisonna, puis peu après, lui confia un poste important, faisant de lui un de ses plus proches alliés. Les soldats demandaient la suppression des taxes versées aux centurions pour les congés; il les maintint mais les fit financer par le fisc, une mesure jugée utile par Tacite et conservée par les bons princes. Bien que plusieurs sénateurs aient parlé contre lui, il semblait avoir tout pardonné, à l'exception de sa décision de livrer Tigellin, le favori de Néron, à la vindicte populaire, en lui ordonnant de se suicider pour trahison. Othon contre Vitellius� la m�me p�riode, l'armée de Germanie prêta serment d'allégeance à Vitellius. � l'annonce de cette nouvelle, Othon recommanda au sénat d'envoyer des délégués au général Vitellius pour l'informer qu'un empereur avait déjà été élu, et pour l'inciter à favoriser la paix et l'unité. De son côté, il tenta de négocier avec Vitellius par l'intermédiaire de ses fidèles et par courrier, lui proposant une co-empire et une alliance par mariage. Au début, les deux princes échangèrent des paroles pacifiques, qui dégénérèrent ensuite en menaces, et finirent par s'attaquer mutuellement à travers des tentatives d'assassinat. Othon, qui contrôlait l'Italie et l'Afrique et était reconnu par les légions d'Orient et d'Illyricum, administrait Rome en temps de paix et sans recours à la violence, tout en se préparant activement à la guerre. Il confirmait les nominations faites par Néron et Galba, restituait leurs honneurs aux exilés, maintenait L. Vitellius, frère de son adversaire, dans ses fonctions et se contentait de reléguer Cornelius Dolabella à Aquinum, considéré par beaucoup comme un prétendant potentiel à l'empire (Galba avait auparavant dissous la garde germaine lui �tant fidèle). Pour s'assurer le soutien des provinces, il partageait le consulat entre Verginius et un noble de Vienne, Vopiscus; il octroyait le droit de cité aux Lingons; il fondait de nouvelles colonies à Hispalis et à Emerita, accordait des privilèges à l'Afrique et à la Cappadoce; et étendait la juridiction de la Bétique sur la Maurétanie, ce qui constituait une punition pour cette dernière et un honneur pour la première. Othon avait bien agi en rappelant les principes de la loi à ces soldats enragés. Cependant, il avait dû acheter leur écoute et leur modération par un don de 5 000 sesterces à chacun, un geste qu'il convient malgré tout de saluer, surtout au vu de la manière dont son adversaire, Vitellius, exerçait déjà le pouvoir. Celui-ci, marqué par un orgueil tel qu'il dédaignait le titre de César et acceptait à peine celui d'Auguste, préférait être appelé Germanicus. En effet, ce sont des barbares, Germains ou Gaulois, qu'il conduisait au pillage de Rome; Caecina, son général, adoptait leur tenue et recevait les députations des sénats italiens vêtu de la tunique bigarrée d'un Chérusque et des larges braies d'un Batave. Ses troupes commettaient d'horribles ravages sur leur passage : à Divodurum (Metz), elles tuèrent quatre mille hommes. � Langres, ville alliée, des affrontements sanglants éclatèrent entre les légionnaires et huit cohortes d'auxiliaires bataves. Dans le territoire des Eduens, on chercha en vain un prétexte de guerre. Outre l'argent et les armes exigés, ce peuple fournit également gratuitement les vivres. Autun, par peur, avait anticipé toutes les demandes. Mort d'OthonBien que les armées du Danube, d'Orient et d'Afrique soutiennent pleinement Othon, celles du Rhin ne le reconnaissent pas et restent fidèles à Vitellius, leur leader, qu'elles aspirent à voir au pouvoir. Vitellius, avec le soutien et les renforts des légions de Bretagne, de Belgique, de la Lyonnaise, d'Espagne et de Rhétie, toutes motivées à l'idée de piller la riche Italie, peut rapidement mobiliser une armée de plus de soixante-dix mille hommes pour marcher contre Othon. Othon ne participa personnellement à aucune bataille et resta à Brixellum. Vitellius, quant à lui, envoya son armée, divisée en deux corps commandés respectivement par Fabius Valens et Aulus Caecina Alienus, en Italie. Caecina, arrivant le premier, se positionna aux abords de Crémone. Avec l'arrivée de la seconde division sous Valens, les forces de Vitellius devinrent presque deux fois supérieures à celles d'Othon. Les commandants de ce dernier lui conseillèrent d'attendre les légions du Danube, mais face à la construction d'un pont par l'armée de Vitellius pour traverser le Pô et avancer sur Rome, l'affrontement devint inévitable. Les troupes d'Othon, engagées contre celles de Vitellius, subirent une lourde défaite lors de la première bataille de Crémone, le 14 avril. Cependant, la défaite finale d'Othon à Bédriac fut orchestrée par ruse. Une entrevue lui fut proposée et les troupes furent déployées comme si elles allaient assister aux négociations, conduisant à sa défaite sur un champ de bataille où quarante mille hommes tombèrent. Dès lors, Othon décida de mourir par un sens de l'honneur, comme beaucoup le pensent à juste titre, non pas par désespoir ou par manque de confiance en la loyauté de son armée. Sa décision visait plutôt à éviter de s'accrocher au pouvoir au risque de mettre en danger les légions et l'empire. En effet, il disposait encore de toutes les troupes qui l'avaient accompagné dans l'espoir de succès, avec des renforts en provenance de Dalmatie, de Pannonie et de Mésie. De plus, les troupes vaincues étaient elles-mêmes si peu démoralisées qu'elles auraient volontiers affronté tous les périls pour laver leur honneur, comptant uniquement sur elles-mêmes. "Cela suffit pour une bataille," déclara-t-il, et il prépara sereinement ses derniers moments, sans ostentation. Il adressa à chacun des paroles bienveillantes, adaptées à leur âge et leur statut, exhortant les plus jeunes à fuir pour échapper à la vengeance du vainqueur et conjurant les plus âgés de faire de même. D'un visage paisible et d'une voix assurée, il les dissuada de verser des larmes inutiles. Il veilla à ce que ceux qui partaient disposent de bateaux ou de voitures, brûla toutes ses lettres et partagea son argent avec ses domestiques. Alors qu'il se préparait pour son dernier acte, il entendit du tumulte et réalisa que ceux qui quittaient le camp sur ses ordres étaient arrêtés comme déserteurs. Il ordonna qu'on ne fasse violence à personne et ouvrit sa tente à tous ceux qui souhaitaient lui parler. Il encouragea son frère, le fils de son frère et tous ses amis à choisir la voie qui leur semblait la meilleure, les prit dans ses bras, les embrassa et les laissa partir. Ensuite, s'isolant, il rédigea deux lettres, l'une pour consoler sa soeur, l'autre à Messaline, veuve de Néron qu'il avait désirée en mariage, lui confiant le soin de ses funérailles et de sa mémoire. Puis il brûla toutes ses lettres restantes pour éviter de mettre quiconque en danger ou en disgrâce face au vainqueur, et distribua son argent à ses serviteurs. Resté seul enfin, il demanda de l'eau glacée et deux poignards, testa leur pointe, puis, une fois assuré du départ de ses amis, se coucha tranquillement et s'endormit. Au lever du jour, il se poignarda sous le sein gauche. � ses premiers gémissements, on accourut, mais il expira rapidement : il n'avait pas trente-huit ans. Ses funérailles furent organisées immédiatement, comme il l'avait demandé. Les prétoriens portèrent son corps, couvrant de baisers et de larmes ses mains et sa plaie; certains se suicidèrent sur son bûcher. � Bédriac, à Plaisance et dans d'autres camps, des morts similaires eurent lieu. Le père de Suétone, Suetonius Leuis, était alors présent auprès d'Othon en tant que tribun de la treizième légion. Plutarque a vu la tombe du prince : elle était simple et portait seulement son nom en inscription. Cet attachement des soldats pour leur chef et la fin noble d'un prince qui refusait de prolonger la guerre civile illustrent un vestige de vertu ancienne, émergeant entre les orgies et les lâchetés de Vitellius et de Néron, rappelant que le dévouement et le courage, restent possibles même dans des temps sombres (16 avril 69). Finalement, nombre de personnes qui lui avaient voué une haine implacable de son vivant, le couvrirent d'éloges après sa mort. Il se murmura même que s'il avait renversé Galba, ce n'était pas tant pour régner que pour restaurer la république et la liberté. |
