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Septime Sévère : né le 11 avril 146 à Leptis Magna (actuelle Lybie), mort le 4 février 211 à Eboracum (York, Bretagne)

Titre : Imperator Caesar Lucius Septimius Severus Pertinax Augustus (1er juin 193 - 4 février 211 : 17 ans, 8 mois et 3 jours )

Nom

S�v�re
Sévère
Musée du Louvre

Lucius Septimius Severus. Au moment de son accession au pouvoir, il prend encore le nom de Pertinax.

Naissance

le 11 avril 146, à Leptis Magna, ville fondée par les Phéniciens, en Tripolitaine (sur la côte de la Lybie actuelle).

Famille

Il est issu d'une famille de chevaliers et de sénateurs, dont plusieurs membres, son grand-père, son père et ses oncles, ont fait de brillantes carrières. Deux cousins de son père sont pourtant parvenus à la dignité de consul alors qu'il était encore enfant. La première épouse de Septime Sévère, Pacca Marciana, est une dame de Leptis. Lui-même conservera toujours un accent africain. Provinciale, sa famille, à la différence de celles de Trajan ou d'Hadrien, qui étaient des colonisateurs, est une famille de colonisés. Cette origine explique, en partie, son mépris pour les romains de Rome et l'aristocratie sénatoriale.

Père

Publius Septimius Geta

Mère

Fulvia Pia

Portrait

Jeune, Septime Sévère montre un goût prononcé pour les études, la rhétorique et les arts libéraux, le droit et les sciences religieuses plus précisément mais ce n'est pas un rat de bibliothèque. Bien au contraire, il mène une vie estudiantine plutôt agitée. N'est-il pas accusé d'adultère? Mais son futur rival, Dide Julien, alors préteur, l'acquitte. N'ayant jamais dût intervenir personnellement dans une bataille, il se construisit plutôt une réputation de bon administrateur que de général. Il est aussi célèbre à cause de son accent punique qu'il traîne avec lui et qui fait l'objet de toutes les plaisanteries à Rome.

Mariage

En 175, il épouse Paccia Marciana qui lui donne deux filles. Elle meurt tandis qu'il commandait dans la Gaule lyonnaise. On lui dit qu'une jeune dame d'Emèse en Syrie était née, sous une constellation qui présageait la royauté : aussitôt il la recherche en mariage, et obtient sa main (180). Fille du grand prêtre de Baal à Emèse, belle, ambitieuse, intelligente, libre de moeurs et d'allures, croquant la vie à pleines dents, c'est une maîtresse femme qui sait aussi bien tromper son mari que le pousser dans sa carrière. Cultivée, elle rassemble autour d'elle toute une cour d'intellectuels, de savants, de philosophes, d'écrivains. Julie Domna, c'est ainsi qu'on la nommait, méritait tout ce que les astres pouvaient lui promettre.

Elle lui donne deux fils : Caracalla, né à Lyon, le 4 avril 188 et Geta, né à Rome ou Milan, le 27 mai 189. En qualité d'Augusta, elle est associée au pouvoir. "Nouvelle Demeter", "Hera la Romaine", "Virgo Caelestis", on va jusqu'à lui rendre un culte officiel. Elle accompagne Sévère dans toutes ses campagnes, ce qui lui vaut encore le surnom de Mère des camps.

Julie cultiva les lettres et la philosophie avec quelque succès et avec une grande réputation. Son mérite a été célébré par des écrivains qui représentent cette princesse comme un modèle accompli.

Elle survit à son mari et à ses deux fils. Macrin, l'assassin et successeur de Caracalla, son fils, la traite avec respect, mais ne la renvoie pas moins à Emèse où malade d'un cancer du sein (?), elle se laisse mourrir de chagrin et de faim, en 217.

Cursus

Septime Sévère arrive à Rome après son dix-huitième anniversaire et est nommé sénateur par Marc Aurèle. C'est grâce à son oncle que Septime Sévère obtient l'honneur d'entrer au sénat. Questeur en Sardaigne, en 171, légat du proconsul en Afrique, probablement en 173 ou 174, tribun de la plèbe, en 174 ou 175, préteur en 178, légat en Espagne en 179, il est promu, en 180, à la tête de la IVème légion, la Scythica, stationnée en Syrie. Au début du règne de Commode, il est écarté de la vie publique. Il se retire donc à Athènes, puis à Marseille.

Il opère son retour à la vie publique en 187-188. Il administre la Lyonnaise qu'il purge, avec l'aide de son futur adversaire Pescennius Niger, de Maternus et de ses brigands. En 189, il est envoyé en Sicile en qualité de proconsul, puis, en 191, au poste de gouverneur de l'importante province de Pannonie supérieure avec le rang de consul. Plus qu'à son propre mérite, il doit cette promotion à l'influence de son compatriote et ami, le chef de la garde prétorienne Aemilius Laetus. C'est là, à Carnutum, que le 9 avril 193, ses soldats, apprenant que les prétoriens de Rome ont assassiné Pertinax et mis l'empire aux enchères, le proclament empereur.

Dies imperii : 9 avril 193

Règne

Septime Sévère est le premier empereur originaire d'Afrique du Nord. Prenant de vitesse aussi bien Pescennius Niger proclamé empereur par les légions d'Orient que Clodius Albinus soutenu par celles de Bretagne, d'Espagne et de la Gaule, il quitte Carnutum à la tête, semble-t-il, de la légion I Adjutrix et de la Gemmina pour marcher sur Rome, via l'Italie du Nord. Dans la capitale, il sait qu'il peut compter sur la grande majorité des politiciens originaires comme lui d'Afrique et sur un certain nombre de sénateurs. Dide Julien tente, mais en vain, d'organiser une résistance valable. Mais tous l'abandonnent. Dide Julien est mort le 1er juin 193, le jour où Septime Sévère arrive devant Rome qui lui ouvre les portes sans combat et le sénat le reconnaît immédiatement pour empereur.

Mais il n'entre pas immédiatement dans la capitale de l'empire. Il n'y fait son entrée que huit jours plus tard, le 9 juin. Il impressionne le peuple en marchant à la tête de ses troupes à pied et en habits civils.

Le lendemain, le 10, Septime Sévère se rend au sénat, l'assure qu'il va continuer dans la droite ligne de Marc-Aurèle et de Pertinax et lui donne tous les gages d'une bonne collaboration. Ce qu'il ne dit pas à cette Haute assemblée qu'en bon provincial, il méprise, c'est qu'une fois, ses rivaux écartés, il veut gouverner seul, en s'appuyant sur les provinces, forces vives de l'empire, et sur l'armée à qui il doit le pouvoir. Mais sur le moment, il se concilie tout le monde en demandant l'apothéose pour Pertinax et en licenciant les prétoriens qui se sont déshonorés à jamais en bradant l'empire au plus offrant. Il les remplace par une nouvelle garde prétorienne formée de dix mille légionnaires, choisis parmi les meilleurs dans les différentes armées, en particulier dans celle du Danube.

Mais auparavant, il règle les comptes avec les prétoriens. Il mettra tout en oeuvre pour venger la mort de Pertinax, incluant même le nom de ce dernier dans sa titulature impériale. Il feint d'inviter les prétoriens à défiler à l'extérieur de la ville sans leurs armes, comme ils le font pour les cérémonies officielles. Puis il les fait cerner par ses hommes et ordonne l'exécution de ceux qui ont pris part au meurtre de Pertinax. Les autres sont renvoyés et sommés de stationner, sous peine de mort, à plus de 150 kilomètres de Rome.

Le premier rival auquel le nouvel empereur s'attaque est Pescennius Niger, le gouverneur de Syrie proclamé empereur par les légions d'Orient. Niger a rassemblée ses forces et fortifié les cols des montagnes du Taurus, qui protègent le flanc Nord de la Syrie et Antioche, sa capitale. Il a également envoyé une armée, à l'Ouest, s'emparer de Byzance, cité qui contrôle le passage étroit du Bosphore. Cela n'empêche pas les troupes de Septime Sévère de passer de Thrace en Asie Mineure. Vers la fin de 193, elles remportent deux importantes victoires sur l'armée de Niger, la première près de Cyzique, sur les rives de la mer de Marmara, la seconde à Nicée, un peu plus à l'Est. Les travaux de Niger dans les cols du taurus n'arrêtent pas davantage l'armée de son adversaire, qui avance vers la Syrie.

La bataille décisive a lieu en mars ou avril 194, près d'Issus, dans la plaine où Alexandre le Grand a vaincu le roi perse Darius III cinq cents ans auparavant. Les troupes de Niger, moins fortes que les légions du Nord, se font tailler en pièces dans leur fuite. Niger lui-même se sauve à cheval vers le Sud. Capturé dans les environs d'Antioche, il est décapité. Ses partisans sont châtiés sans pitié. Beaucoup d'entre eux préfèrent se réfugier chez les Parthes, voisins ennemis héréditaires des Romains en Orient, plutôt que de subir la féroce répression de Septime Sévère. Au cours de l'été 195, ce dernier entreprend une expédition dans le Nord de la Mésopotamie pour punir les Parthes qui ont soutenu Niger et ses partisans.

Après la défaite de Niger, Septime Sévère ne compte plus qu'un rival sérieux : Clodius Albinus, gouverneur de Bretagne, qui s'est déclaré, à son tour, empereur en janvier 196. Il lui a donné le titre de César pour acheter son soutien ou tout au moins sa neutralité, dans la guerre qui l'oppose à Niger. Mais il n'a aucunement l'intention de partager le pouvoir avec Albinus.

Vers la fin de 195, Septime Sévère change le nom de son fils aîné Septimius Bassianus (plus connu sous le nom de Caracalla) en Marcus Aurelius Antoninus, par référence à la dynastie antonine. Au même moment, Caracalla, garçon de sept ans seulement, reçoit le titre de César. Clodius Albinus n'est donc plus le successeur désigné de Sévère. Cet acte équivaut à une déclaration de guerre.

Au cours de l'année 196, Albinus traverse la Gaule avec une armée de quarante milles hommes dont le noyau est formé par les trois légions de Bretagne. Albinus bénificie aussi du soutien de la septième légion "Gemina", stationnée en Espagne. Il s'installe à Lyon, lève de nouvelles troupes et réussit presque à s'emparer des pays rhénans avec leurs garnisons et leurs forts. De son côté, Septime Sévère passe la plus grande partie de l'année à Rome. Il formule de nouvelles lois et affermit son pouvoir. En janvier 197 seulement, il se met en route pour la confrontation finale avec son ancien allié.

La bataille se déroule le 19 février 197, aux abords de Lyon. L'issue demeure quelque temps incertaine : Septime Sévère, jeté à bas de son cheval, se débarrasse du manteau impérial pour cacher son identité. La cavalerie arrive à point pour rétablir la situation. Battu, Albinus s'enfuit à Lyon, mais il ne parvient pas à semer ses ennemis et se suicide. Dans un acte de cruauté révélateur de l'homme, Septime Sévère étale le cadavre nu sur le sol et le piétine avec son cheval. La tête, coupée, est envoyée à Rome, tandis que le corps est jeté dans le Rhône avec ceux de la femme et des fils d'Albinus. D'après les dires de Dion Cassius, les deux empereurs engagent près de soixante-quinze milles hommes chacun.

De retour à Rome, en juin 197, l'empereur prend des mesures pour éliminer les partisans de Niger et d'Albinus. C'est ainsi qu'il fait exécuter vingt-neuf sénateurs sympathisants de Clodius Albinus. Et le 28 août 197, face au sénat désormais muselé, il affirme clairement le principe dynastique qu'il entend faire respecter en nommant son fils Caracalla Imperator designatus. Habile politicien, il tempère ce coup de force en procédant à des distributions de blé et d'argent au peuple et en lui donnant des jeux splendides.

En politique intérieure, dans le domaine du droit, Septime Sévère poursuit les réformes entreprises depuis Hadrien, Antonin le Pieux et Marc Aurèle et qui tendent à interpréter la loi de manière plus humaine, plus large, plus attentive à la défense des faibles et tenant davantage compte des circonstances.

Dans le domaine politique, il limite les prérogatives du sénat jugé trop rétrograde. Il n'hésite pas à élargir son recrutement pour combattre ses tendances trop réactionnaires.

Dans le domaine financier, il restaure les finances publiques.

Dans le domaine urbanistique, à Rome, il ordonne de grandes constructions et d'importantes restaurations : thermes, aqueducs, théâtres, portiques, casernes.

Dans le domaine militaire, il soigne avec le plus grand soin son armée à laquelle il doit le pouvoir. Il la "provincialise" ne substituant aux Italiens ses soldats illyriens. Il améliore grandement leurs conditions matérielles et n'insiste pas trop sur la discipline. Il augmente par exemple leur solde et il leur permet de vivre hors des camps avec leur femme et leurs enfants... Il change la répartition des légions mise en place par Auguste. En Orient, les légions passent de six à onze, sur le Danube, de sept à douze, et sur le Rhin, de huit à quatre, les Germains paraissant moins dangereux que les Parthes. Enfin, une légion est stationnée en Italie, aux portes de Rome, à Albano, pour tenir en respect aussi bien le sénat que le peuple.

Dans le domaine économique, en assurant une paix durable, il améliore sensiblement dès 202, la prospérité des provinces dont il connaît fort bien les besoins grâce à ses nombreux voyages. Cette prospérité est surtout visible dans sa province natale, l'Afrique, dans celle de sa femme, la Syrie, et dans celles de ses soldats, les provinces danubiennes.

Dans le domaine religieux, il favorise aussi bien la religion de l'Etat que les diverses religions "païennes". Croyant, superstitieux même, tout ce qui touche à la religion excite sa curiosité. Vis-vis de la religion chrétienne, il ne marque aucune hostilité de 193 à 202. Son entourage compte de nombreux chrétiens. Mais en 202, dans un rescrit, il ordonne les poursuites d'office à l'encontre des chrétiens pour enrayer les progrès de cette nouvelle religion. Ce rescrit déclenche une nouvelle persécution, la cinquième selon les historiens de l'Eglise, à laquelle échappent un Clément d'Alexandrie, en prenant la fuite, et un Origène grâce à de puissants appuis, mais à laquelle succombent de simples chrétiens et chrétiennes, telles Perpétue et Félicité, qui subissent le martyre, en 204, à Carthage, lors du voyage de l'empereur en Afrique.

La guerre parthique

L'empereur, qui ne sera jamais aimé du sénat, s'appuie sur l'armée. Il améliore la solde et les conditions de vie des soldats, leur permet de se marier et de vivre avec leurs femmes et leurs familles plutôt que dans les casernes. Septime Sévère prend aussi des mesures pour gagner la faveur du peuple de Rome. Il organise continuellement des spectacles de toutes sortes et sacrifie dans l'arêne des animaux sauvages venus du monde entier. Quelques mois, plus tard, il se lance dans une nouvelle campagne militaire.

Mais très vite, il doit de nouveau quitter la capitale, les Parthes menacent de nouveau l'empire. Il mène contre eux, de 197 à 199, une brillante campagne qui lui permet de leur enlever la Mésopotamie et Ctésiphon, leur capitale, en novembre ou décembre 197.

Sa première campagne n'est guère plus qu'une démonstration de force. La seconde se révèle plus sérieuse. Parvenus dans le Nord de la Mésopotamie, Septime Sévère et son armée descendent l'Euphrate en bateau, puis marchent sur la capitale parthe, Ctésiphon. Les troupes romaines, qui rencontrent une faible résistance, s'emparent de la cité et la pillent. Les hommes sont exécutés, les femmes et les enfants, cent mille environ, réduits en esclavage, tandis que le trésor des rois parthes est vidé de ses bijoux et autres objets précieux. Le Nord de la Mésopotamie redevient une province romaine, comme dans les dernières années du règne de Trajan.

La prise de Ctésiphon survient à la fin de 197. Septime Sévère demeure encore cinq ans en Orient. Il passe les deux premières années à organiser la nouvelle province et à tenter d'enlever (sans succès) l'importante cité caravanière d'Hatra. L'empereur entreprend ensuite un voyage en Palestine et en Egypte. Il se recueille devant le corps embaumé d'Alexandre le Grand, à Alexandrie, et remonte le Nil pour visiter les pyramides et les temples de Thèbes.

Il célèbre avec ses soldats cette campagne victorieuse en nommant, le 12 octobre (?) 198, son fils aîné, Caracalla, âgé de 12 ans, coempereur, avec le titre d'Auguste. Geta, son deuxième fils, reçoit, lui, le titre de César.

De 199 à 202, il s'attarde avec sa famille en Orient pour mieux attacher à sa personne ces provinces de l'empire. En Egypte, il n'hésite pas à remonter le Nil jusqu'à la frontière de l'Ethiopie.

Il ne revient à Rome qu'en avril 202. Il refuse le triomphe que veut lui accorder le Sénat. La goutte l'empêche de monter sur un char. Mais il donne au peuple sept jours consétifs de fête.

En 203-204, il se rend en Afrique du Nord et visite plusieurs villes dont Carthage et sa ville natale de Leptis Magna.

En 204, il célèbre les Jeux Séculaires, qui doivent marquer le début d'un nouvel Age d'or.

L'affaire Plautien

Le 22 janvier 205, il sacrifie, à regret, Plautien, son favori.

Deux versions sont avancées sur les causes de cette chute qui fait grand bruit.

Dion Cassius prétend qu'elle est le fait de Caracalla, qui ne peut souffrir de la tutelle de son beau-père. Au cours de l'audience que Septime Sévère accorde à son favori pour lui permettre de se justifier de toutes les accusations dont son beau-fils l'accable, celui-ci ordonne à un licteur d'exécuter sur place son beau-père. Ce qu'il fait.

Hérodien, lui, se fait l'écho de la version officielle. Plautien est ainsi mis à mort parce qu'il a tenté de renverser l'empereur.

Septime Sévère revient à Rome au cours de l'été 202. Agé selon les critères romains, perturbé par de fréquentes maladies. Après son retour à Rome, il marie son fils Caracalla à Publia Fulvia Plautilla, la fille de son ami Caius Fulvius Plautien. Commandant de la garde prétorienne; Plautien a reçu de l'empereur de très importants pouvoirs et une grosse fortune. Il a suivi Septime Sévère dans toutes ses campagnes. Une rumeur circule même, selon laquelle les deux hommes, jadis, auraient été amants. Plautien n'est guère apprécié car, selon Hérodien, "il abusait de ses pouvoirs et n'épargnait ni la cruauté ni la violence dans toutes ses entreprises, et il était devenu plus redoutable que n'importe quel autre responsable politique au monde". La rumeur populaire ajoute qu'il aurait castrer des hommes pour servir d'eunuques à sa fille.

Caracalla hait ce mariage. Il rejette à la fois son épouse et le père de celle-ci. Il refuse de manger, de dormir avec sa femme et menace de la tuer, elle et son père, dès qu'il sera au pouvoir. Trois ans plus tard, le 22 janvier 205, la crise éclate. Là, les récits diffèrent. Selon l'un d'eux, Caracalla aurait persuadé trois centurions de rapporter de fausses informations aux dépens de Plautien : après la fête des ancêtres, juste avant que l'on serve le dîner, ils informent l'empereur que Plautien leur a ordonné, à eux ainsi qu'à sept autres centurions, de l'assassiner, lui et Caracalla. Hérodien affirme, lui, qu'il s'agissait d'un vrai complot et que Plautien aurait bien tenté d'empêcher l'avènement de Caracalla pour s'emparer lui-même de l'empire; mais l'homme engagé pour supprimer l'empereur et son fils serait allé tout raconter à Septime Sévère et à Caracalla. Les deux versions se terminent de la même manière, par l'assassinat de Plautien, dont le corps est jeté à la rue et livré au peuple. Le grand gagnant dans cette affaire est Caracalla, qui s'est débarassé à la fois de son beau-frère et de son épouse, exilée sur l'île de Lipari. Caracalla la fera tuer dès son avènement.

La dernière campagne

La mort de Plautien élimine une cause de troubles à Rome, mais ne règle pas l'antagonisme croissant entre Caracalla et son frère Publius Septimius Geta. Leurs partisans réciproques nourissent et encouragent cette inimitié. Aussi la révolte qui se produit en Bretagne qui oblige Septime Sévère à partir en emmenant ses deux fils en campagne est-elle bienvenue.

Au printemps 208, Septime Sévère, accompagné de l'impératrice et de ses deux fils, quitte Rome pour la Bretagne combattre les Calédoniens qui multiplient leurs attaques contre les deux provinces britanniques.

Le cortège impérial quitte Rome dans les premiers mois de 208. L'empereur, immobilisé par la goutte, se déplace en litière. Mais son implacable volonté ne supporte pas de séjourner dans un lieu plus longtemps que nécessaire. Après une rapide traversée de la Gaule, il s'embarque pour la Bretagne. Sévère décide de régler une fois pour toutes les incessants problèmes frontaliers en conquérant l'île entière. Geta est chargé de la province et de l'administration civile de l'empire, pendant que Septime Sévère et Caracalla franchirent le mur d'Hadrien et conduisent l'armée en Ecosse.

Malade, il entre pourtant en campagne en se faisant porter en litière. Les années 209 à 211 se passent en escarmouches. Malgré tous ses efforts, il ne parvient pas à enlever la décision.

En 209, il élève Geta à la dignité d'Auguste. L'empire est alors gouverné par trois empereurs, dont un est un viellard et les deux autres encore des adolescents.

En 209 et 210, les romains remportent quelques succès. Ils s'enfoncent loin vers le Nord et contraignent leurs adversaires à composer. Mais Septime Sévère, trop âgé, éprouve de plus en plus de difficultés à diriger en personne les opérations. Caracalla, pour sa part, ne s'intéresse pas à cette campagne de Bretagne, dans laquelle il ne voit qu'une simple occasion de gagner la faveur de l'armée. On dit même que Caracalla aurait essayer de poignarder son père dans le dos alors qu'ils chevauchaient côte à côte, à la tête de l'armée. Sévère, alerté par les cris de son entourage, aurait tourné la tête pour voir ce qui se passait. Les cris auraient effrayé Caracalla qui aurait renoncé à son projet.

La mort de Septime Sévère

L'agitation de son âme irritait les douleurs de sa maladie : il souhaitait ardemment la mort; son impatience le fit descendre plus promptement au tombeau : il rendit les derniers soupirs à York (le 4 février 211), laissant la conquête de l'Ecosse inachevé, dans la soixante-sixième année de sa vie, et dans la dix-huitième d'un règne brillant et heureux. Avant d�expirer, il recommanda la concorde à ses fils et à l'armée.

Ses fils interrompent la campagne et retournent à Rome avec l'urne contenant ses cendres. Celles-ci sont déposées dans le mausolée d'Hadrien. Peu après, le sénat décide de diviniser l'empereur. Laissons le mot de la fin à Hérodien (III, 14, 2-3) : "Il avait, durant son existence, acquis plus de gloire militaire que jamais aucun autre empereur, tant il avait élevé de trophées, remportés aussi bien sur ses adversaires dans des guerres civiles que sur ses ennemis dans des guerres extérieures. Il mourut au terme d'un règne de dix-huit ans, laissant à ses jeunes fils et successeurs plus d'argent que n'importe quel autre empereur ainsi qu'une armée invincible."

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