Titus : né le 30 décembre 39 à Rome, mort le 13 septembre 81 à RomeTitre : Imperator Titus Caesar Vespasianus Augustus (24 juin 79 - 13 septembre 81 : 2 ans)Nom
Titus Flavius Vespasianus. NaissanceNé le 30 décembre 39, soit le troisième jour avant les calendes de janvier, sous le règne de Caligula, sa naissance a eu lieu dans un logement misérable, une chambre particulièrement petite et sombre. FamilleVespasien, le père de Titus, se distingue durant l'invasion de la Bretagne. En reconnaissance de ses mérites, son fils Titus bénéficie du rare privilège d'être élevé à la cour impériale. Il y apprend à composer des poèmes en latin et en grec, et écrit même des tragédies grecques. Il étudie également la musique et chante en jouant de la harpe. Il se lie d'une amitié étroite avec Britannicus, le fils de Claude, jusqu'à ce que celui-ci soit empoisonné par Néron. Suétone rapporte que Titus, ayant bu du même breuvage, en est resté longtemps malade. PèreL'empereur Vespasien. MèreFlavia Domitilla. MariageIl se marie d'abord avec Arrecina Tertulla, fille d'un ancien commandant de la garde prétorienne, mais celle-ci décède environ un an après leur mariage. Il épouse ensuite Marcia Furnilla, qu'il répudie après la naissance de leur fille, Julie. Ce mariage est de courte durée en raison de l'implication de la famille de Marcia dans l'opposition à Néron. En 65, après l'échec de la conjuration de Pison, Titus, pris de peur, rompt brutalement les liens avec sa belle-famille en divorçant. Il ne se remarie pas par la suite. De ces unions, il a une ou peut-être deux filles. En juillet 67, après la conquête de la Galilée, il développe une passion intense pour Bérénice, une alliée des Romains, juive et fille aînée d'Hérode Agrippa Ier, née en 28. Le coup de foudre se produit le jour où Vespasien la reçoit avec son frère à Césarée. En 75, le mariage entre les deux amoureux semble imminent. Cependant, l'hostilité entre Juifs et Romains met fin à cette romance. Lorsqu'il accède au trône, Titus est contraint de se séparer de Bérénice, "contre son gré et le sien". Portrait"Dès son enfance, brillèrent en lui les qualités du corps et de l'esprit, qui se développèrent de plus en plus avec le progrès de l'âge : une beauté incomparable faite de majesté non moins de grâce, une vigueur extrême, malgré sa petite taille et son ventre un peu trop proéminent, une mémoire extraordinaire, des dispositions presque pour tous les arts militaires et civils. Il était très habille à manier les armes et les chevaux, capable, soit en latin, soit en grec, de faire un discours ou de composer des vers avec une facilité qui allait jusqu'à l'improvisation; la musique elle-même ne lui était pas étrangère, car il chantait et jouait de la lyre d'une façon agréable et suivant les règles de l'art. Je tiens de plusieurs personnes qu'il avait aussi l'habitude de sténographier avec une vitesse extrême, car il s'amusait à concourir avec ses secrétaires, et d'imiter toutes les écritures qu'il voyait, ce qui lui fait dire souvent "qu'il aurait pu être un excellent faussaire" (Suétone) CursusTitus se forge un titre d'héritier en suivant les traces de son père, en l'accompagnant dans ses missions et en collaborant étroitement avec lui. Il se distingue comme tribun militaire en Germanie et en Bretagne de 61 à 63. Questeur en 65, il est nommé de 66 à 69 légat de la légion XV Apollinaris, sous les ordres de son père. A la tête de cette légion, il s'empare de Tarichées et de Gamala, deux des plus importantes forteresses de Judée. Au cours d'un combat, il voit son cheval tué sous lui et prend celui d'un ennemi qu'il vient de vaincre. Vespasien le valorise en tant qu'agent et négociateur de confiance. Après l'assassinat de Galba, Titus rallie Mucien, le gouverneur de Syrie, à la cause des Flaviens et collabore avec lui et d'autres à orchestrer le coup d'Etat de Vespasien. Lorsque Vespasien est proclamé empereur le 1er juillet 69, Titus est nommé César. En 69, après son accession au trône impérial, Vespasien charge Titus de finaliser la pacification de la Judée. Titus s'acquitte de cette mission en capturant Jérusalem durant l'été de l'année 70. De retour à Rome en juin 71, il est immédiatement perçu comme l'héritier de Vespasien. Associé au gouvernement de l'empire, il reçoit la puissance tribunitienne et l'imperium proconsulaire. Il occupe plusieurs fonctions importantes : censeur en 73-74, il est responsable du dernier recensement officiel des citoyens romains. Entre 70 et 79, il est nommé sept fois consul, un record pour quelqu'un d'autre que l'empereur, et est acclamé Imperator à quatorze reprises sous le règne de Vespasien. De 71 à 79, il est aussi nommé préfet du prétoire. La trahison des prétoriens envers Galba a probablement motivé Vespasien à placer à leur tête un homme de confiance. Toutefois, il y a aussi une autre raison : Titus utilise sa position de commandant de la garde pour réaliser des opérations secrètes pour le compte de son père, y compris l'élimination des opposants. Dies imperii : 23 juin 79L'héritier impopulaireTitus est perçu comme insensible et cruel; il acquiert également une réputation de libertin, participant à des orgies nocturnes et s'entourant de troupes de favoris et d'eunuques. Sa cruauté et son intempérance sont craintes, lui qui étend ses festivités jusqu'au milieu de la nuit avec ses compagnons les plus débauchés. On l'accuse également de rapacité, car il est connu pour monnayer la justice dans les affaires relevant de la juridiction de son père. Finalement, beaucoup croient et disent ouvertement qu'il pourrait être un nouveau Néron. La passion que Titus nourrit pour la reine Bérénice, membre de la famille royale de Judée, est vue d'un très mauvais oeil par les Romains. L'antipathie des Romains envers les monarques orientaux est si prononcée que Titus ne fait pas venir sa maîtresse à Rome avant 75. Pendant un temps, Titus et Bérénice cohabitent ouvertement dans le palais impérial, mais l'hostilité envers Bérénice devient si intense que Vespasien ordonne à son fils de la renvoyer en Judée. Titus s'exécute et refusera même de la revoir lorsqu'elle reviendra à Rome après la mort de Vespasien. Il agissait davantage comme l'assistant de son père Vespasien que comme un corégent. Il gérait les affaires quotidiennes, rédigeait des lettres, des édits et lisait les discours de l'empereur au Sénat. Cependant, c'était Vespasien qui prenait toutes les décisions majeures. Titus a partagé le triomphe avec son père, a été censeur à ses côtés et a été son collègue dans l'exercice de la puissance tribunicienne ainsi que dans sept consulats. Il prenait en charge la gestion de toutes les affaires de Vespasien et assumait également la préfecture du prétoire, un rôle jusque-là uniquement tenu par un chevalier romain. Un bon empereurAprès la mort de Vespasien, Titus devint empereur sous le titre d'Auguste, à l'âge de trente-huit ans et demi. Les soldats le considéraient comme un des plus courageux, les commandants le jugeaient très compétent, et son caractère agréable lui attirait de nombreux amis. Toutefois, son penchant pour les festins et les spectacles, sa rigueur en tant que préfet du prétoire, et l'assassinat de Caecina suscitaient des craintes. Malgré ces appréhensions, son règne relativement court de deux ans, deux mois et vingt jours lui permit de se forger l'une des réputations les plus honorables parmi les empereurs romains, grâce aux enseignements de son père. Titus avait été préparé par Vespasien qui l'avait associé au pouvoir impérial. De son vivant, Vespasien lui avait conféré le titre d'imperator (dans le sens de triomphateur et non comme prénom), ainsi que celui de César, et lui avait octroyé la censure, la puissance tribunitienne, la préfecture du prétoire et sept consulats. Devenu empereur à un âge mûr, riche d'expérience et assagi par ses excès passés, Titus n'avait plus qu'une passion : le bien public. Dès son avènement, il écarta ses compagnons de débauche et avait, déjà du temps de son père, sacrifié ses sentiments pour la reine juive Bérénice, en la renvoyant en Orient pour apaiser les préjugés romains. En accédant au grand pontificat, il promit de ne pas verser de sang et respecta cet engagement : aucun citoyen ne mourut sur son ordre pendant son règne. Confronté aux complots continus qui menaçaient Vespasien, celui-ci avait conservé certains outils de l'ancienne tyrannie, comme les délateurs et les suborneurs de témoins, sans toutefois les utiliser. Tius, quant à lui, les fit châtier sévèrement, les condamna à l'exil ou les vendit comme esclaves. Il démantela également le système de délation en refusant d'accueillir les accusations de lèse-majesté, en interdisant l'incrimination d'un acte sous plusieurs lois et en accordant la prescription aux défunts, interdisant ainsi de porter atteinte à leur mémoire après un délai qu'il détermina. Titus offrit au peuple, qui ne demandait ni titres ni postes, des festivités somptueuses pour célébrer l'inauguration du Colisée, avec des jeux qui s'étirèrent sur cent jours, une naumachie, des combats de gladiateurs, et l'exhibition de cinq mille animaux sauvages. Depuis une plateforme érigée dans le théâtre, il distribuait des boules de bois à la foule, chacune renfermant un bon pour de la nourriture, des vêtements, des vases en or et argent, des esclaves, des équipages ou même des troupeaux entiers. Il inaugura de nouveaux thermes publics et y invita la population à se baigner en sa présence. Soucieux de restaurer une certaine grandeur populaire lors des célébrations, il témoigna un grand respect envers les citoyens, interagissant avec eux au théâtre, affirmant que tout se déroulerait selon leurs désirs et non les siens, et que les spectateurs n'avaient qu'à exprimer leurs souhaits pour qu'ils soient immédiatement exaucés. Une phrase célèbre illustre bien sa générosité : « Ô mes amis ! » soupirait-il un soir où il n'avait rien offert, « ô mes amis ! J'ai perdu ma journée ! » L'éruption du Vésuve submergea Herculanum, Pompéi et Stabies, une épidémie décima des milliers de Romains, et un grand incendie ravagea le Capitole, la bibliothèque d'Auguste et le théâtre de Pompée pendant trois jours. Suite à cet incendie, il promit de prendre en charge toutes les pertes publiques et utilisa les ornements de ses palais pour restaurer et embellir les temples. Pour accélérer les rénovations, il confia les travaux à de nombreux chevaliers. En Campanie, il dépêcha des consuls munis de fonds substantiels, et attribua les biens des victimes décédées sans héritiers aux survivants du désastre. A Rome, il prit en charge la réparation complète des dommages et, pour financer les travaux, il vendit les mobiliers du palais impérial. Il se lança immédiatement dans la reconstruction du temple de Jupiter Optimus Maximus, dévasté par le feu. Pour apaiser et divertir le peuple, il organisa d'opulents jeux en 80. Malgré les tragédies qui touchent Rome et la Campanie, l'empereur continue de répondre aux besoins des provinces et des frontières. En Bretagne, la conquête de l'Ecosse avance, constituant la principale opération militaire de cette période. Par ailleurs, le règne est troublé par l'épisode du "faux Néron" : en Asie Mineure, Terentius Maximus, qui ressemble à Néron tant par son apparence que par sa voix, et qui, tout comme lui, joue de la lyre en chantant, parvient à rallier des partisans. Toutefois, lui et ses partisans sont rapidement forcés de fuir au-delà de l'Euphrate pour chercher asile chez les Parthes. Malgré les intrigues et les tentatives de Domitien, son frère, pour soulever les armées et s'échapper de la cour, il ne parvint pas à se résoudre ni à le faire exécuter, ni à se séparer de lui. Il continua de le traiter avec autant de considération qu'auparavant, le proclamant son collègue et son successeur à l'empire dès le début de son règne. Parfois même, en privé, il suppliait Domitien, les larmes aux yeux, de lui rendre enfin son affection. Une mort soudaineSon règne, d'une durée de seulement vingt-six mois, s'étendit du 23 juin 79 au 13 septembre 81, prenant fin alors qu'il avait quarante-deux ans. En route pour visiter ses terres en Sabine, Titus fut soudainement pris d'une fièvre violente qui ne tarda pas à éteindre tout espoir de survie. Dès la première étape de son voyage, la fièvre s'empara de lui. Il poursuivit son chemin en litière, tirant les rideaux autour de lui. On dit qu'il leva les yeux au ciel, les larmes aux yeux, et exprima son désarroi face à cette mort injuste. "Pourquoi dois-je mourir si tôt ?" se lamenta-t-il, ajoutant qu'il n'avait qu'un seul regret dans sa vie, dont la nature demeure inconnue. Les citoyens de Rome le pleurèrent "comme s'ils avaient perdu l'un des leurs". Il rendit son dernier souffle dans la même villa que son père, le jour des ides de septembre. Certains auteurs ont suggéré que Domitien aurait empoisonné Titus, mais Suétone, habituellement enclin à accepter ce genre de rumeurs, ne soutient pas cette thèse. Selon les médecins de Titus, rapportant à Plutarque, la cause du décès du prince fut des bains pris de manière inappropriée. Avant même d'être convoqué par édit, le sénat se réunit en urgence. Les portes de la Curie étaient toujours closes; il les fit ouvrir et rendit au prince défunt plus d'éloges et de remerciements qu'il n'en avait reçu de son vivant. |
