Valens : né vers 328 à Cibalae (Pannonie), mort le 9 août 378 (~50 ans) à Andrinople (Thrace)

(26 mars 364 - 9 août 378 : 14 ans, 4 mois et 14 jours)

Nom

Valens co-empereur
Valens

Flavius Valens

Naissance

En hiver 328, à Cibalae en Pannonie.

Famille

Il est le frère de Valentinien.

Mariage

Son épouse Domnica est la fille du patrice Petronius, préfet de Rome en 345-346. Elle lui donne un fils, Galate qui meurt subitement dans les premiers mois de l'année 372.

Portrait

D'après Ammien Marcellin, Valens manque de prestance et de culture. C'est un demi-barbare qui ne parle pas le grec. De plus, il ne possède aucune des qualités qui font les grands militaires, mais il sait faire respecter la discipline. Administrateur de maisons et de palais avant son accession au pouvoir, personne ne sait mieux que lui éplucher des comptes. Enfin, et ce n'est pas peu, il est fidèle en amitié.

Cursus

A la mort de Jovien, Valens occupe le rang de protector. A Nicomédie, le 1er mars 364, Valentinien le nomme tribun des écuries. A Constantinople, le 28 mars, il le présente à l'armée, le fait acclamer Auguste, lui remet la pourpre impériale et le diadème.

Dies imperii : 28 mars 364

Règne

En étroite collaboration avec son frère Valentinien, Valens gouverne l'empire jusqu'au début du mois de juin, date du partage de l'empire. Maître de l'Orient, il s'installe d'abord à Constantinople, puis à Antioche, lorsque le conflit avec les Perses réclame sa présence sur le limes mésopotamien.

Sur le plan intérieur, s'il n'augmente pas les impôts, Valens aggrave, par contre, la condition des petits paysans. Après avoir perdu leurs terres qu'ils ont dû céder aux grands propriétaires pour payer leurs impôts, ces petits paysans perdent encore leur liberté. Constatant que l'Etat n'est plus à même de les défendre, Valens les place sous la dépendance et la protection directes de ces grands propriétaires qui se sont emparés de leurs terres. Cette évolution sociale annonce déjà le seigneur et le serf du Moyen Age.

Sur le plan religieux, il abandonne très vite sa politique de tolérance. Arien, il déclenche une véritable guerre de religion en soutenant les chrétiens ariens contre les chrétiens orthodoxes qui gagnent, chaque jour, davantage de terrain sous la conduite de leurs leaders, Basile de Césarée, Grégoire de Naziance et Grégoire de Nysse. Ces trois évêques donnent à la théologie sa première systématisation et sa première formulation classique. C'est ainsi que, le 5 septembre 370, il fait brûler vifs sur un bateau quatre-vingts prêtres catholiques qui refusent de reconnaître le nouvel évêque de Constantinople, l'arien Démophile de Bérée. Le 2 mai 373, à la mort d'Athanase, l'évêque métropilique d'Alexandrie, le célèbre pourfendeur des ariens, Valens place de force sur son trône, son rival Lucius.

Sur le plan militaire, dès 365, Valens doit faire front à deux graves événements :

- Les Goths, une nouvelle fois, franchissent le Danube et envahissent l'empire.

- Procope, que l'empereur Julien aurait désigné, en 363, comme son successeur, usurpe le pouvoir à Constantinople.

Afin d'avoir les mains libres pour affronter les Goths, Valens cherche d'abord à étouffer la rébellion de Procope. Il n'y parvient que le 27 mai 366.

Puis, durant une année, il prépare sa campagne contre les Goths. Au printemps 367, il est prêt. Avant son départ, il se fait baptiser par l'évêque arien Eudoxe. Il installe son quartier général à Marcianopolis en Thrace. De là, il refoule les Goths en Transylvanie et en 369, il leur inflige une défaite, certes, mais pas assez sévère pour les bloquer définitivement. Il peut cependant leur imposer, en automne 369, un traité qui leur est très défavorable. Parce qu'Anthanaric, le chef goth, refuse de s'abaisser à venir traiter en territoire romain, cet accord est signé sur un radeau, au milieu du Danube. Les Goths acceptent de ne plus recevoir de subsides de la part des romains et s'engagent à ne plus franchir le Danube. La frontière leur est pour ainsi dire fermée. Ils ne peuvent plus commercer avec les romains que par deux ponts.

Mais Valens n'a pas résolu ce problème, qu'un nouveau lui est posé par les Perses. Et combien difficile ! Il met sept ans pour le résoudre, et encore pour le résoudre mal. Il choisit Antioche pour capitale afin d'être plus proche du théâtre des opérations. De 370 à 377, c'est un long et difficile bras de fer qu'il remporte finalement. Mais il est obligé de brader sa victoire en leur abandonnant l'Ibérie (Georgie) et l'Arménie, car, une nouvelle fois, une fantastique poussée des peuples de l'Eurasie menace la frontière du Danube, réclamant d'urgence sa présence. Les Huns, refoulent devant eux les Alains, lesquels pressent les Taifales et les Sarmates contre la frontière de l'empire, menaçant de la faire éclater.

Une partie des Wisigoths négocie avec Valens l'autorisation de s'établir en Thrace. Après de longs pourparlers, l'empereur accepte, avec l'arrière-pensée que ces barbares lui fourniront les soldats dont il a besoin. Plus de cinquante mille d'entre eux, à l'automne 376, traversent le Danube, vers Silistrie, sur un pont de bateaux construit par les Romains. C'est la première fois qu'un peuple entier s'installe dans l'empire. Affamés, ces barbares sont exploités par les chefs militaires. Ceux-ci vendent des vivres contre de l'or ou contre leurs enfants qu'ils réduisent en esclavage. Ne pouvant supporter une telle situation, ces Wisigoths s'adonnent alors au pillage et au brigandage, si bien que Valens doit envoyer deux armées pour les refouler vers le Danube. Mais en vain ! Des Ostrogoths, des Alains et des Huns se joignent à ces "desperados". Ensemble ils forcent les passages des Balkans, envahissent la Thrace. La Macédoine et la Grèce sont à leur portée. La situation de l'empire d'Orient devient dramatique.

Valens arrive à Constantinople le 30 mai 378. Il doit quitter la ville, dix jours plus tard, sous les huées de la foule paniquée de voir les Goths ravager les faubourgs et rôder aux pieds des murs de leur ville.

Le 9 août 378, à Andrinople, son armée livre bataille à ces barbares déchaînés. Le désastre est total. L'armée romaine est anéantie par la cavalerie gothique. Valens y perd son honneur et sa vie. On ne retrouve pas son cadavre. Il disparaît, semble-t-il, dans l'incendie de la maison dans laquelle il s'est réfugié.

La défaite d'Andrinople marque le commencement de la fin de l'empire universel de Rome.

Sur le plan religieux, par contre, la mort de Valens provoque l'effondrement de l'arianisme qu'il soutenait.

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