Valérien : né vers 195; mort en 260 en PerseTitre : Imperator Caesar Publius Licinius Valerianus Pius Felix Invictus Augustus (août 253-260)Les numismates distinguent l'empereur Valérien du César Valérien, son petit-fils, fils de Gallien et frère de Salonin, en accolant au premier le chiffre de I et au second le chiffre de II. Nom
Publius Licinius Valerianus. Naissancevers 193. FamilleValérien appartient à l'une des plus anciennes et des plus nobles familles romaines, la gens Licinia. MariageIl épouse Egnazia Mariniana. Elle lui donne un fils, Gallien. Elle décède, semble-t-il, avant l'avènement de son mari au trône impérial. CursusLa carière civile et militaire que poursuit Valérien tout au long de sa vie le mène jusqu'aux portes du pouvoir. Trajan Dèce fait de lui son principal collaborateur. Il lui confie même l'organisation intérieure de l'empire, en 249, pendant qu'il va combattre les Goths sur le Danube. En 253, Valérien assure le commandement des légions du Rhin et du Haut Danube. Elles le proclament empereur, lorsque Trébonien Galle lui donne l'ordre de marcher contre Aemilien qui cherche à usurper le pouvoir. Celui-ci revêt la pourpre impériale, après avoir défait Trébonien Galle et son fils Volusien. Valérien marche alors contre lui. La rencontre a lieu à Spolète, le 22 octobre 253. Mais les troupes d'Aemilien, en infériorité numérique, refusent le combat. Elles abandonnent leur chef après l'avoir tué, et se rallient à Valérien. Dies imperii : 22 octobre 253RègneAprès la mort d'Aemilien, Publius Licinius Valerianus devient le maître incontesté du monde romain. Le sénat le reconnait avec enthousiasme aussitôt après sa victoire sur Aemilien. Valérien est l'un des leurs. Il se rend à Rome et s'attelle à la lourde tâche de ramener l'ordre dans l'empire. Il est âgé de cinquante-huit ans, son fils de quarante ans. Il associe immédiatement à l'exercice du pouvoir une force jeune, son fils Gallien, alors âgé d'environ 35 ans, en le nommant coempereur. Il lui confie la direction de la partie occidentale de l'empire, tandis qu'il prend le commandement de la partie orientale. L'ampleur des tâches est telle que l'idée de la partition de l'empire s'impose de plus en plus aux esprits avertis. La priorité absolue de Valérien va au rétablissement de la situation en Syrie, où de nombreuses cités importantes, à commencer par Antioche, ont été mises à sac lors de l'invasion perse de Shapur Ier. En 254, l'empereur arrive à Antioche (sans doute déjà abandonnée par les troupes perses). Il passera les dernières années de sa vie en Orient. Pour avoir restauré l'ordre dans les provinces orientales, Valérien est gratifié des titres de Restaurateur de l'Orient et de Restaurateur du genre humain. Il commence par mater la révolte d'Uranius Antoninus, roi prêtre d'Emèse, qui s'est proclamé empereur après avoir vaincu les troupes perses qui attaquaient la ville. Les guerres civiles de 253 ont aggravé une situation déjà fragile sur les frontières du Nord et de l'Est, en y prélevant des troupes pour combattre en Italie. En 256, il essuie un grave revers contre les Goths de Crimée. L'atelier monétaire d'Antioche camoufle cette défaite en victoire en sortant, au début 257, une monnaie portant les mots de Victoria Germanica. La lutte contre les barbares qui se pressent de plus en plus nombreux aux frontières et celle qu'il entreprend à l'intérieur de l'empire pour freiner une inflation galopante, requiert des moyens financiers considérables. Aussi, pour remplir les caisses du Trésor, Valérien promulgue, en 257 et 258, à l'instigation de son ministre des finances, M. Fulvius Macrianus (Macrien), deux édits très durs contre les chrétiens, s'ils persévèrent dans leur refus de la religion traditionnelle de l'Etat. Il les frappe avant tout dans leurs biens personnels et dans ceux de leur église en les confisquant. Cette nouvelle persécution vise avant tout quatre catégories de chrétiens : les responsables de l'Eglise (les évêques, prêtres, qui doivent être exécutés sur-le-champ); les responsables civils (les sénateurs et les chevaliers que l'on frappe de la dégradation et de la confiscation de leurs biens); des matrones auxquelles on confisque aussi leurs biens; et enfin les Caesariani, c'est-à-dire les employés du palais et des domaines impériaux, qui voient aussi leurs biens confisqués. De nombreuses exécutions ont lieu dont celles du pape Sixte II, à Rome, le 6 août 258, du diacre Laurent, le 10 août, de l'évêque de carthage Cyprien, le 14 septembre. A Utique, le 24 août 258, trois cents chrétiens, s'il faut en croire Prudence, sont précipités dans la chaux vive... Cette persécution se prolonge jusqu'en 260, jusqu'à la mort de l'empereur. Entre 253 et 256, l'empire subit une triple invasion. En Occident, en 253-254, les Francs et les Alamans envahissent la Gaule. Les Francs percent le limes, détruisent Metz, saccagent Reims et Paris. Les Alamans franchissent la frontière entre Mein et Jagst et ravagent les régions d'Osterburken, Ladenburg et le Palatinat. Au même moment, les Goths envahissent la Dacie, puis, en 256, l'Asie Mineure, qu'ils mettent à feu et à sang. Ils franchissent le Pont-Euxin, s'emparent de Trébizonde et forcent le détroit du Bosphore. En 257-258, ils se mettent à piller les villes du littoral de l'Asie-Mineure : Calcédoine, Nicée, Apamée, Pruse, Nicomédie... C'est le moment que choisit Shapur I, le roi des Perses, pour se jeter sur l'Arménie, clé du système de défense de l'empire en Orient. Il bat, à Barbalissos, une armée romaine de soixante mille hommes. Puis il dévaste la Syrie, la Cappadoce, prend les villes de Nisibée, Dura Europos, Carre, et finalement Antioche que lui livre le déserteur Mareades Kyriades. Celui-ci pousse sa traîtise jusqu'à se proclamer Auguste. Face à cette série de désastres qui ébranlent l'empire sur ses bases, Valérien se doit de réagir, et vite. En 259, il tente la contre-offensive. Il part de Samosate, en compagnie du préfet du prétoire Ballista et de Macrien, son ministre des Finances. Il s'attaque d'abord aux Perses qui évacuent Antioche. Au début de l'année 260, l'armée de Valérien, qui soutient un nouvel assaut des Perses, est décimée par la peste et assiégée dans Edesse. Il débloque Edesse et poursuit Shapur Ier malgré l'épuisement de son armée et la peste qui la décime plus sûrement que les flèches de son ennemi. Il s'efforce de dégager ses troupes en négociant et accepte fort imprudemment l'invitation de Shapur à venir en personne, avec une escorte réduite. Le souverain perse les fait tous prisonniers. Outre Valérien, il y a là le préfet du prétoire, des grands dignitaires et des sénateurs. Valérien ne sera jamais relâché et finira ses jours comme esclave. Il est astreint à participer avec les autres soldats capturés en même temps que lui, à la construction d'une fameuse digue que les Perses élèvent à Gundeshahpur. On ne sait si la capture de Valérien est due à une défaite ou à une trahison. Mais c'est la première fois qu'un empereur romain est fait prisonnier. L'événement provoque une émotion considérable dans tout l'empire. Les chrétiens, bien entendu, y voient une juste punition de Dieu. Shapur contraint l'empereur, déjà relativement âgé, à s'accroupir pour lui servir de marchepied lorsqu'il monte à cheval. Après avoir fait subir les pires outrages au viel empereur, il le fait mettre à mort en 260 (?). Après sa mort, on écorchera la peau de l'infortuné et on la teintera en vermillon avant de la placer dans un temple perse où elle servira d'avertissement aux futures délégations romaines. Pour les auteurs chrétiens, cette fin ignominieuse est une preuve de la colère divine. Le Perse croit que la route est désormais libre pour ses conquêtes. Il reprend l'offensive, rentre à Antioche, s'avance jusqu'en Cilicie, mais là, il est arrêté par Macrien et Ballista. Obligé de faire retraite, il est battu par Odénathe, prince de Palmyre, qui se décerne le titre de roi et crée à l'intérieur de l'empire romain un royaume indépendant. Quoi qu'il en soit, le règne de Valérien est le plus troublé et le plus malheureux qu'il y ait eu depuis la fondation de l'empire, et la capture de ce souverain par les Perses a failli faire vaciller tout l'édifice. DixitLes écrivains chrétiens se complaisent à raconter qu'après la mort de Valérien, son corps fut empaillé, teint en rouge et suspendu au plafond d'un temple. |
