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Vespasien : né le 18 novembre 9, mort le 24 août 79 à Aquae Cutiliae

Titre : Imperator Caesar Vespasianus Augustus (22 décembre 69 - 23 juin 79 : 9 ans et demi)

Nom

Vespasien
Vespasien

Titus Flavius Vespasianus.

Naissance

Il est né le 17 novembre de l'an 9 dans le petit village de Falacrines, situé au-delà de Réate (Rieti). Il a été élevé par sa grand-mère paternelle Tertulla à Cosa, en Toscane.

Famille

D'après Suétone, Titus Flavius Petro, citoyen du municipe de Réate, avait été centurion ou soldat d'élite du parti de Pompée, pendant la guerre civile. Il prit la fuite à la journée de Pharsale, et se retira chez lui. Là, ayant obtenu son pardon et son congé, il se fit receveur des enchères.

Sa famille est donc issue du monde de la finance.

Père

L'ancêtre de Vespasien avait été centurion dans les légions de Pompée lors de la bataille de Pharsale. Son père n'avait guère progressé davantage dans l'armée, mais, en tant que percepteur de l'impôt du quarantième en Asie, il fit preuve d'une telle intégrité que plusieurs villes lui érigèrent des statues portant l'inscription : "Au receveur intègre". Vespasien ne renia jamais ses origines et raillait ceux qui prétendaient qu'il descendait d'un compagnon d'Hercule. Devenu empereur, il aimait visiter les lieux de son enfance. Il ordonna que rien ne soit modifié dans la modeste maison où il avait grandi, et lors des fêtes solennelles, il buvait toujours dans une petite coupe en argent que sa grand-mère lui avait offerte.

Il termina sa carrière en tant que prêteur sur gages à Avenches, en Helvétie, où il décéda, laissant derrière lui sa veuve, Vespasia Polla, et leurs deux fils : l'aîné, Sabinus, qui devint préfet de Rome, et le cadet, Vespasien, qui accéda à l'empire.

Mère

Vespasia Polla provenait d'une famille respectable de Nursie. Son père, Vespasius Pollion, avait servi trois fois en tant que tribun militaire.

Epouse

En 39, il se maria à Flavia Domitilla, fille de Flavius Liberalis, qui avait été greffier d'un questeur et qui avait été la maîtresse de Statilius Capella, un chevalier romain originaire de Sabrate en Afrique Tripolitaine.

Il eut trois enfants de cette union : Titus, Domitien, et Domitilla, également connue sous le nom de Flavia Domitilla, qui décéda avant que son père n'accède à l'empire. Flavia Domitilla n'était pas le premier amour de Vespasien. � la mort de celle-ci, il renoua avec Cénis, son ancienne maîtresse.

Cénis, qui fut la secrétaire d'Antonia (fille de Marc Antoine et mère de Claude), exerça une grande influence sur Vespasien. Une fois devenu empereur, il la traita comme sa femme légitime.



Cursus

Sous le règne de Tibère, Vespasien commença sa carrière en tant que tribun militaire en Thrace. Lors de sa questure, il se vit attribuer par tirage au sort la province de Crète et Cyrénaïque. Candidat à l'édilité puis à la préture, il ne réussit à obtenir l'édilité qu'après plusieurs échecs, et ce, en sixième position, tandis qu'il fut premier pour l'accès à la seconde province. Il occupa la fonction de préteur sous Caligula.

Sous le règne de Claude, grâce à l'influence de Narcisse, Vespasien fut envoyé en Germanie comme légat de légion. Il se rendit ensuite en Bretagne en 43, où il commanda la légion "Augusta". Il mena trente combats, soumit deux peuples puissants, vingt villes, et l'île de Wight (Vectis), tantôt sous le commandement d'Aulus Plautius, lieutenant consulaire, tantôt sous celui de Claude lui-même. Pour ces faits d'armes, il reçut les ornements triomphaux, deux sacerdoces, et fut nommé consul pour les deux derniers mois de l'année 51. Douze ans plus tard, il fut envoyé par tirage au sort comme proconsul en Afrique où il se distingua par son intégrité et sa rigueur, revenant de sa province moins riche qu'à son départ, au point qu'il fut contraint, bien qu'il fût consul et triomphateur, de commercer des chevaux pour subsister. Néron l'emmena lors de son voyage en Achaïe, où Vespasien risqua sa vie en s'endormant pendant que l'empereur chantait. La nécessité d'un général compétent mit fin à sa disgrâce quand les Juifs vainquirent le lieutenant consulaire de Syrie et capturèrent un aigle. Avec Corbulon mort et Suetonius Paulinus oublié en Moesie, Néron rappela Vespasien fin 66 et lui confia le commandement de trois légions contre les Juifs. Il commença par rétablir la discipline, donnant l'exemple en refusant ni les fatigues ni les dangers. Toujours en première ligne, il fut blessé au genou lors du siège d'une ville. Ses compétences, l'aide dévouée de son fils Titus et du père de Trajan furent décisives; les Juifs, battus, furent repoussés à Jérusalem, et son nom fut célébré dans tout l'Orient où les Grecs avaient propagé leur animosité contre les Juifs. En 68, alors que Vespasien était sur le point de prendre Jérusalem, Néron fut assassiné. Après sa mort, il reconnut successivement Galba, Othon et Vitellius. Cependant, lorsqu'il lut à ses troupes le serment et les voeux pour ce dernier, le silence des soldats indiqua leur refus de continuer à accepter les chefs imposés par d'autres armées.

Plusieurs facteurs ont fortement contribué au succès de l'entreprise : tout d'abord, la diffusion large d'une lettre, authentique ou supposée, d'Othon à Vespasien, dans laquelle, avant de mourir, il lui confiait la tâche de le venger et de secourir l'empire; ensuite, la rumeur selon laquelle Vitellius envisageait de changer les quartiers d'hiver des légions, projetant de déplacer celles de Germanie vers l'Orient pour leur garantir un service plus clément et plus paisible.

Les gouverneurs des provinces orientales avaient les mêmes intérêts que leurs troupes. Mucien, qui commandait quatre légions en Syrie, aurait pu revendiquer l'empire face à son collègue; cependant, une telle division aurait été préjudiciable à tous les deux, et il eut la sagesse de le reconnaître. De plus, les soldats étaient enclins à soutenir Vespasien, dont un des fils commençait déjà à montrer des talents prometteurs. Mucien, sans famille, n'avait que sa propre carrière à considérer; il jugea plus sûr de créer un empereur en imposant ses conditions, plutôt que de tenter de le devenir lui-même.

Jusqu'alors opposé au commandant des légions de Judée, il se réconcilia avec lui et proposa de le reconnaître comme leader. Le préfet d'Egypte, complice de leur projet, promit deux légions; certains soldats de Moesie avaient même déjà placé son image sur leurs étendards, et il était envisageable que les légions de l'Illyricum, ayant été vaincues à Bédriac sans avoir combattu, salueraient celui qui vengerait Othon et défendrait leurs intérêts. Ils disposaient de flottes, de nombreux auxiliaires, de l'amitié de Vologèse, et des oracles prédisaient qu'à cette époque, un maître du monde émergerait de la Judée. C'est dans ce contexte que Vespasien retourna à Rome, précédé d'une immense renommée. Après avoir triomphé des Juifs, il cumula huit consulats en plus de ceux qu'il avait déjà obtenus et prit également en charge la censure.

Dies imperii : 1er juillet 69

Vespasien empereur

Le 1er juillet 69, il est proclamé empereur à Alexandrie par le préfet d'Egypte. Deux jours plus tard, l'armée de Judée le salue en tant qu'empereur, et Mucien fait immédiatement prêter serment à ses légions. Le 22 décembre, le sénat lui octroie tous les pouvoirs impériaux et lui accorde le titre d'Auguste. En l'honneur des troupes et de leur nouveau chef, il n'est pas question d'offrir un donativum extraordinaire, car les fonds manquaient pour les préparatifs. Des réquisitions durent être imposées aux provinciaux. Il fait frapper des monnaies à son effigie dans l'atelier monétaire d'Antioche, où il réside, utilisant cet argent pour financer l'armement et assurer la loyauté de ses légions. Mucien et d'autres, notamment les rois alliés d'Edesse, de Commagène et d'Iturée, donnent tout ce qu'ils possèdent, voyant dans ces contributions des investissements prometteurs. Cependant, comme l'ajoute Tacite, tous n'ont pas eu, contrairement à Mucien, le droit et la possibilité de se rembourser.

Il fut convenu d'envoyer des députés en Arménie et chez les Parthes afin de sécuriser la paix aux frontières. Titus, le fils aîné de l'empereur, serait chargé de soumettre Jérusalem. Vespasien devait isoler l'Afrique en prenant le contrôle d'Alexandrie et de Carthage, privant ainsi Rome de ses approvisionnements. Mucien se verrait confier la tâche de marcher sur l'Italie et d'emmener avec lui les légions du Danube. Des messages urgents seraient également envoyés pour secouer les Gaules, tester la loyauté incertaine des armées de Bretagne et d'Espagne, et redonner espoir aux prétoriens. Les sept légions de l'Illyricum, comprenant trois légions en Moesie et deux en Pannonie et en Dalmatie, n'attendirent pas Mucien et agirent sous l'impulsion dynamique d'Antonius Prunus, un légat légionnaire au caractère difficile mais au courage et à la détermination notables, capable de commander et de se faire obéir. Les chefs des Sarmates Jazyges furent recrutés pour défendre le Danube, et deux rois des Suèves, Sidon et Italicus, se joignirent à Primus lorsqu'il traversa les Alpes Juliennes à la tête de la cavalerie et des vexillaires, malgré les ordres de Vespasien.

Vespasien à Rome

Vespasien arrive à Rome en octobre 70 et préfère résider dans les Jardins de Salluste plutôt qu'au palais impérial du Palatin. Tout au long de son règne, et bien qu'il passe chaque été à Réate, Vespasien reste à proximité de Rome. Suétone décrit son quotidien : il se lève avant l'aube chaque jour, consacrant la première partie de la journée à des rencontres avec des amis et des fonctionnaires, ainsi qu'à la lecture de rapports. Ensuite, il se promène en litière, puis fait la sieste, souvent en compagnie de l'une de ses concubines suite au décès de Cénis. Après sa sieste, il prend un bain puis dîne.

Il accéda au pouvoir à soixante ans, un âge où l'on ne change généralement plus ses habitudes. Il n'avait jamais été attiré ni par le jeu ni par la débauche, et préservait sa santé grâce à un régime frugal, jeûnant même un jour par mois. Sa vie était simple et assidue; devenu empereur, il consacrait une partie de ses nuits aux affaires. Au palais impérial, il ne modifia pas ses habitudes et continua de vivre comme un simple citoyen, la porte ouverte à tous, sans rancune ni orgueil. Il dota généreusement la fille de Vitellius, ne prit rien aux héritages des enfants de ses adversaires, et laissa à Mucien, qu'il honora deux fois du consulat, adopter l'attitude d'un collègue plutôt que celle d'un subordonné, sans pour autant faire preuve de faiblesse, même envers son fils Domitien, qu'il maintenait sous étroite surveillance.

Il a également déclaré au Sénat que si ses fils ne lui succédaient pas, personne d'autre ne le ferait. Des projets architecturaux ambitieux ont été lancés pour promouvoir la nouvelle dynastie à Rome. Le plus célèbre d'entre eux est l'amphithéâtre flavien (le Colisée), construit sur l'emplacement de l'ancien lac ornemental de la Maison dorée de Néron. Vespasien a aussi achevé le grand temple du divin Claude sur le Caelius.



Gouverner l'empire

Il accepta seulement très tardivement de recevoir la puissance tribunitienne et le titre de père de la patrie.

Ses dix années de règne ont apporté une stabilité à l'empire, précédemment déchiré par la guerre civile. Vespasien comprend les exigences de la situation et les mesures nécessaires pour y répondre.

Il réinstaura le principat et limita l'armée à ses fonctions strictement militaires. Pour ce faire, il réduisit par exemple le nombre de cohortes prétoriennes qui, pendant la guerre civile, avaient joué un rôle clé dans l'ascension et la chute des empereurs. Il licencia une grande partie des troupes de Vitellius et en disciplina le reste. Plutôt que d'octroyer immédiatement des faveurs extraordinaires à ceux qui avaient contribué à sa victoire, il les fit attendre longtemps avant de leur attribuer les récompenses méritées. Il positionna des légions en Cappadoce pour contrer les incursions continuelles des Barbares et nomma un gouverneur consulaire à la place d'un chevalier romain.

Il consolide l'autorité impériale et réduit l'influence souvent préjudiciable des affranchis en encourageant l'avancement des membres de l'ordre équestre au sein de l'administration.

Il restaure le rôle du Sénat en tant que co-dirigeant et l'épure de ses éléments les plus douteux. Pour combler les lacunes laissées par ses prédécesseurs, il y intègre des membres de l'aristocratie italienne et provinciale.

En politique intérieure, il met en oeuvre une série de mesures visant à restaurer la normalité dans l'empire.

Dans son effort de restauration, il intégra le culte officiel, suivant l'exemple d'Auguste, et tenta de raviver des passions qui s'essoufflaient. Les inscriptions que nous pouvons encore lire aujourd'hui le célèbrent comme le restaurateur des rites anciens, des cérémonies religieuses et des édifices sacrés. L'un des temples qu'il construisit était dédié à une divinité peu commune, Claude, mais Claude avait été l'artisan de sa fortune.

Vespasien n'était pas amateur de spectacles, particulièrement ceux des gladiateurs, et dans tout l'empire, il n'autorisa que les Ephésiens à instaurer de nouveaux jeux. Cependant, il intensifia les travaux de construction. A peine de retour dans sa capitale, il se lan�a dans ces projets avec tant d'ardeur que, en quelques mois, les rues de Rome, auparavant rendues impraticables par les tumultes de l'époque, furent remises en bon état. Cette même attention fut portée aux provinces. Il rénova les aqueducs, augmenta les sources alimentant les fontaines de Rome et, pour éliminer les ruines laissées par le grand incendie de Néron, il permit à quiconque de s'approprier les terrains vacants pour y construire, si les propriétaires originaux ne le faisaient pas.

Les travaux de reconstruction du Capitole, commencés sous ses ordres, avançaient lentement; à son retour, il prit part lui-même à l'effort, en déblayant les décombres et en portant des pierres sur ses épaules, incitant ainsi chacun à participer au travail.

Auguste avait érigé deux autels à la paix; Vespasien construisit un temple où il déposa les dépouilles précieuses de Jérusalem. Ce temple de la paix, inauguré en 77, fut détruit sous Commode, et il semble que Constantin y ait substitué sa basilique. Pour affirmer ses intentions pacifiques, ce vieux général ferma pour la sixième fois les portes du temple de Janus.

Il ajouta un forum entouré de colonnades aux forums existants et commença, au coeur de la ville, la construction de l'immense amphithéâtre, encore largement debout aujourd'hui, pouvant accueillir quatre-vingt-sept mille spectateurs sur ses gradins gigantesques. Une statue colossale, initialement élevée par Néron mais consacrée au Soleil par Vespasien, donna son nom au Colisée. Il étendit également le pomoerium, un droit conféré par ses victoires.

En Italie, il ordonna le percement d'un tunnel sous une montagne afin de rendre la voie Flaminienne plus accessible. Il tenta également de mettre fin aux empiétements continus des particuliers sur les domaines publics, notamment les vespasiennes. Dans les provinces, il finança de sa propre poche la reconstruction de villes dévastées par des tremblements de terre ou des incendies; il fit construire des routes sans importuner les riverains, érigea des monuments utiles et résolut les conflits territoriaux entre les peuples.

Suétone lui a adressé une critique qui a marqué sa réputation, l'accusant d'une avarice sordide et répréhensible. Cependant, les nominations qu'il a effectuées sont reconnues comme excellentes : en Bretagne, il a choisi Cerialis, Frontinus et Agricola, que Tacite qualifie de grands hommes; en Asie, Silius Italicus, qui, selon Pline, y a acquis une grande gloire. On note également qu'il a préparé la voie pour la fortune de Trajan et des Antonins, et il a honoré le consulat en nommant le célèbre jurisconsulte Pegasus. Il ne manquait jamais une occasion de réformer les moeurs.

Il est reconnu qu'établir un budget précis pour l'empire est impossible et que, selon toute vraisemblance, ses ressources n'étaient pas abondantes. Les empereurs peu scrupuleux palliaient cette insuffisance financière en utilisant la loi de majesté, mais Vespasien refusait de "régler ses comptes à la manière de Caligula et de Néron" (il n'était pas en faveur de la loi de majesté et ne l'appliquait pas sévèrement aux accusés). Bien que Vespasien ait été nommé imperator trois fois en 71 et trois fois l'année suivante, nous ne connaissons pas en détail ses campagnes militaires. Dès le début de son règne, avant même de gagner Rome, Vespasien fait face à une double insurrection sur le limes rhénan : celle des Bataves sous la conduite de Civilis et celle des Gaulois menés par Classicus, un membre influent de la noblesse locale. En 70, il mobilise huit légions et de nombreux corps auxiliaires pour rétablir l'autorité romaine sur le Rhin. La transformation de la Cappadoce en province impériale proconsulaire dotée de nombreuses garnisons pour contrer les incursions et l'extension de son influence sur les Barbares au-delà du Borysthène, ainsi que la capture à Rome de Velléda, la prophétesse des Bructères, et les victoires de Cerialis sur les Brigantes et de Frontinus sur les Silures, telles que rapportées par Tacite, attestent des efforts vigoureux de Vespasien pour réaffirmer le respect du nom romain que les deux années d'anarchie avaient fortement érodé. Ces campagnes, bien que fructueuses, représentaient encore une source considérable de dépenses.

Vespasien annonça un jour aux sénateurs que 4 milliards de sesterces, voire 40 milliards selon une autre estimation, étaient nécessaires pour remettre de l'ordre dans l'administration. Il s'attaqua résolument à cette tâche de rénovation, réinstaurant les impôts que Galba avait supprimés, en introduisant de nouveaux et en augmentant ceux déjà existants dans les provinces. Le cadastre qu'il fit établir permit de révéler de nombreuses terres et personnes qui échappaient à l'impôt ou n'étaient pas inscrites sur les registres fiscaux. Il veilla à ce qu'elles soient recensées, ce qui permit de doubler le tribut de plusieurs provinces. Face à la prodigalité irr�fléchie de Néron concernant les immunités, Vespasien les supprima et créa de nouvelles provinces augmentant ainsi l'assiette fiscale au profit du trésor. Ces mesures, caractéristiques d'un homme d'Etat, visaient à générer les ressources nécessaires pour couvrir les dépenses essentielles.

Au même moment, la révolte juive que Néron avait chargé Vespasien de mater continue de secouer la Judée. Ce soulèvement populaire avait débuté en 66 suite aux pillages, aux exactions et à la cruauté du procurateur Gessius Florus. Les Juifs offrent une résistance si acharnée aux troupes de Cestius Gallus, gouverneur de la province de Syrie, à laquelle la Judée est rattachée, que Néron se voit contraint d'envoyer trois légions supplémentaires. Vespasien, à la tête de ces renforts et plus tard nommé empereur, confie à son fils Titus la responsabilité de conclure cette mission. Titus met cinq mois à capturer et à détruire Jérusalem et son temple en juillet 70. Jérusalem restera en ruines jusqu'en 132, année où Hadrien entreprendra de construire une nouvelle ville, une sorte de colonie romaine nommée Aelia Capitolina, d'où les Juifs seront exclus. Un tiers de la population juive meurt durant cette révolte. Le reste se disperse massivement.

En Bretagne, de 71 � 79, il charge ses généraux de continuer la pacification et la conquête de l'île. Les armées romaines avancent ainsi jusqu'en Ecosse.

En politique extérieure, il bloque l'avancée des barbares pour deux siècles en conquérant les Champs Décuriates et en construisant en 74 une route qui améliore les communications entre les régions rhénane et danubienne. Sur le Rhin, il consolide la ligne de fortifications établie sur la rive droite par Claude.

En Orient et en Afrique, il réalise un travail similaire de défense et de fortification de l'empire.

La mort et la postérité

Il est l'un des premiers empereurs dont la mort naturelle est certaine. Vespasien, approchant la fin de sa carrière laborieuse à l'âge de soixante-neuf ans, se trouvait dans sa petite maison dans le territoire de Reate lorsqu'il sentit venir la mort. "Je sens que je deviens dieu", déclara-t-il à ses proches, ironisant sur son apothéose imminente. A ce moment, du moins, il ne portait guère de respect pour les présages. Lorsqu'on lui parla d'une comète comme d'un signe infaillible, il répliqua : "Cela concerne le roi des Parthes qui est chevelu, et non pas moi qui suis chauve", montrant ainsi un scepticisme teinté de superstition. Jusqu'à ses derniers instants, il s'occupa de manière virile; il reçut des députations, donna des ordres et s'occupa de toutes les affaires. Confronté à une défaillance, il affirma : "Un empereur doit mourir debout". Tentant de se lever, il expira dans cet ultime effort le 23 juin 79.

Le premier empereur issu de la plèbe n'a pas eu d'historien dédié, mais deux mots de son biographe résument bien sa réputation : "rem publicam stabilivit et ornavit" - il affermit et embellit l'Etat. Pline ajoute également : "La grandeur et la majesté n'ont eu d'autre effet sur lui que de rendre sa capacité à faire le bien égale à son désir de le faire." Soulignons que cet empereur, porté au pouvoir par les légions, a été plus sage que Trajan, qui sera davantage loué : il a tout misé sur la paix et rien sur la guerre.

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