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Vitellius : né le 24 septembre 15, mort le 22 décembre 69 à Rome

Titre : Aulus Vitellius Germanicus Imperator Augustus (19 avril - 22 décembre 69 : 8 mois)

Nom

Vitellius
Vitellius

Aulus Vitellius. Sur certaines monnaies, il est surnommé Germanicus, ce qui suggère que Vitellius cherchait à établir un lien avec la dynastie Julio-Claudienne.

Naissance

Le 7 (ou le 24) septembre de l'année 12 ou 15, le huitième jour avant les calendes d'octobre, ou selon d'autres sources, le septième jour avant les ides de septembre, durant le consulat de Drusus César et de Norbanus Flaccus.

Famille

On savait seulement que son grand-père était un chevalier romain de Nucérie et procurateur d'Auguste. Cependant, son père avait occupé le poste de censeur et était, sous le règne de Claude, la deuxième personnalité la plus importante de l'empire.

Père

Lucius Vitellius a occupé plusieurs fonctions importantes, y compris celles de consul et de gouverneur de Syrie. En l'an 43, il a même administré l'empire au nom de l'empereur Claude, pendant que ce dernier menait une campagne en Bretagne.

Mère

Sextilia venait d'une famille très respectée, et ses vertus étaient largement louées. Toutefois, beaucoup suspectaient son fils de l'avoir fait mourir pendant une maladie en lui refusant toute nourriture, parce qu'une voyante lui avait prédit que son pouvoir ne serait solide et durable que s'il outrepassait la vie de sa mère.

Enfance

Vitellius a passé son enfance et sa jeunesse à Caprée (Capri), entouré des prostituées de Tibère, et a toujours été marqué par l'infamie du surnom de "Spintria", selon Suétone.

Mariage

Il épousa Petronia, fille d'un consul, avec qui il eut un fils nommé Petronianus, qui était borgne. Après son divorce, il se remaria avec Galeria Fundana, fille d'un préteur. On raconte qu'il fit mourir son fils de Petronia, en l'accusant de parricide, afin de s'approprier l'héritage laissé par sa mère. Le fils qu'il eut avec Galeria Fundana souffrait d'un bégaiement si sévère qu'il ne pouvait pas parler. Alors que cet enfant était encore en bas âge, à Lyon et devant toute l'armée assemblée, Vitellius le revêtit du manteau de commandement, le décora de tous les insignes impériaux, et le souleva à bout de bras pour le présenter à ses soldats, le nommant Germanicus.



Portrait

Vitellius, un homme imposant avec un visage marqué par l'alcool et un embonpoint notable, est surtout célèbre pour son appétit insatiable. Lors d'un repas, pour satisfaire sa faim et celle de ses invités, son frère prépare neuf mille poissons parmi les plus raffinés et sept mille oiseaux. Vitellius lui-même crée un plat extravagant appelé le bouclier de Minerve, qui contient des foies de carrelets, des cervelles de faisans et de paons, des langues de phénicoptères et des laitances de lamproies. Lors d'un sacrifice, il ne peut s'empêcher de consommer une partie des offrandes destinées à l'autel. Il est également connu pour son tempérament violent; pour des broutilles, il dépouille, exile ou condamne à mort.

Cursus

Elevé à Capri aux côtés de Tibère et favori de Caligula, Vitellius n'avait jamais pris part à un conflit militaire. Il fut consul durant les six premiers mois de l'année 48, puis proconsul d'Afrique de 60 à 62. A travers les deux hautes fonctions qu'il avait exercées, celle de proconsul d'Afrique où il s'était forgé une réputation d'intégrité, et celle d'intendant des travaux publics où il avait la réputation d'un pillard effronté, il était accusé d'avoir volé des offrandes dans plusieurs temples de Rome et remplacé l'or et l'argent par du cuivre et de l'étain. Vinius, ayant gagné ses faveurs en soutenant la faction des bleus au cirque, le recommanda pour commander les légions turbulentes de Basse-Germanie en décembre 68. Vitellius ne s'était illustré par aucun fait d'armes. Cela pourrait expliquer pourquoi il fut choisi par Galba, qui semble avoir gravement sous-estimé la personnalité et les ambitions de l'homme qu'il avait désigné. Galba justifia son choix en affirmant que les personnes les moins dangereuses étaient celles qui ne pensaient qu'à manger.

La révolte éclate le 1er janvier 69, quand les légions de Germanie supérieure refusent de renouveler leur serment d'allégeance à Galba et proclament Vitellius empereur à Cologne. Deux jours après, l'armée de Germanie inférieure se soulève également et soutient Aulius Vitellius. Peu après, la Gaule, la Bretagne et la Rétie se rallient à leur cause. Apprenant l'assassinat de Galba le 15 janvier 69, Vitellius décide de marcher sur Rome pour affronter Othon, que les prétoriens ont installé sur le trône impérial.

A cette période, l'empire romain disposait de trente légions, sans compter un nombre similaire d'auxiliaires organisés en alae et en cohortes, ce qui constituait plus d'un tiers de l'ensemble des forces militaires impériales, et incluait certaines des unités les plus prestigieuses qui participaient à la révolte. Les soldats les plus âgés et certains auxiliaires furent maintenus dans les camps le long du Rhin pour sécuriser la frontière contre les Germains. Les forces actives étaient divisées en trois armées : la première, comptant quarante mille hommes sous le commandement de Valens, avait pour mission de pénétrer en Italie via les Alpes Cottiennes; la seconde, forte de trente mille hommes sous Caecina, devait franchir les Alpes Pennines; et Vitellius était à la tête de la troisième. Les Germains et les Belges fournirent rapidement des renforts auxiliaires, tandis que Cologne, Langres et Trèves offraient des hommes, des chevaux, des armes et des fonds. Un élan guerrier se manifestait à travers la Gaule-Belgique, comme si elle était sur le point de retrouver sa liberté.

Vitellius venait juste de quitter la Belgique lorsqu'il apprit la victoire à Bédriac. Dès lors, il ne traversa les villes qu'en char de triomphe et navigua sur la Saône à bord de barques regorgeant des fastes des festins les plus somptueux. La discipline faisait défaut, tant parmi les gens de service que parmi les soldats, et il se moquait ouvertement de leurs violences et de leurs pillages. Arrivé dans la plaine de Bédriac quarante jours après la bataille (le 25 mai), et voyant certains reculer d'horreur devant les cadavres en décomposition, il lança une phrase devenue célèbre : "Le cadavre d'un ennemi sent toujours bon". Il progressa lentement vers Rome, dévastant villes et campagnes sur son chemin, accompagné non pas tant d'une armée que d'une vaste foule : soixante mille soldats, dont trente-quatre cohortes auxiliaires, plus un grand nombre de serviteurs, bouffons, acteurs de toutes sortes, et cochers, avec lesquels il partageait ses rares moments libres, non consacrés aux banquets ou à son lourd sommeil. A sept milles de Rome, ses soldats attaquèrent la foule venue à leur rencontre; et dans la ville même, leur accoutrement étrange, leurs longues piques et les peaux de bêtes qui les couvraient suscitèrent curiosité et terreur, et ils tuaient pour la moindre altercation ou le moindre regard.

Un notable suspect, Cornelius Dolabella, fut égorgé pendant son sommeil; plus tard, Vitellius aurait contraint un autre, Junius Blesus, à s'empoisonner. Suétone affirme que Vitellius réglait ses dettes en envoyant ses créanciers à la mort. Lorsque deux fils implorèrent la clémence pour leur p�re, ils furent exécutés avec lui.

Vitellius conserve de nombreux fonctionnaires de l'ère d'Othon et accorde son pardon à Salvius Titianus, le frère d'Othon, qui avait occupé une position clé dans le gouvernement précédent. En guise de récompense pour les légionnaires de Germanie, Vitellius leur attribue les postes au sein de la garde prétorienne et des cohortes urbaines de Rome, après avoir renvoyé leurs membres précédents.



Dies imperii : 2 janvier 69

La révolte flavienne

Après la mort de Néron, Vespasien a reconnu successivement Galba, Othon et Vitellius. Cependant, lorsqu'il présenta à ses troupes le serment et les voeux pour ce dernier, le silence des soldats révéla clairement leur refus de continuer à accepter les chefs imposés par d'autres armées.

Le 1er juillet 69, Vespasien est proclamé empereur à Alexandrie par le préfet d'Egypte. Deux jours plus tard, l'armée de Judée le reconnaît comme tel, et Mucien, commandant quatre légions en Syrie, fait immédiatement prêter serment à ses troupes. En l'honneur des troupes et de leur nouveau chef, aucun donativum extraordinaire n'est distribué en raison du manque de fonds pour les préparatifs. Des réquisitions sont imposées aux provinciaux. Mucien donne tout ce qu'il possède et d'autres suivent son exemple, voyant dans leur contribution un investissement prometteur en cas de victoire.

Il fut décidé d'envoyer des députés en Arménie et chez les Parthes pour sécuriser la paix aux frontières. Titus, le fils aîné de l'empereur, fut chargé de soumettre Jérusalem. Vespasien devait contrôler l'Afrique en occupant Alexandrie et Carthage pour affamer Rome, tandis que Mucien marcherait sur l'Italie, entraînant les légions du Danube. Des messages urgents devaient également être envoyés pour agiter les Gaules, ébranler la loyauté incertaine des armées de Bretagne et d'Espagne et laisser espérer aux prétoriens leur réint�gration. Les sept légions de l'Illyricum, comprenant trois légions en Moesie, deux en Pannonie et autant en Dalmatie, déjà décidées, n'attendirent pas Mucien et prirent l'initiative sous la direction énergique d'un légat légionnaire, Antonius Primus, commandant de la sixième légion de Pannonie. Cet homme, de moralité douteuse mais soldat courageux et résolu, capable de commander et de se faire obéir, ainsi que Cornélius Fauscus, procurateur impérial en Illyrie, menèrent l'avancée.

Ils commandent environ trente mille hommes, soit la moitié des troupes que Vitellius contrôle en Italie. Antonius Primus traverse l'Adige, désormais sans défense, et atteint Bédriac en deux jours. Déterminé à porter un coup décisif avant que les provinces transalpines ne réagissent et que les Germains, menaçant d'envahir par la Rhétie, n'arrivent, il envoie dès le premier jour une reconnaissance robuste vers Crémone, qui, à huit milles de Bédriac, tombe sur deux légions ennemies et les met en déroute vers la ville. Six autres légions y entrent à ce moment, après une marche de trente milles en une journée. Sans prendre le temps de se reposer après cette longue marche, elles traversent la ville et le camp retranché pour attaquer. Primus décide d'agir rapidement avant que Vitellius ne puisse solliciter des renforts de Germanie. Il positionne ses troupes au Sud de Bédriac, presque au même endroit que les Othoniens six mois plus tôt. La seconde bataille de Crémone, qui commence le 24 octobre et se termine le lendemain, se solde par une victoire écrasante pour les Flaviens. Les vainqueurs chassent leurs adversaires jusqu'à Crémone et prennent le camp de la ville. Pendant quatre jours, les troupes flaviennes se livrent à la destruction, brûlant, tuant et pillant dans une rage destructrice qui choque tous ceux qui en entendent parler.

Vitellius décide d'abdiquer pour préserver sa vie. Face à cette décision, soldats et citoyens expriment leur désaccord, refusant de le voir abandonner ainsi. Lorsqu'ils voient Vitellius se diriger vers la demeure de son frère, ils s'opposent à ce qu'il se retire dans une résidence privée. Ils lui crient que sa place est au palais, là où il doit se rendre, et bloquent toutes les rues, ne lui laissant ouverte que la Voie Sacrée menant au Palatin. Vitellius s'y résigne et retourne au palais.

La pseudo-abdication de Vitellius pousse Titus Flavius Sabinus, le frère aîné de Vespasien, à agir avec quelques alliés pour prendre le contrôle de la ville. Lorsqu'il est attaqué par les soldats de Vitellius, Sabinus se réfugie sur le Capitole. Le conflit est bref : quelques courageux tombent au combat, la majorité s'enfuit assez tôt pour échapper à l'encerclement, bien que certains revendiquent plus tard l'honneur d'avoir lutté pour Vespasien et le Capitole. D'autres s'évadent en se mêlant aux Vitelliens après avoir appris leur mot de passe. Domitien, quant à lui, passe incognito, vêtu d'une robe de lin, parmi les sacrificateurs et trouve refuge pr�s du Vélabre chez un client de son père. Pendant ce temps, assis à la table de Tibère, Vitellius observe le combat. On lui amène Sabinus et le consul Quintus Atticus; il tente de les sauver. Malgré ses supplications, la foule lynche Sabinus; il parvient néanmoins à aider le consul à s'échapper.

Pendant que ces meurtres avaient lieu, un incendie ravageait le Capitole, et le temple de l'empire était englouti par les flammes.

Sur la foi du traité en cours de négociation, l'armée de Vespasien s'était arrêtée à Otriculum. Mais lorsque les nouvelles des événements survenus à Rome leur parvinrent, elle se mit rapidement en marche vers la capitale : Antonius conduisit l'infanterie par la voie Flaminienne, tandis que Petilius Cerialis mena la cavalerie par la via Sataria. Un revers subi par ce dernier dans les faubourgs enflamma l'enthousiasme de la population romaine, qui s'arma de tout ce qu'elle pouvait trouver et accourut bruyamment aux remparts. Vitellius, bien moins confiant, malgré la nouvelle que son frère avait réprimé un soulèvement en Campanie, se rendit à la curie. Là, faute de meilleure solution, il fut décidé d'envoyer une délégation aux Flaviens pour plaider en faveur de la paix et de la concorde. Vitellius alla jusqu'à dépêcher les Vestales, porteuses d'une lettre dans laquelle il demandait un jour pour conclure les négociations. Antonius accueillit les vierges sacrées avec de grands égards, mais continua sa progression jusqu'au pont Milvius. Là, il tenta de retenir ses troupes, espérant éviter un affrontement à l'intérieur de Rome. Cependant, la perspective d'une victoire éclatante excita trop les soldats, qui entraînèrent leurs chefs à poursuivre l'attaque.

Plusieurs affrontements sanglants se déroulèrent, notamment dans les jardins de Salluste, au Champ de Mars, et surtout au camp de la garde prétorienne qui fut attaqué selon les règles de l'art militaire avec des formations en tortue, des machines de siège, des terrassements et l'usage du feu. Les prétoriens d'Othon étaient particulièrement déterminés, cherchant à reconquérir la position lucrative que leur avaient prise les prétoriens de Vitellius. Aucun des prétoriens de Vitellius n'implora la clémence lors de l'assaut du camp et aucun n'aurait été épargné de toute façon. Ce conflit était, comme l'ensemble de la guerre, davantage une rivalité entre soldats qu'entre empereurs.

Une partie de la population soutenait les Vitelliens, tandis qu'une autre observait la bataille depuis les toits des maisons, comme si elle assistait à un spectacle de gladiateurs. Cependant, la ville était trop vaste pour que les combats s'étendent partout. Dans les quartiers encore épargnés par la violence, la vie quotidienne se poursuivait, chacun vaquant à ses occupations habituelles ou � ses plaisirs.

Les soldats semi-barbares, parcourant la ville en conquérants, commencèrent par tuer au hasard. Lorsque les rues furent jonchées de cadavres et que le sang eut teinté de rouge les places publiques et les sols des temples, ils fouillèrent les maisons à la recherche des légionnaires venus du Rhin. Etre grand et jeune suffisait pour être considéré comme un soldat des légions germaniques et être immédiatement exécuté. Après le carnage, vint le pillage : des individus dénonçaient les riches, des esclaves trahissaient leurs maîtres, tués sous prétexte d'être des partisans de Vitellius, avant que leurs biens ne soient saccagés. Dion et Josèphe rapportent plus de cinquante mille morts lors de ces événements.

Deux jours plus tard, le 20 décembre, l'armée flavienne réussit à atteindre Rome. Vitellius se rend alors à la maison de sa femme sur l'Aventin, envisageant initialement de fuir vers la Campanie. Cependant, il change d'avis et retourne au palais, qu'il découvre désert. Il attache autour de sa taille une ceinture remplie d'or et revêt des habits sales. Ensuite, il se dissimule dans la loge du portier, attache le chien devant la porte et obstrue l'entrée avec un lit et un matelas. Il ne faut pas longtemps aux soldats de l'armée ennemie pour le découvrir. Ils le traînent jusqu'au forum, presque nu, où il est torturé avant d'être exécuté. Son corps est ensuite jeté dans le Tibre.

La mort de Vitellius

Vitellius ne fut pris qu'assez tard. "Quand il avait su les Flaviens dans la ville, il s'était échappé par les derrières du palais, avec son cuisinier et son boulanger, et s'était fait porter en litière sur l'Aventin, dans la demeure de sa femme, d'où il espérait se sauver en Campanie. Là, pris encore d'incertitude, il retourne au palais, dont le silence et la solitude l'épouvantent. Après avoir erré partout misérablement, il se réfugie dans la loge du portier, attache le chien devant la porte et la barricade avec un lit et un matelas. Quelque temps après, les Flaviens arrivent et le tirent de sa retraite; il les supplie de lui laisser la vie, dût-on le garder en prison, parce qu'il avait des secrets importants à révéler à Vespasien. Mais on le traîne le long de la voie Sacrée vers le Forum, demi nu, les mains liées derrière le dos, la corde au cou, les vêtements déchirés, au milieu des insultes et des outrages; les uns lui tiraient la tête en arrière par les cheveux; les autres lui relevaient le menton avec la pointe d'un glaive, pour le forcer à montrer son visage, à regarder ses statues renversées, et le lieu où avait péri Galba. Ceux-ci lui jetaient de la boue; ceux-là l'appelaient ivrogne et incendiaire. On lui reprochait jusqu'à ses défauts corporels, car il avait le visage rouge et bourgeonné par l'abus du vin, le ventre gros, une jambe plus faible que l'autre. On le poussa ainsi jusqu'aux Gémonies, où il fut déchiqueté à petits coups d'épée; puis, avec un croc, on traîna au Tibre ces lambeaux palpitants (Tacite)". (21 décembre 69). Il fut le dernier des empereurs d'origine patricienne.

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