Nerva : né le 8 novembre 30 à Narni, mort le 27 janvier 98 à RomeTitre : Imperator Nerva Caesar Augustus (18 septembre 96 - 27 janvier 98 : 16 mois)Nom
National Roman Museum Marcus Cocceius Nerva. NaissanceLe 8 novembre de l'an 30, à Narnia en Ombrie, située à 80 kilomètres au Nord de Rome. FamilleFils d'un riche avocat romain, il est issu d'une famille dont plusieurs membres ont occupé des postes élevés. Son arrière-grand-père a été consul en 36, et au siècle suivant, sa famille continue de fréquenter les hautes sphères de la cour. A l'époque de sa naissance, son grand-père fait partie de l'entourage impérial. Du côté maternel, un lien distant est établi avec la famille Julio-Claudienne. Sa tante, quant à elle, est l'arrière-petite-fille de Tibère. PèrePrêtre salien, questeur et préteur sous Néron, puis consul en 71 sous Vespasien et en 90 sous Domitien, il choisit de s'exiler volontairement à Tarente en 93, durant le règne de ce dernier empereur. Il préfère s'éloigner plutôt que de vivre à proximité d'une personne qu'il ne peut pas supporter. MariageOn ne sait pas s'il s'est marié, mais il est certain qu'il n'a pas eu d'enfants. PortraitJuriste et juge respecté, il est reconnu pour son intégrité et sa modestie malgré sa grande fortune. De nature discrète et peu ambitieuse, il souffre d'une santé particulièrement fragile, au point de vomir presque tous les aliments qu'il consomme. Dies imperii : 16 ou 18 septembre 96RègneLe jeune Nerva suit les pas de son père et de son grand-père en occupant diverses fonctions officielles. Il s'adapte habilement aux évolutions du régime imp�rial et atteint des positions élevées. Il reçoit des honneurs particuliers pour avoir aidé Néron à déjouer la conjuration de Pison en 65. En 71, l'empereur Vespasien le choisit comme consul, fonction qu'il occupe en même temps que l'empereur. En 90, c'est l'empereur Domitien qui le nomme consul à ses côtés. La faveur constante dont bénéficie Nerva sous ces différents règnes témoigne de sa respectabilité. Le complot qui visait Domitien s'est révélé avoir de multiples ramifications dès sa réalisation. Tout avait été soigneusement préparé : les Pères consuls proclamèrent Marcus Cocceius Nerva, un vieillard issu d'une famille ayant atteint à trois ou quatre reprises le rang consulaire et qui avait lui-même reçu les honneurs du triomphe. Le choix de Domitien était plutôt inattendu. Cet homme bon, érudit, aux manières douces, voire souples, ne s'était pas distingué par de grands talents ou des services remarquables malgré ses deux consulats (?). Rien ne semblait justifier cette préférence, sauf peut-être ses soixante-cinq ans (Dion dit soixante-cinq ans; Aurelius Victor, soixante et un; Eusèbe, Eutrope et Cassiodore, soixante et onze), son estomac fragile et sa santé précaire, qui laissaient aux ambitieux le temps de se positionner sans craindre une trop longue attente. Dion Cassius note qu'il fut sollicité par les conspirateurs responsables de l'assassinat de Domitien et qu'il accepta uniquement parce que sa propre vie était menacée par l'empereur. Pour eux, ce sénateur de soixante-six ans semblait être un candidat idéal pour une transition impériale. Dès que la nouvelle de l'assassinat de Domitien le 18 septembre 96 est connue, le sénat proclame Nerva empereur. Ce meurtre déchaîne les énergies jusque-là réprimées par la tyrannie des dernières années du règne de Domitien. Dion Cassius, dont le compte rendu succinct est la principale source d'information sur Nerva, décrit une atmosphère agitée durant les premiers mois de son règne. Domitien, détesté par le sénat, voit sa mort ouvrir la voie au mécontentement général : ses statues sont renversées, ses arcs de triomphe démolis, et ses nombreux informateurs exécutés, tandis que tous ceux qui avaient été exilés reçoivent une amnistie. Au Sénat, on exigea le retour des exilés avec la restitution des biens que le fisc n'avait pas encore confisqués, une mesure qui fut adoptée sans opposition. On réclama également le châtiment des délateurs, ce qui suscita une vive réaction contre eux. Plusieurs furent exécutés, parmi lesquels le philosophe Sevas, bien que ceux-ci fussent des personnages de moindre importance. Cependant, des figures bien plus influentes siégeaient au Sénat. Un certain Crassus, qui prétendait appartenir à la famille du triumvir, complota contre ce prince qui se contentait d'être le premier des sénateurs et aspirait à être davantage un père qu'un maître pour l'empire; Nerva, cependant, se limita à l'exiler à Tarente. Un préfet du prétoire incita les gardes à réclamer la mort des assassins de Domitien. Nerva, saisi de peur, trembla au lieu de prendre des mesures; il supplia qu'on épargne ceux que les prétoriens avaient condamnés, s'offrant même comme victime à leur place, mais sans parvenir à les sauver. Une fois le meurtre perpétré, il excusa les soldats en attribuant cette violence à un excès de zèle pour le serment prêté au fils de Vespasien. Les prétoriens chuchotaient entre eux, incertains de l'issue d'une révolution qu'ils n'avaient pas déclenchée et qui renversait le prince responsable d'une forte augmentation de leur solde. Nerva se rendit dans leur camp, et la promesse d'un donativum sembla les calmer. Quant aux légions stationnées aux frontières, peu concernées par l'identité du souverain mais très attachées à sa générosité, elles ne semblent pas avoir vacillé dans une loyauté que nul ne cherchait à ébranler. Cependant, la situation échappe vite à tout contrôle, et le vieux Nerva peine grandement à ramener l'ordre. On raconte alors que si, sous Domitien, nul n'avait la liberté d'agir à sa guise, sous Nerva, c'est pire encore, car chacun fait ce qui lui plaît. Une sérieuse menace vient mettre en péril cet élan prometteur. Elle n'est pas d'ordre militaire. Pourtant, pour les prétoriens et l'armée, un empereur qui n'est pas un homme de guerre ne mérite pas ce titre. Dès l'annonce de son accession au trône impérial, des signes de troubles émergent aux frontières. Sur le Rhin, la légion XXI Rapax se révolte et incendie Strasbourg; sur le Danube, la légion VII Claudia manifeste son agitation; depuis la Syrie, des rumeurs font état d'une tentative de sécession. Pendant une année, l'empire traverse une crise similaire à celle qui l'avait profondément ébranlé après la mort de Néron, en 68-69. Les détails précis de ces événements nous échappent largement. Cependant, il apparaît que Nerva est vite dépassé et mis hors jeu par les militaires. Un pronunciamiento semble se dessiner à l'horizon. En réalité, Nerva ne réalisa qu'une seule action notable, mais elle fut suffisante pour asseoir sa réputation : il adopta Trajan. Confronté à la brutalité des prétoriens ainsi qu'à des troubles sur le Danube et le Rhin, il décida, en octobre 97, de s'associer un collègue. Suivant les conseils de Licinius Sura - que Trajan, par la suite, combla d'honneurs et éleva à un rang comparable au sien -, il porta son choix sur le plus compétent de ses généraux. Ce dernier devait restaurer une discipline fragilisée et offrir à la république un prince inébranlable, imperméable à toute pression. Ce général de talent était incontestable, tant pour les prétoriens que pour les légions, qui d'ailleurs s'abstinrent de toute opposition. Trajan, à la tête de l'armée la plus redoutable de l'empire, voyait les lauriers affluer depuis la Pannonie, après une victoire sur les Suèves qui valut à Nerva le titre de Germanicus - titre qu'il transmit à Trajan lors de son adoption. Nerva alla d�poser ces lauriers au Capitole, sur les genoux de Jupiter, et, en invoquant les dieux et les hommes comme témoins, il proclama qu'il faisait de Trajan son fils. Par cette décision, Nerva établit une nouvelle norme de succession. Contrairement à l'adoption du meilleur au sein d'une même famille, défendue par Auguste mais discréditée par Tibère, Caligula, Claude et Néron, et à l'hérédité directe promue par Vespasien mais entachée par Domitien dans les dernières années de son règne, Nerva privilégie l'adoption du meilleur individu au sein de l'ensemble de l'empire. L'adoption de Trajan, qui pourrait être interprétée comme un coup d'Etat masqué plutôt qu'une décision prise de plein gré, a néanmoins offert au vieil empereur la possibilité de passer ses derniers mois dans la sérénité. Cet acte lui a permis de laisser dans les mémoires l'image d'un homme bienveillant et affable, dont le règne fut marqué par une félicité remarquable. Le Sénat tient Nerva en si haute estime qu'il lui attribue le titre de Pater Patriae (Père de la Patrie) dès le début de son règne, alors que d'autres empereurs durent patienter des mois, voire des années, pour obtenir cette distinction. Aux yeux de la postérité, son geste le plus marquant reste la consécration, début 97, du forum de Rome qui porte son nom, le Forum Nervae (également appelé Forum Transitorium). En vérité, ce complexe est largement l'oeuvre de Domitien et était déjà presque achevé lorsque Nerva accéda au pouvoir. Le 28 janvier 98, la mort clôt les seize mois de règne de Néron. Au cours d'un violent accès de colère, il se met à suer abondamment, puis, saisi par la fièvre, il s'éteint peu de temps après. Le Sénat procède à sa divinisation officielle. En signe de révérence, ses cendres sont placées dans le mausolée d'Auguste, à proximité de celles des empereurs julio-claudiens. Une éclipse solaire vient marquer le jour de ses funérailles. |
